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23e dimanche ordinaire A - 4 septembre 2011

 

 

Le respect de l'autre au coeur de la vie ecclésiale

La correction fraternelle : Matthieu 18, 15-20
Autres lectures : Ézéchiel 33, 7-9; Ps 94(95); Romains 13, 8-10

 

Deux annonces par Jésus de la mort violente qui l’attend servent de prélude au texte évangélique proposé à la méditation et à la prière des fidèles en cette fin de semaine.

Le prélude de notre texte

     La première annonce sera suivie d’un déni formulé avec véhémence par Pierre : Non, cela ne t’arrivera pas ! (16, 22), et la deuxième sera suivie d’un constat laconique : Et ils furent profondément attristés (17, 23). Cette deuxième annonce n’est pas aussitôt faite qu’apparaissent les collecteurs du didrachme, taxe annuelle et personnelle pour les besoins du Temple (17, 24-27). Leur présence fournira à Jésus l’occasion de compléter ses deux annonces en regardant le Temple comme une institution caduque, du moins pour ses disciples. On le comprend, si les grands prêtres et les scribes se préparent à le condamner (16, 21), autant profiter de l’occasion du passage de ces collecteurs pour annoncer que ses disciples n’ont plus rien à voir avec cette institution qui se préparent à promulguer sa mort (17, 24-27) !

L’enfant, la nouvelle référence

     À ce moment, poursuit l’évangéliste, les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux? » (18, 1). En d’autres termes, si toi par ta mort prochaine tu nous quittes et si le Temple ne nous est plus d’aucune utilité, qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux auquel nous pourrons nous référer ? Où est-il maintenant ce plus grand ? Où trouverons-nous notre modèle de référence ? Plaçant un petit enfant au milieu d’eux, Jésus leur dit : En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des cieux (18, 3-4). Gommant l’affirmation du tentateur de la Genèse : Vous serez comme des dieux (Gn 3, 5), Jésus pose les bases d’un nouveau type de communauté dans lequel la référence ne sera ni le Temple ni sa propre personne perçue au moment de son existence sur terre comme un Messie temporel. Il veut éliminer dès les débuts les germes pouvant faire de sa nouvelle communauté une institution qui soit à l’image de ce Temple dont l’organisation fortement hiérarchisée a trop souvent servi de tremplin aux ambitions humaines. C’est ainsi qu’en prenant comme modèle l’enfant, les disciples devraient pouvoir écarter toute tentation de prendre la place de celui qui est le seul grand : Dieu. Enfants de Dieu, les disciples ne se prendront pas pour Dieu, ils s’appliqueront au contraire à en devenir les filles aimantes, les fils aimants. En agissant ainsi, ils et elles rendront visible Dieu qui est invisible.

Votre Père qui est aux cieux veut qu’aucun de ces petits ne se perde (v. 14).

     Tel est le verset qui précède notre texte d’aujourd’hui. Essentiel à la compréhension du texte choisi pour ce dimanche, le lecteur ou la lectrice gagnerait à le citer en exergue lors de sa proclamation. Constatant que son frère a commis un péché (18, 15), l’enfant de Dieu ne se prend pas pour Dieu. Il est son frère et non son juge. En cela l’enseignement de Jésus n’est qu’un rappel de l’idéal proposé par le judaïsme, donc bien connu des disciples. Quel est-il cet idéal ?

Va lui parler seul à seul… 

     Quand le livre du Lévitique stipule au chapitre 19, verset 17 : N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, mais n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard, on n’est pas loin du verset 15 de notre évangile : Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. Seul à seul, l’accent porte sur le caractère personnel de cette réprimande. Première précaution : ne pas ameuter toute la communauté!

S’il ne t’écoute pas…

     S’il ne t’écoute pas… Du livre du Lévitique on passe à celui du Deutéronome pour la démarche suivante : Un témoin ne se présentera pas seul contre un homme qui aura commis un crime, un péché ou une faute quels qu’ils soient ; c’est sur les déclarations de deux ou de trois témoins qu’on pourra instruire l’affaire (Dt 19, 15). C’est ce qu’on retrouve dans notre évangile : S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins (verset 16). Pierre Bonnard note que le chapitre 19 du Deutéronome auquel l’instruction se réfère, était déjà « un ensemble de mesures destinées à protéger le pécheur contre l’arbitraire et la précipitation des mesures disciplinaires. » 1

S’il refuse encore d’écouter… 

     Cette troisième étape gagne à être lue attentivement. Là où le Lectionnaire utilise l’expression considère-le, la TOB et la Bible de Jérusalem donnent une traduction plus littérale du texte grec : Qu’il soit pour toi. La phrase se lit ainsi : S’il refuse d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. « Qu’il soit pour toi » et non « qu’il soit pour toute la communauté ou pour tous ». On perçoit chez le rédacteur un souci de protéger le pécheur en n’ébruitant pas l’affaire. Connu de quelques personnes seulement le pécheur ne sera pas évincer définitivement de la communauté mais seulement mis en quarantaine pour être par la suite réintégré si on le juge bon.

Quand deux ou trois sont réunis… je suis là 

     Encadré par : À ce moment les disciples s’approchèrent de Jésus au début et par : Il advint, quand Jésus eut achevé ces discours, le chapitre 18 de Matthieu, dont le Lectionnaire ne nous donne que deux péricopes, constitue une section bien délimitée. Si on embrasse d’un seul regard cette section, on se rendra compte que les deux derniers versets de notre passage sont placés en plein centre de la section, servant à la fois de pivot et d’éclairage de tout le chapitre.

     Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux (Mt 18, 19-20). En effet, toute cette discipline fraternelle ne doit pas être un acte d’administration humaine. Elle doit s’accomplir dans la prière (v. 19). Plus encore, lorsqu’on exerce cette discipline on doit toujours se rappeler qu’on peut compter sur une assistance et une ratification miraculeuse du Seigneur ressuscité. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux (v. 20).

_________________

1 Pierre Bonnard, L'Évangile selon saint Matthieu, Labor et Fides, p. 274.

 

Claude Julien, F.CH.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2280. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Comment trouver Jésus?