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Célébrer la Parole

 

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26e dimanche ordinaire A - 25 septembre 2011

 

 

La fidélité à la parole donnée

Les ouvriers de la onzième heure : Matthieu 21, 28-32
Autres lectures : Ézéchiel 18,25-28; Ps 24(25); Philippiens 2, 1,-11

 

Entre la page d’évangile entendue dimanche dernier (les ouvriers de la onzième heure) et celle que nous proclamons ce dimanche (la parabole des deux fils), plusieurs événements importants ont eu lieu dans la trame de l’évangile de Matthieu. D’abord, au moment de monter à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze (20,17) pour leur annoncer une troisième fois sa passion, sa mort et sa résurrection. Mais, prisonniers de leurs rêves de gloire, les Douze ne comprennent pas. Deux d’entre eux, Jacques et Jean, se servent même de leur mère pour arriver à leur fin. Voilà mes deux fils, dit-elle à Jésus, ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume (20,21). Jésus n’est pas dupe. Plutôt que de répondre à la mère, il s’adresse aux deux fils : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? (20,22) Comme ils se déclarent prêts à cela, Jésus leur promet : Ma coupe, vous y boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder ; il y a ceux pour qui ces places sont préparées par mon Père (20,23). Devant l’indignation des dix autres, Jésus invite à choisir la place du serviteur et de l’esclave.

Adversité croissante

     L’incompréhension des disciples, l’aveuglement provoqué par leur soif de pouvoir est ensuite illustré par la guérison des deux aveugles de Jéricho. Ceux-ci confessent leur foi : Seigneur, aie pitié de nous, fils de David ! (20,31) Mais ce n’est qu’une fois guéris de leur cécité qu’ils peuvent suivre Jésus. Celui-ci entre alors à Jérusalem et aussitôt, il chasse les vendeurs du Temple et se retire à Béthanie (21,12-17). Le lendemain, un autre miracle viendra illustrer le véritable état d’âme des chefs des prêtres et des scribes qui s’indignaient à cause des foules qui acclamaient Jésus lors de son entrée à Jérusalem. En retournant au Temple, Jésus maudit un figuier parce qu’il n’y trouve pas de fruit : “Plus jamais aucun fruit ne viendra de toi. Et à l’instant même, le figuier se dessécha (21,19).

     Les choses ont donc bien changé pour Jésus depuis la parabole des ouvriers de la onzième heure. Non seulement il est entré à Jérusalem pour y vivre sa passion et y donner sa vie, mais il se retrouve de plus en plus isolé. D’une part, les disciples, qui croient en lui et le suivent, sont aveugles. D’autre part, les responsables du peuple, les chefs des prêtres et les scribes (2,4; 16,21; 20,18; 21,15) lui sont hostiles. Avant même de lire le passage évangélique de ce dimanche, il importe de contempler la solitude de Jésus qui s’apprête à vivre sa passion et sa mort sur une croix. Il importe aussi de se reconnaître sous les traits des disciples. Comme eux, nous croyons en Jésus et nous marchons derrière lui. Mais, comme eux, nous avons nous aussi nos moments d’aveuglement, nos désirs de gloire, nos incompréhensions en face de l’Évangile. Il faut enfin prendre en compte qu’aujourd’hui encore, notre monde est souvent hostile à la Bonne Nouvelle que nous avons la mission de proclamer.

Un père et ses deux fils

     Jésus était entré dans le Temple, et pendant qu’il enseignait, les chefs des prêtres et les anciens du peuple, l’abordèrent… (21,23). C’est précisément aux chefs des prêtres et aux anciens que Jésus adresse la parabole de ce dimanche. Mais celle-ci ne concerne pas que ses adversaires. Les disciples ne sont pas bien loin et leur attitude en face des annonces de la passion montre bien leur valse-hésitation entre le oui et le non. Aujourd’hui, c’est à nous que Jésus demande : Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils (21,28-29).

     On se croirait presque au début de la parabole de l’enfant prodigue chez Luc : Jésus dit encore : “Un homme avait deux fils…”  (Luc 15,11). Mais on sent ici une plus grande proximité entre le père et ses fils. Ceux-ci sont ici appelés teknon (littéralement « enfant ») plutôt que huios (littéralement « fils ») comme en Lc 15. De plus, le père a l’initiative, il vient trouver chacun de ses fils, ou, plus littéralement, il s’approche d’eux. Cela rappelle le geste de Jésus à l’endroit de Pierre, Jacques et Jean lors de la transfiguration Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : Relevez-vous et n’ayez pas peur ! (Mt 17,7). Le père s’adresse aussi à ses fils avec tendresse : Mon enfant…

     Le père de la parabole invite chacun de ses enfants à collaborer avec lui : Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne (21,28). Voilà qui fait écho à l’évangile de dimanche dernier : Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne (Mt 20,1). Rappelons que « la vigne désigne non le peuple historique d’Israël, mais le Royaume de Dieu » (note de la TOB en Mt 21,41). Il n’y a donc pas à s’y tromper, le père de la parabole est Dieu, notre Père. Il invite tous ses enfants à travailler aujourd’hui à sa vigne, à collaborer avec lui aujourd’hui à la construction de son Royaume.

Faire la volonté de Dieu

     Le premier fils refuse d’abord. Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla (21,29). Quant au second fils, il répondit : Oui, Seigneur ! et il n’y alla pas (21,30). Jésus laisse à ses interlocuteurs le soin de juger entre les deux fils : Lequel des deux a fait la volonté du père ? demande Jésus. Ils lui répondent : Le premier (21,31). Les prêtres et les anciens ont un bon jugement. Comme Jésus l’avait dit lui-même à la fin du Sermon sur la Montagne : Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur !, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux (7,21).

     Mais, les prêtres et les anciens sont les premiers à louer Dieu des lèvres sans agir selon sa volonté. Car Jean Baptiste est venu à vous, leur dit Jésus, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole (21,32). D’où la déclaration solennelle de Jésus : Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu (21,31). Ils pourront tout de même y entrer, mais ils n’y seront pas les premiers.

     Le reste de l’évangile de Matthieu montrera bien que loin de croire à la parole de Jésus, les chefs des prêtres et les scribes endurciront leur cœur, allant même jusqu’à livrer Jésus aux Romains pour qu’il soit mis à mort. Quelle sera notre réaction ? À chaque eucharistie, comme le deuxième fils de la parabole, nous disons : « Oui, Seigneur ! » Qu’en est-il de notre agir ?

     Comme l’écrira saint Jacques : Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion (Jc 1,22). Prenons donc au sérieux la parabole que Jésus ressuscité nous fait entendre ce dimanche. Par elle, il nous rappelle l’invitation chaleureuse de Dieu, notre Père : Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne (Mt 21,28). Montrons-nous dignes de la confiance que le Seigneur nous accorde.

 

Yvan Mathieu, SM

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2283. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Une justice infinie