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5e dimanche de Carême B - 25 mars 2012

 

 

L'heure où Jésus est glorifié

La venue des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de l'heure : Jean 12, 20-33
Autres lectures : Jérémie 31, 31-34; Psaume 50(51); Hébreux 5, 7-9

 

Que de souffrances dans la vie des hommes et des femmes! C’est le handicap profond d’un enfant, les massacres d’enfants innocents, la maladie, la famine et la guerre,  la détresse et le désespoir. Encore et encore. Pendant sa vie, Jésus réagit aux épreuves et aux difficultés éprouvées par ceux et celles qu’il rencontre. Il s’occupe de la veuve de Naïm et de l’enfant du centurion. Il est ému face à Marthe et Marie-Madeleine, terrassées, par la mort de leur frère Lazare. Au moment de son agonie, tout son être est bouleversé et il  présente avec un grand cri sa prière au Père. Ce qu’il nous enseigne au cœur de cette traversée ultime, c’est la capacité que nous avons, avec son aide, de nous dessaisir de nous-mêmes pour atteindre une pleine maturité spirituelle, dans le partage et l’amour, et ainsi, devenir pleinement fils et fille du Père.

Le désir de connaître Jésus
au long de notre cheminement spirituel

     Les Grecs montés à Jérusalem font une demande à Philippe, l‘intermédiaire, témoin de la foi en Jésus: Nous voudrions voir Jésus (v. 21). Cette attirance, le chrétien la partage au cours de sa vie croyante. Il éduque son désir, le purifie, l’amplifie. Puisse-t-il s’interroger sur la démarche à laquelle il consent pour mieux connaître Jésus et son mystère profond de Fils du Père! Puisse-t-il se demander comment exprimer son désir de le rencontrer dans son abaissement jusqu’à la croix, ce moment de dépouillement extrême où il va au bout de sa mission pour que soient réconciliés avec Dieu les Juifs, les Grecs et toute l‘humanité!

     Les Écritures nous informent que beaucoup de temps se déploie de l’Alliance avec Noé (Genèse 9, 9.12) à l’Alliance avec Abraham (Genèse 15, 18; 17, 1), de l’Alliance avec Moïse (Exode 19, 5; 24, 7-8; 31, 16-17) à l’Alliance qui inaugure la restauration d’Israël, au retour à Jérusalem, après l’exil, vers 587/586.  Au fil de ces époques, Dieu n’a pas rencontré un peuple toujours obéissant, mais plutôt un peuple à la nuque raide qui, à maintes reprises, remet en question son appartenance au Seigneur et multiplie les infidélités : Mon Alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’avais des droits sur eux (Jérémie 31, 32). Le prophète Jérémie annonce alors une nouvelle alliance (31, 31-34, première lecture), vécue avec un cœur renouvelé,  confiant, et capable de don de soi.

J’inscrirai ma loi d’amour dans leur cœur

     Depuis le don ultime de la vie de Jésus, où l’amour réciproque du Père et du Fils est manifesté, les croyants et croyantes peuvent comprendre de l’intérieur, au dedans, l’alliance entre Dieu et son peuple : J’inscrirai ma Loi, dans leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus besoin d’instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère… Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands... Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés (Jérémie 31, 34). Avec Jésus, nous ne sommes plus dans le registre du commandement, mais dans celui de l’amour gratuit. Tout se passe à l’intime de la conscience et rebondit dans des engagements généreux.

L’itinéraire pascal de la personne croyante

     Comme dans la vie du peuple élu, que de temps il faut aux croyants pour comprendre la mission de Jésus et devenir des serviteurs fidèles (v. 26)! Que de recommencements sont nécessaires avant d’entrer quotidiennement dans un cœur à cœur avec le Christ, avant d’accepter, dans les aléas et les revers de l’existence, l’attitude suggérée dans le  récit de la très brève parabole glissée au v. 24 de l’évangile de Jean :  Amen! Amen, je vous le dis : si le grain de blé  tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Le grain de blé désigne ici la Parole incarnée, le Fils fait chair (1, 14).

     Cette parabole paradoxale de « qui perd gagne » évoque la mission de Jésus et il en découle que la réalité évoquée doit se répercuter dans la vie du disciple, chez qui habite le désir de ne faire qu’un avec Jésus. C’est l’unique voie à emprunter pour assurer la victoire du bien sur le mal et sur la mort.

     Dans l’obscurité d’une souffrance indicible, physique ou morale, aux heures où nous sommes ravagés par les épreuves de tous ordres, Jésus se fait proche de nous: il a porté nos douleurs. Nos souffrances sont des moments d’enfantement, où nous pouvons nous abandonner à un don de nous-mêmes plus libre et plus désintéressé. Elles nous font entrer en communion avec toutes les personnes souffrantes de ce monde; elles peuvent devenir une participation aux souffrances du Christ sur la croix alors qu’il s’offre totalement à l’amour du Père pour le salut de ses frères et sœurs (Jean 10, 17). Jésus n’a pas échappé aux oppositions des ses adversaires juifs qui le conduisent devant Pilate et les responsables du Grand Conseil. Sa mort injuste et infâme passe par leur décision.  Mais au creux de cette situation cruelle sans porte de sortie apparente, il y a un germe de vie nouvelle, la lumière d’un amour incandescent et caché jusqu’au jour de la résurrection.  

L’heure de la glorification

     L’évangéliste Jean ne cesse de parler de l’Heure qui n’est pas encore  venue (2, 4; 7, 30; 8, 20): à Cana, puis lors de la fête des Tentes et au Temple, au lieu dit du Trésor alors qu‘il enseignait, puis quelques jours avant sa mort. Comment  comprendre la prière de Jésus : Père, délivre-moi de cette heure. Mais non! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci! (12, 23-27 selon la traduction du Lectionnaire)? Un exégète de renom propose comme interprétation : ‘ Père, assure-moi le salut dès cette heure! Mais oui! C’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette Heure’. Selon lui, Jésus ne demande pas que s’éloigne l’Heure des ténèbres qui vient, mais prie pour qu’elle réalise son but: la réconciliation.

     L’Heure de la glorification passe par la mort. Au moment où le Fils est élevé sur la croix, et donne sa  vie pour le salut de  ses frères et sœurs en humanité, le Père le glorifie et il glorifie le Père. Tout le poids -sa gloire- de l’amour miséricordieux du Père, et tout le poids de la tendresse du Fils sont manifestés totalement, pleinement dans la mort sur la Croix. Quel humain aurait pu penser ou saisir seulement un court instant, que la puissance de Dieu se manifesterait un jour dans un abaissement total et infini? Réalité inimaginable à l’homme, mais réalité de surabondance de grâce de la part de Dieu qui par Jésus rétablit la communication des humains avec Dieu et entre eux! Voilà pourquoi dans ce mystère  indicible, Jésus glorifié attire tous les humains à Lui. Levons nos yeux vers la Croix!

 

Juliette Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2309. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Du serpent à la croix