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5e dimanche ordinaire B - 5 février 2012

 

 

L'annonce de l'Évangile : un impératif

Jésus guérit la belle-mère de Pierre : Marc 1, 29-39
Autres lectures : Job 7, 1-4.6-7; Psaume 146(147); 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23

 

L’arrière-fond des propos de Paul se trouve dans le discours de Jésus connu comme la parabole des serviteurs inutiles (Lc 17, 7-10). Le terme inutile est d’ailleurs inexact; il s’agit plutôt de serviteurs non indispensables. Jésus conclut en disant : Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous est prescrit, dites : nous sommes des serviteurs quelconques, nous n’avons fait que notre devoir (Lc 17, 10). Paul se reconnaît dans ce serviteur qui ne réclame aucun traitement de faveur pour avoir bien accompli son travail. Sa tâche est l’annonce de l’Évangile; cette mission est la raison d’être de toute son existence. Il n’a pas à en tirer orgueil (cf. v. 16) puisqu’il fait tout simplement ce que le Seigneur attend de lui. Chez lui la personne et la mission en viennent à ne plus faire qu’un.

C’est pour cela que je suis sorti (Mc 1, 38).

     La mission de Paul prend sa source dans celle de Jésus. Il est envoyé par le Père pour annoncer la venue du Royaume et inviter à la conversion (cf. Mc 1,15). Dans la réponse qu’il donne à ceux qui le cherchent, on peut comprendre le verbe sortir de plusieurs manières. À un premier niveau il s’agit de sa sortie de Capharnaüm. Après une première journée d’activité bien remplie (cf. Mc 1, 21-34), il se propose d’aller dans les localités voisines pour y poursuivre son enseignement puisque telle est sa mission. On peut aussi considérer la sortie de Jésus comme le début de son activité publique. Resté dans l’anonymat de Nazareth pendant un temps que Marc ne précise pas, il apparaît soudain dans l’entourage de Jean Baptiste, près du Jourdain (cf. Mc 1, 9). Enfin, sur le plan théologique, on peut interpréter la sortie de Jésus comme son incarnation et sa venue dans le monde. C’est ce que fera l’évangile de Jean : Jésus sachant … qu’il est sorti de Dieu et qu’il retourne à Dieu (Jn 13, 3).

     Le but de la mission de Jésus, ce pourquoi il est sorti, est la proclamation (pour plus de clarté la traduction liturgique à ajouté un complément : la Bonne Nouvelle. Dans le texte grec, le verbe proclamer est employé de manière absolue, aux vv. 38 et 39 (voir aussi : Mc 1,7; 3,14; 16, 20). Jésus se définit comme un héraut porteur d’un message de la plus haute importance. Pourtant l’évangéliste Marc ne précise pas le contenu du message, sinon dans la proclamation initiale de 1, 15 : Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle. Marc préfère montrer Jésus en action car sa proclamation n’est pas faite que de discours; il accomplit des gestes qui sont déjà la mise en œuvre du Royaume qui vient.

Jésus … la fit se lever (v. 31).

     Tous les commentateurs reconnaissent que la journée de Capharnaüm (Mc 1, 21-39) est une sorte de condensé de toute l’activité de Jésus : enseignement, guérisons, prière. Marc a voulu dresser, dès le début de son évangile, un portrait de la manière dont Jésus s’acquitte de sa mission.

     Après la première scène, qui se déroule en public, à la synagogue (Mc 1, 21-28; cf. évangile du 4ième dimanche du temps ordinaire, année B) on passe à un nouveau décor. Jésus se rend dans la maison des frères Simon et André (cf. Mc 1, 16-18) et fait la connaissance de la belle-mère de Simon qui est malade. Comme la patiente est alitée, Jésus doit s’approcher d’elle (contrairement à ce qui se passe le plus souvent où ce sont les malades qui viennent vers Jésus ou se font transporter près de lui).

     Le verbe lever évoque la résurrection (cf. Mc 16, 6). En Mc 9, 27 on retrouve le même vocabulaire pour décrire la guérison de l’enfant épileptique dont on dit, juste avant, qu’il devint comme mort (Mc 9, 26). Revenue à la santé, la belle-mère de Simon se met au service de ses visiteurs. La guérison est en même temps un appel en vue du service.

Sans plus attendre … (v. 30).

     La traduction liturgique a laissé dans l’ombre un trait caractéristique du style de Marc, l’usage répétitif de l’adverbe aussitôt. Dans la première scène de ce passage, on le trouve au v. 29 : Et aussitôt sortant de la synagogue  et au v. 30 : Et aussitôt ils parlent à son sujet (la malade). Ce qui peut passer pour une manie désagréable prend chez Marc une coloration théologique. Jésus annonce la proximité du Royaume et l’urgence de la conversion. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut réagir aussitôt. Cette caractéristique donne à l’évangile un rythme accéléré, comme si les événements se déroulaient au pas de course à cause de l’échéance prochaine.

La ville entière se pressait à la porte (v. 33).  

     De l’intimité du foyer de Simon on passe sur la place publique. Après le coucher du soleil – donc après le sabbat – les malades, les infirmes, les possédés se rassemblent devant la maison.
La souffrance et la maladie, qu’elles soient physique ou psychologique, sont les conséquences du péché. Elles manifestent le pouvoir de l’Esprit du mal à l’œuvre dans le monde. Annoncer la venue du Règne de Dieu implique la défaite des forces du mal. Chaque fois que Jésus guérit, il montre que sa Parole est efficace. À travers son action, le Royaume s’implante peu à peu; la création est restaurée dans son intégrité.

     On voit apparaître pour la première fois le thème du secret messianique si important dans l’Évangile de Marc. Ceux qui ont été guéris peuvent savoir que Jésus est le Messie mais lui ne veut pas être perçu comme un guérisseur particulièrement habile. Il ne veut pas non plus être investi par l’opinion publique d’une mission messianique qui n’est pas la sienne : reconquérir l’indépendance nationale et restaurer la royauté (cf. Ac 1, 6). C’est pourquoi il enjoint de se taire – le plus souvent sans succès – à ceux qui ont profité de ses miracles. Peu après Marc note que Jésus ne peut plus entrer ouvertement dans une ville de peur que sa présence ne suscite quelque mouvement populaire qu’il ne pourrait pas contrôler  (cf. Mc 1, 45).

Le lendemain, bien avant l’aube (v. 35).

     Il s’agit donc d’un dimanche matin; Jésus se lève et sort. Au-delà de la description des faits, le lecteur chrétien ne peut pas ne pas penser à la résurrection (cf. Mc 16, 9). Le choix des mots évoque la présence du Christ ressuscité qui continue à prier pour les siens même si ceux-ci ne sont pas toujours conscients de sa présence et doivent partir à sa recherche.

La vie de l’homme est une corvée (Jb 7, 1-4.6-7).

     La plainte de Job exprime sans doute le sommet de la souffrance physique et psychologique. Son horizon est bouché, il n’entretient plus d’espoir (cf. v. 7b). Malgré tout il attend, mystérieusement, un signe qui lui révélerait que Dieu ne l’a pas oublié et ne se détourne pas de lui pour toujours (cf. v. 7a).

     La réponse de Dieu se trouvera dans l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume. En guérissant les malades, en chassant les esprits mauvais, Jésus révèle que le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. La vie de l’homme n’est pas une corvée absurde mais un service dans la liberté et dans l’amour.

 

Jérôme Longtin, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2302. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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