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26e dimanche ordinaire B - 30 septembre 2012

 

Un peuple de prophètes

Celui qui n'est pas contre nous est pour nous : Marc 9, 38-43.45.47-48
Autres lectures : Nombres 11, 25-29; Psaume 18(19); Jacques 5, 1-6

Les disciples appelés à suivre Jésus cheminent à petits pas dans la compréhension du Maître. Ils n’ont jamais fini de découvrir sa mission et sa vie de serviteur du Père. Aussi, Jésus les invite à une attitude de bienveillance, d’amour vrai et respectueux, tout particulièrement à l’égard des plus faibles.

     Le texte évangélique appartient à un ensemble (9, 2-50) qui commence avec le récit de la transfiguration (9, 2-10), contient  la deuxième annonce de la Passion (vv. 30-32) et se termine avec certaines instructions données aux disciples (9, 30-50). Cet ensemble s’élance donc avec une annonce voilée de la passion et de la résurrection; il  évoque  la mission de serviteur du Fils de l’Homme (9, 30-32), ainsi que son destin final. Viennent par la suite, les principes moraux et spirituels qui échelonnent l’extrait (vv. 33-37.42-50) et découlent naturellement de l’attachement profond du disciple à Jésus, le prophète.

La tentation de l’enfermement et de l’étroitesse

     Les évangélistes nous présentent des disciples en route, sur le chemin; ces disciples sont bien intentionnés, attentifs aux enseignements de Jésus; ils sont soucieux de l‘autorité de leur Maître et conscients de leurs prérogatives qui selon eux découlent de leur vocation d’apôtres. Mais, à certains moments, ces hommes commettent des impairs et reçoivent de leur Maître une rebuffade. En effet, ils espèrent les premières places, se sentent investis d’un don qui les constitue les seuls et authentiques dépositaires de la Parole; ou encore ne comprennent pas la mission de Jésus et sa mort douloureuse qu‘il annonce.

     À un certain moment, Jean, offusqué, veut empêcher quelqu’un de faire du bien au nom de Jésus (v. 38), parce qu’il n’est pas de la confrérie des officiels : Il n’est pas de ceux qui nous suivent, chassant des esprits mauvais en ton nom. Voilà! les Douze veulent imposer leur volonté à quelqu’un situé hors de leur espace. Ils prétendent tracer les frontières du Royaume de Dieu; se comportant comme des propriétaires, ils veulent rendre l’autre esclave de leur vision tronquée, de leurs désirs égoïstes. En  fait, ils s’accaparent un pouvoir qui appartient à Dieu, car chasser les démons au nom de Jésus est un charisme qui ne peut venir que de Dieu.

     Cette attitude de revendication pour eux-mêmes rejoint celle des 70 Anciens que Moïse avait constitués pour l’aider dans sa lourde tâche, et qui avaient reçu le don de prophétiser.  Or, à ce moment précis, deux d‘entre eux, restés dans le camp, Eldad et Médad, prophétisent aussi. N’y a-t-il pas chez ces deux Anciens une usurpation d’un droit? Un nommé Josué, serviteur de Moïse, s’insurge alors promptement et supplie ainsi : Moïse, mon maître, arrête-les! (Nombres 11, 28).

     La réaction de Moïse va être déconcertante pour certains: il ne réprimande pas mais se réjouit. Il formule le souhait que tout le peuple soit un peuple de prophètes (v. 29). Pour sa part, Jésus rejette cette attitude qui consiste à s’accaparer d’un pouvoir qu’on ne possède pas; sa réaction en est une de discernement: Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi; celui qui n’est pas contre nous est pour nous (vv. 39-40). Cet individu qu’on veut rejeter n’agit-il pas avec succès au nom de Jésus? N’accueille-t-il pas implicitement Jésus? Jésus appelle ses disciples à un dessaisissement d’eux-mêmes et à une ouverture pour l’avancement du Royaume de Dieu.

Le don de l’Esprit qui rend libre

     Par sa réaction, Jésus dénonce un certain esprit sectaire qui pose des cadres et des barrières à l’action de Dieu. Dans sa vie, il dévoile la liberté souveraine du Père. Manifeste-t-il son intérêt uniquement au groupe qui l’accompagne dans sa mission? Certes non, car il porte une attention soutenue aux malheureux qu’on exclut ou discrimine, un respect constant des plus affligés, victimes d’injustice, et une bienveillance à l’égard de tous les laissés-pour-compte.

     Quelle heureuse et bonne nouvelle que cette  liberté créatrice du Père, de Jésus et du Souffle de Vie! Il n’y a pas sur cette terre que les abus de liberté. Il s’y trouve également des humains qui s’engagent dans cette aventure de la liberté en marchant sur les pas du Serviteur de Nazareth. Ne reproduisent-ils pas ainsi, à leur mesure, limitée, il va sans dire, la mission de leur Maître?  Comment alors ne pas se réjouir de tous ceux qui ne se ferment pas les yeux devant quiconque a besoin d’un verre d’eau ! Qui parviennent à vaincre leurs hésitations, leurs peurs, leurs excès de prudence face aux besoins élémentaires de leurs voisins! Qui manifestent du courage et de la générosité, qui élargissent leur cœur aux besoins réels de leurs frères et sœurs en humanité!

L’amour-agapè et ses différentes manifestations

     L’ensemble du chapitre 9 de l’Évangile de Marc, dont quelques extraits sont retenus ici, insiste fortement sur l’attitude des membres de la communauté. Parfois, c’est carrément une mise en garde sévère afin d’éviter la perte morale du plus faible, d’un seul de ces petits qui croient en moi (v. 42). Le mot grec employé est celui de skandalon. Le scandale, c’est un piège, un obstacle que l’on met sur la route pour faire tomber. En Matthieu, on voit Pierre qui s’oppose et fait obstacle à la mission de Jésus (16, 23). Ici, les petits dont il est question, renvoient aux croyants qui sont plus négligés, ou  plus fragiles. On ne peut oublier que le plus petit des croyants est le signe de la présence du Christ (vv. 35-37).

     Jésus condamne avec force l’attitude de quiconque entraîne au péché (vv. 42b-48); son verdict est impitoyable. Le pécheur non seulement lèse et meurtrit l’autre, mais se détruit lui-même.  L’action qui provoque la mort spirituelle d’un petit, est de nature à enlever à l’individu qui commet une telle faute, le droit de vivre : Mieux vaudrait pour lui...qu’on le jette à la mer? Les images concrètes employées s’égrènent avec puissance: yeux arrachés, mains et pieds jetés dans la géhenne.

     L’accueil de l’enfant avec affection (v. 36), le respect du disciple fragile, qui est à la fois autrui et soi-même, le service, l’effacement, la tolérance, l’écoute, l’humilité, voilà autant de facettes ou de reflets de l’agapè. Puisse l’amour miséricordieux de Dieu reçu au baptême, inspirer et commander l’attitude de tout croyant, permettre une transfiguration, un total épanouissement dans le cœur de Dieu! Il va de soi que le don reçu se déploie en don offert  et devient une participation à la manière d‘être du Christ Jésus.

 

Julienne Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2327. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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