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30e dimanche ordinaire B - 28 octobre 2012

 

Luminothérapie biblique

Guérison de l'aveugle Bartimée : Marc 10, 46-52
Autres lectures : Jérémie 31, 7-9; Psaume 125(126); Hébreux 5, 1-6

Le 11 octobre dernier, nous sommes entrés avec toute l’Église dans l'Année de la foi. De multiples façons, l’Église convoque ses membres à oser regarder… au-delà de leurs angles morts! Un peu plus de lumière sur notre foi ne saurait nuire. D’ailleurs, ces jours-ci, la nature nous impose de courtes journées et de longues heures de noirceur. Un peu de «luminothérapie spirituelle» nous fera le plus grand bien!

     Sans changer nos habitudes, nous pouvons profiter davantage de nos célébrations du dimanche pour apprécier les composantes de notre aventure de foi. Un moyen simple est à notre disposition.  Laissons-nous éclairer par les pages de la Bible que nous proclamons à chaque rassemblement. Des textes que nous pensions bien connaître nous invitent alors à vivre l’expérience de la foi comme si c'était notre premier contact. 

     L’Année de la foi permet un regard neuf sur les déclarations de foi insérées dans la trame des lectures bibliques. Des épisodes bibliques qui avaient (peut-être) cessé de nous étonner depuis longtemps retrouvent leur verdeur et leur pouvoir d’interpellation. C’est le cas aujourd’hui pour quelques lignes de la solide Épître aux Hébreux, pour la transformation vécue par l’aveugle Bartimée et pour les joyeux élans du prophète Jérémie.

Comme un périscope pour voir loin
Hébreux 5, 1-6 

     Pour voir un peu plus clair dans notre foi, prenons un risque.  Commençons notre exploration par le texte que nous négligeons souvent : la deuxième lecture. Comme un périscope qui aide le navigateur à voir loin devant, ce texte met en valeur des composantes de notre foi que nous serions portées à laisser dans l’ombre.

     L'expérience de foi des disciples s'exprime dans cette épître avec des mots et des images tirés du grand réservoir du Premier Testament. Aujourd'hui, le texte s'ouvre sur une allusion au rituel du jour du grand Pardon (Lévitique 16, 30.34). Ces propos recyclés de l'Ancien Testament décrivent un aspect important de l'expérience de la foi en Jésus, soit la continuité de l’alliance de Dieu. Jésus accomplit en mieux ce qui était attendu jadis de la part du peuple de Dieu. En même temps, cette utilisation de vieux textes dans le Nouveau Testament témoigne du climat créatif des débuts de l’Église. On assume le passé avec une grande liberté d'expression pour alimenter la vie des disciples du Ressuscité.

     L’épître répond à un besoin des premières générations chrétiennes : expliquer comment la médiation de Jésus peut remettre en marche des gens. Jésus savait le faire en intervenant sur les limitations physiques des gens qu’il guérissait. En utilisant le langage du Lévitique, on affirmait que Jésus a reçu de Dieu son pouvoir, comme jadis le grand-prêtre officiait au Temple en faveur du peuple en recevant de Dieu toute sa gloire. Dieu est la source des immenses capacités du Ressuscité. Contrairement aux chefs des sectes qui jouent à la vedette, Jésus ne concentre pas l'attention sur lui. Il distribue les dons du Père éternel. Perçu comme membre de l’humanité, mais choisi par Dieu, il ne s'est jamais arrogé personnellement quoi que ce soit. Il a tout reçu pour tout donner. 

     Somme toute, une partie du mystère de la foi s’illumine lorsque nous affirmons, avec les premiers chrétiens, que Jésus est le meilleur médiateur que nous puissions imaginer entre notre Père du ciel et nous. Par son humanité, Jésus obtient une connaissance intime de ce qui fait vivre (ou de ce qui empoisonne l'existence) des femmes et des hommes. À cause du don de Dieu reçu et accueilli, Jésus garantit une communication intense, sans perturbation, entre le monde des humains et la maison d'éternité. Plus que jamais, nous devons garder les yeux du cœur fixés sur celui qui réussit à intervenir en notre faveur. 

     Jésus est vraiment au cœur de notre expérience de foi. Vivre dans la foi, c’est marcher sur l'élan de sa parole de grâce.  De là nous tirons notre gloire, comme Jésus trouvait sa gloire dans le don de Dieu, ce don sans cesse renouvelé.

Un aveugle aide à y voir clair
Marc 10, 46b-52

      La rencontre de l’aveugle Bartimée avec Jésus occupe une position stratégique dans le déroulement du récit de Marc. Nous voici à la conclusion de la section 6, 14 - 10, 52. Dans cette section se dénouent les rumeurs qui circulaient autour du roi Hérode quant à l’identité de Jésus.  Des rumeurs semblables sont servies à Jésus lorsqu’il pose aux disciples la question sur son statut : Qui suis-je?

     Les personnages découvrent alors dans l’aveu de Pierre (8, 27-33) ce que le lecteur sait depuis le début du chapitre 1. L'annonce du parcours de souffrance, de mort et de résurrection ouvre la deuxième moitié de l'évangile et révèle les conditions de vie du disciple. Il est intéressant de noter qu’immédiatement avant la déclaration de Pierre, Jésus guérit un aveugle (en 8, 22-26). En 10, 46-52, une nouvelle guérison d’aveugle clôt le bloc 8, 34 – 10, 45 où sont énumérées les conditions pour suivre Jésus. Il faut se décentrer de soi, changer de famille en entrant dans le groupe des disciples, se charger de la croix de Jésus.

     La guérison de Bartimée met en scène le relèvement de la personne fraîchement illuminée par le passage de Jésus. L’expérience de foi est comparable à la découverte de la lumière par l’ancien aveugle. Comme Bartimée qui se met en marche dès qu’il a accès à l’autonomie conférée par la vision retrouvée, la personne croyante ne tient pas en place. Croire en Jésus, c’est une invitation à bouger, à se déplacer, à explorer, à risquer. 

     Bartimée a dû vivre quelques jours après sa guérison le drame de la Passion de Jésus. Mais encore là, une illumination attendait les disciples. Les lueurs de la résurrection de Jésus ont créé un nouveau point de vue sur toutes choses… 

La foi qui rassemble
Jérémie 31, 7-9 

     À quoi sert de croire? À voir sa vie dans une lumière différente, celle que nous apporte Dieu. Cet éclairage différent avait été entrevu par le prophète Jérémie. Le Seigneur Dieu lui-même invite à pousser des cris de joie pour le peuple. La cause de ce joyeux tumulte?  Le Seigneur organise le rassemblement du peuple. Ce grand mouvement de foule inclut des hommes et des femmes à mobilité habituellement réduite, aveugle compris. À l’inverse du départ en exil vécu dans les larmes, le retour est rempli des consolations du bon chemin et des eaux courantes.

     Cette joie profonde de peuple sauvé et rassemblé détone devant les obscurités et les terreurs montées en épingle à l'Halloween. On ne sait comment gérer les grandes réalités de fin de vie? On s’en moque pour prendre un peu de distance et se rassurer. Or, en marchant à la suite de Jésus comme Bartimée, l'aveugle guéri, nous faisons face à l'inévitable étape du passage dans la mort.

     Bartimée monte à Jérusalem avec un mort en sursis, qui finira par voir inversée en sa faveur la fatalité de la mort. Avec quelle tête abordons-nous notre marche à la suite de Jésus? Des têtes d'enterrement? Non. Nous avons la mine réjouie de personnes qui se savent déjà sauvées. Des personnes illuminées par leur confiance en Dieu, qui les libère des bas-fonds, des Jéricho du quotidien…

 

Alain Faucher, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2331. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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