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Célébrer la Parole

 

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4e dimanche de Pâques B - 29 avril 2012

 

 

Le bon berger connaît les siens

Le pasteur véritable et le mercenaire : Jean 10, 11-18
Autres lectures : Actes 4, 8-12; Psaume 117(118); 1 Jean 3, 1-2

 

Est-ce pour l’avoir trop entendue, cette parole pourtant si belle, qu’on ne lui prête souvent qu’une oreille distraite? Le bon berger livre sa vie pour ses brebis. Une parole qui dévoile la profondeur de la relation de Jésus avec les siens.

Un agir, somme toute, naturel

     S’il n’est pas essentiel d’être mère ou père pour saisir la portée de la parole de Jésus, – car de façon générale, nous avons tous pu apprécier la générosité et l’abnégation de nos parents – le fait d’être parent permet probablement de sentir avec encore plus d’acuité la justesse de cette affirmation. Les parents sont effectivement prêts à tout donner pour le bien de leurs enfants. Même leur vie! N’avons-nous pas tous déjà entendu de ces histoires de parents qui se sont jetés devant le danger imminent, y laissant leur propre vie pour sauver celle de leurs enfants?

     Sans devoir se rendre à l’extrême, – heureusement! – les parents posent des gestes édifiants de renoncement personnel, de gratuité et de dévouement pour leurs enfants, s’oubliant littéralement pour eux. Et dans ce cas, il est plus juste de parler d’élan d’amour que de sacrifice. Car même si la dimension «sacrifice» est présente dans le renoncement, la joie de combler son enfant, de contribuer à son épanouissement et à son bonheur, surpasse mille fois, voire jusqu’à l’occulter, la part de sacrifice qu’il en coûte. Si un parent, en dépit de son imperfection, de sa finitude humaine, est capable d’une telle grandeur pour son enfant, que dire alors de l’amour parfait du bon Berger à l’égard de ses brebis?

     Mais pourrions-nous dire, comment savoir que cette parole de Jésus sur la relation avec son Père est réellement fondée? La lecture tirée du livre des Actes offre une réponse à cette question dans sa proclamation de la résurrection (4, 10). Pour le croyant, le fait que Dieu ait ressuscité Jésus est la preuve qu’il a entièrement approuvé, cautionné l’ensemble de sa mission –tous ses gestes, toutes ses paroles– dans toute son intégrité.

Qui sont les brebis?

     Jésus dit : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père. Dans le langage biblique, le fait de se connaître implique l’idée d’amour mutuel entre les personnes désignées. Ici, le modèle d’amour mutuel entre Jésus et les siens est celui déjà expérimenté dans sa relation avec son Père. Jésus incarne donc auprès de ses brebis l’amour même du Père et, par la même occasion, nous le fait connaître. C’est en fait ce que proclame la lecture de la Première lettre de Jean.

     Au sein du ministère de Jésus et dans la première communauté chrétienne, ses brebis qui le connaissent et qui reconnaissent sa voix sont toutes ces personnes de la tradition juive qui ont d’abord écouté son message, repris ensuite par les apôtres après son départ, et qui l’ont appliqué dans leur vie personnelle. Ils ont donc reconnu le bien-fondé de ses exhortations à l’amour envers le prochain; lequel se traduit par le respect de la vie et par un agir coresponsable pour son épanouissement à tous égards. Autrement dit, pour que chacun ait la vie en plénitude, comme le recèle le vœu de paix inscrit dans la salutation juive, la paix soit avec vous.

     Ceux et celles qui ont écouté la parole de Jésus et qui ont choisi d’en faire le phare de leur vie n’ont cependant pas de recette préétablie quand il s’agit de la mettre en pratique. Il doive, à la manière du Maître, s’en remettre à leur conscience et s’adonner à un exercice de discernement afin de déceler ce qui génère la vie. Autrement dit, l’accueil de la parole de Jésus en appelle constamment à une attitude d’écoute, de discernement, mais aussi à une maturité dont la croissance n’est jamais achevée.

     La Première lettre de Jean (3, 1) fait, pour sa part, la distinction entre les enfants de Dieu et ceux qui sont « du monde », établissant un contraste entre les agissements des uns par rapport à ceux des autres. En fait, les agissements de ceux « du monde » ont des effets destructeurs et aliénants au lieu de générer la vie, contrecarrant de ce fait le message évangélique. Il ne faudrait toutefois pas confondre ceux «du monde» avec les « brebis en dehors de l’enclos ».

Les brebis en dehors de l’enclos

     Jésus dit effectivement qu’il y a des brebis en dehors de l’enclos. Si on replace sa parole dans son contexte historique, celles-ci désigneraient vraisemblablement les peuples païens visés par la mission chrétienne. Jésus dit qu’il doit les rassembler pour qu’il n’y ait plus qu’un seul troupeau et un seul berger. Bien sûr, pour nous chrétiens, le premier réflexe est de croire qu’il faille les faire entrer dans le giron de la foi chrétienne.

     On peut cependant se demander si, aujourd’hui, cette approche prosélytique est nécessairement celle à privilégier. Car il se trouve au sein d’autres cultures et d’autres religions, des individus et des collectivités dont les agissements et les idéaux sont réellement voués au bien et à l’édification de la société. Il est donc permis de croire que le bon Pasteur considère ceux-là comme ne faisant pas partie de la catégorie dite « du monde », mais bien comme cheminant déjà sur la voie de la justice promue dans l’Évangile. Et pour Jésus, que l’on soit Cananéen, Samaritain ou Chrétien, ce qui compte, c’est d’accomplir les œuvres de justice, pour être finalement placé parmi les bénis de son Père (Mt 25, 34).

 

La voix des bergers

En se décrivant comme le bon pasteur qui connaît ses brebis, en affirmant que ses brebis écoutent sa voix, Jésus s‘appuie sur un fait de la vie quotidienne des bergers de son temps, mais qui a cours encore aujourd’hui.

Les bergers de la Palestine avaient coutume de rassembler leurs brebis dans un enclos pour la nuit. Le matin venu, chaque berger appelait ses brebis par un son distinctif et que seules ses brebis pouvaient reconnaître. C’est de cette manière que chaque berger récupérait ses brebis pour les amener paître.

 

Odette Mainville, professeure honoraire

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2314. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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