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33e dimanche ordinaire C - 17 novembre 2013

 

Un temps pour la confiance,
la responsabilité et la persévérance

 

Annonce de la destruction du Temple : Luc 21, 5-19
Autres lectures : Malachie 3, 19-20a; Psaume 97(98); 2 Timothée 3, 7-12

 

La lecture évangélique de ce dimanche présente Jésus qui prononce un grand discours au Temple. Chez Luc, au chapitre 21, la rupture est déjà consommée : tout est fini entre Jésus et son peuple; la souffrance et la mort qui pointent à l'horizon sont vécues intérieurement par le Maître. Jésus alors donne un enseignement sur la fin des temps, enseignement que la mémoire des disciples et l'évangéliste Luc vont mémoriser, pour nous en transmettre des traces.

Un langage codé, symbolique

     Ce rappel des événements s'exprime dans un langage codé dit apocalyptique qui est une science de l'histoire, tributaire des schèmes de l'époque. Un siècle avant Jésus Christ et un siècle après, plusieurs apocalypses juives furent composées dont le Livre d'Hénoh, le 4e Livre d'Esdras, le Livre des Oracles sibyllins, le Livre des Jubilés et plusieurs autres. L'Apocalypse de Baruch, en syriaque, est contemporaine de celle de saint Jean, rédigée dans le milieu chrétien. Aussi, on nomme récit apocalyptique quelques chapitres des Synoptiques (Marc 13, 1-37, Matthieu 24, 1-31, Luc 17, 20-37; 21, 1-38). Dans ces écrits, on utilise des images de bouleversements cosmiques et de catastrophes liées aux comportements humains. Ces images symboliques sont-elles évocatrices de la fin du monde ? Au premier abord, ces descriptions frappent l'imagination et déclenchent la peur. Combien de fois, dans l'histoire, des sectes et d'autres groupes ont annoncé la fin du monde et effrayé les gens! Pour ne citer qu'une période rapprochée, tous se souviennent de l'approche du 3e millénaire, ainsi que la révélation du calendrier maya évoquant la prétendue fin de notre monde, en 2012.

Les derniers enseignements de Jésus.

     Quelle communication Jésus fait-il donc à l'heure décisive du don extrême de sa vie pour le salut du monde ? En opposition aux attitudes répréhensibles des scribes en Lc 20, 45-47, le chapitre 21 montre Jésus en train d’exhorter ses disciples. Sa vie livrée et donnée totalement est suggérée par l'attitude inouïe de la veuve opprimée et indigente qui donne plus que tous les autres (vv. 1-4). Puis, s'ensuit une mise en garde contre les imposteurs (v. 8), la réponse à la demande d'un signe concernant la destruction du Temple (vv. 9-11). Le centre du chapitre évoque le temps des épreuves : l'annonce des persécutions (vv. 12-19). La fin du chapitre, non retenue par la liturgie, développe le jugement de Jérusalem (vv. 20-24), puis l'annonce de la venue du Fils de l'homme (vv. 25-27.28-33.34-38).

La destruction du Temple

     Quel événement historique! La séquence du texte (vv. 5-7) esquisse l'admiration de certains disciples devant la beauté du Temple reconstruit par Hérode, opération de prestige qui a duré 46 ans (Jean 2, 20) et était sur le point de s'achever. Ce sanctuaire, fierté du peuple juif, constituait un des pôles de la religion juive. L'annonce de sa destruction heurte évidemment de plein fouet les hommes du sanctuaire. L'observation de Jésus invite à ne pas se laisser impressionner par la stabilité de l'édifice. Le propos indique certainement la liquidation d'une économie de salut passant par le Temple et l'arrivée d'une nouvelle économie. C'est un signe, dans l'immédiat, puisque la prise de Jérusalem aura lieu une quarantaine d'années après la mort de Jésus. N'oublions pas que cette annonce sera un des motifs évoqués par les autorités religieuses pour condamner Jésus. Pour le moment, à l'écoute de Jésus, les auditeurs s'empressent de savoir quelle sera la date de l'hécatombe et quel sera le signe avant-coureur de la destruction du Temple (v. 7).

     À l'époque de l'écriture de l'évangile, Luc connaît l'invasion de Jérusalem par l'armée de Titus, le 10 août 70. Les Juifs et les premiers chrétiens se souviennent de l'encerclement et du siège de la ville, de la dispersion, du passage par l'épée (vv. 20-24). La destruction du Temple constitua une épreuve de taille pour la foi des Juifs, le sanctuaire étant la demeure de Dieu au sein de son peuple, le signe de sa présence et de son indéfectible fidélité.

Un temps intermédiaire…

     Les expressions diffèrent pour évoquer le retour du Seigneur : la fin du monde, la fin des temps, le jour final, le dernier jour, le jour de Yahvé. À quel moment donc, la fin de notre monde adviendra-t-elle ? Les scientifiques d'aujourd'hui l'évoquent en terme de milliards d'années, si l'homme peut avoir la sagesse de ne pas précipiter sa fin trop rapidement par des gestes de surconsommation effrénée, d'irresponsabilité quotidienne, ou par l'utilisation du nucléaire. La fin des temps n'est donc pas pour un avenir rapproché.

...qui sera un temps de persécution

     L'avertissement commence par une mise en garde contre les pseudos-docteurs ou encore les faux-messies qui s'attribuent le rôle et l'autorité de Jésus, perturbant les communautés : Prenez garde de ne pas vous laisser égarer... Ne marchez pas derrière eux (v. 8). Ces individus usurpent la mission propre et unique de Jésus.

     Comme signes avant-coureurs, Jésus parle d'une multiplication de guerres nation contre nation, puis de tremblements de terre, d'épidémies (vv. 10-11) : Mais ce ne sera pas tout de suite la fin (v. 9). Mais avant tout cela (v. 12), le temps intermédiaire sera caractérisépar un signe sans équivoque : les persécutions et, à titre d'exemples, l'activité des zélotespendant les années 66 à 70; les condamnations et les sévices exercés par les autorités juivesou païennes.

     Au moment de son discours, Jésus entre alors dans les heures les plus douloureuses et éprouvantes de sa vie. Après sa mort et sa résurrection, ses disciples, appelés à propager la Bonne nouvelle du Ressuscité, vont fonder les premières communautés chrétiennes et ils n'échapperont pas aux oppositions, comme ce fut le cas pour leur Maître : On vous persécutera à cause de mon Nom (vv. 12.17). Alors, les recommandations et les conseils servent-ils avant tout à prévenir ce qui va advenir ou à se préserver des difficultés ?

... un temps du déjà là

     Il semble que le Maître s'adresse à ce qu'il y a de plus intérieur (vv. 18-19) en chaque individu, à nous : le désir profond de paix, la conscience de ce que nous sommes profondément, créés à l'image de Dieu, fils et filles du Père; à notre capacité, comme adultes, d'affronter les difficultés avec force et courage. Comme disciples, Pierre, Jacques et Jean ont entendu les béatitudes et les paraboles, et, grâce à l'Esprit, ils ont pu saisir tout le paradoxe évangélique, à savoir que la joie peut jaillir du fond de l'âme alors que les pires adversités se produisent. En vérité, après la mise à mort de Jésus, ils ont été guéris de leur frayeur et de leur désarroi, grâce à la puissance du Ressuscité qui les a relevés. Les apôtres et les premiers chrétiens ne sont pas seuls, ils vivent de la présence de Jésus, et le Royaume de Dieu connaît un essor avec l'annonce du Ressuscité dans les communautés du bassin méditerranéen et, par la suite, dans celles des cinq continents.

Un temps pour la confiance et la persévérance

     La puissance de Dieu permet aux chrétiennes et aux chrétiens de toutes les époques, notamment à nous aujourd'hui, de ne pas somnoler, de tenir dans le témoignage à porter quotidiennement. Quelle grâce que de durer dans la confiance, assistés par le Ressuscité et l'Esprit de Dieu! Quelle grâce de faire advenir un autre monde, non éphémère, celui de Dieu! Sachons regarder l'aspect libérateur de notre engagement au coeur des obstacles et des luttes. À la suite du Christ Jésus, nous sommes des disciples, appelés à la paix et à la joie qui demeurent.


Il y a un espace en nous qui est à l'abri de tous les bouleversements qui peuvent secouer le monde.
Il y a une part de notre être qui est immunisée contre les émotions et les inquiétudes.
Il y a un sanctuaire à l'intérieur qui est à l'abri de nos désirs et de nos déceptions.
Il y a au-dedans de nous une chambre secrète où, déjà, l'éternité bat son plein.

(Yves Girard, cistercien)

 

Julienne Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2378. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Mourir …
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