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4e dimanche de Pâques C - 21 avril 2013

 

Le bon pasteur est toujours à l'oeuvre

Jésus proclame qu'il est le prophète par excellence et le Fils de Dieu : Jean 10, 27-30
Autres lectures : Actes 13, 14.43-52; Psaume 99(100); Apocalypse 7,9.14-17

 

Il faut remonter jusqu`à l'Ancien Testament (Ez 34) pour saisir à quel point la figure du berger est importante chez les Israélites.

Ézéchiel et la critique des dirigeants de son peuple

     Le prophète Ézéchiel utilise cette représentation pour dénoncer l'élite religieuse de son époque. Cette élite est égoïste et n'a pas défendu le peuple saint contre l'invasion des divinités païennes. Elle a donc agi comme un mauvais berger en ne prenant pas soin des brebis démunies et en guidant mal le troupeau dont elle avait la responsabilité. Mais Ézéchiel évoque la venue d'un bon pasteur issue de la descendance du roi David. Ce berger va remplacer les guides qui ont mal rempli leurs fonctions.

Jésus et la critique des dirigeants du peuple

     Quand Jésus se présente comme le bon Pasteur, il affronte l'élite religieuse de son époque. Et il est aisé de constater la similitude des reproches d'Ézéchiel faits des siècles plus tôt et les reproches de Jésus adressés aux pharisiens et aux scribes. Ces hommes de grande réputation se soucient peu des gens démunis. De plus ils enferment le peuple saint dans un carcan légaliste qui leur complique une existence déjà difficile économiquement. En fait cette élite joue sur les apparences. Les scribes et les pharisiens jouent la carte de la vertu devant un auditoire. Mais l'histoire est différente dans la sphère privée. Quand Jésus se présente comme le bon berger, l'élite n'est pas dupe. Ils connaissent le contexte des prophéties d'Ézéchiel et font vite le lien entre eux et le mauvais pasteur évoqué dans l'Ancien Testament. Les scribes et les pharisiens réagissent donc mal.

     En plus de dénoncer les élites religieuses de son époque, Jésus fait un pas supplémentaire qui va au-delà du livre d'Ézéchiel. Jésus, contrairement au prophète, se désigne comme le bon Pasteur. De plus, l'homme de Nazareth ose s'associer au Père que les scribes et les pharisiens appellent Yahvé. Ici, Jésus proclame qu'il est le Messie et il évoque sa nature divine lorsqu'il affirme que ses brebis seront toujours protégées par le Père à travers sa personne. Ce discours ajoute un motif d’accusation dans le procès monté contre le Sauveur par les autorités religieuses d'Israël.

L’Évangile pour tous

     La première lecture relate la profonde séparation qui est en train de se creuser entre le judaïsme et le christianisme au début de l'Église. Paul et Barnabé sont bien conscients que sans le témoignage d'Israël la foi en un Dieu unique n'aurait pas abouti à la révélation totale apportée par le Christ. Les deux disciples vont donc s'adresser en premier lieu à la communauté juive d'Antioche pour reconnaître ce fait.  Malheureusement les deux apôtres rencontrent dans ce groupe de la diaspora juive la même incrédulité rencontrée par Jésus. Ces israélites rejettent donc la parole du bon Berger transmise par Paul et son compagnon. Les deux amis vont alors se tourner vers les non juifs pour transmettre la Bonne Nouvelle du salut. Plusieurs spécialistes de la Bible considèrent ce moment  comme l'instant décisif où le christianisme s'est définitivement émancipé du cadre judaïque. Le Berger d'Israël est désormais le Berger de l'humanité entière.

Un bon Pasteur pour tous

     Dans la seconde lecture, l’universalité du bon Berger est confirmée. Les gens qui trempent leur manteau dans le sang de l'Agneau sont de toutes nations, races, peuples et langues. Désormais il suffit de purifier son être dans le sang du Christ pour être sauvé. Il n'est plus nécessaire d'obéir à une Loi contenue dans un code qui est gravé à l'extérieur de la conscience humaine. Il serait facile de dire, en lisant de manière superficielle ce passage de l'Apocalypse, que ce texte n'a aucun rapport avec Ézéchiel. Les images du Berger et de l'Agneau sacrifié semblent aux antipodes. Il faut chercher plus loin et repérer les propos concernant le salut. Les personnes qui ont trempé leur vêtement dans le sang de l'Agneau n'auront plus faim et soif. Elles ne seront plus brûlées par le soleil. Le salut est évoqué dans les mêmes termes par Ézéchiel (Ez 34). Les brebis seront pleines de vie, elles seront bien nourries et bien abreuvées en suivant le bon Berger. De plus, elles seront protégées de danger comme le soleil.

Les pasteurs d’aujourd’hui

     Malgré la disparition des bergers dans les sociétés occidentales, l'image du berger est encore très présente dans le monde chrétien. Dans certaines familles chrétiennes, le responsable d'une communauté est appelé pasteur. L'évêque, lors de sa consécration, reçoit la crosse, un bâton qui ressemble à l'instrument utilisé par un berger. Le bout recourbé est celui que le pasteur employait pour rattraper les brebis qui se sauvaient et le bout rond était destiné à chasser les ennemis des moutons. Cette symbolique représente certaines tâches de l'évêque. Il doit veiller à l'unité de son troupeau et le défendre contre les attaques doctrinales ou autres qui peuvent l'ébranler.

     Il faut se rappeler que l'ultime bon Berger reste le Christ. Les responsables dans le christianisme doivent toujours se rappeler qu'ils représentent le Sauveur. Les missionnaires qui répandent la Bonne Nouvelle dans le monde doivent se souvenir de ce fait. Ils ne sont pas là pour appuyer un pouvoir politique ou une culture particulière. Trop souvent l'évangélisation a subi cette association malheureuse. Une prise de conscience de ce fait s'est produite récemment dans la famille catholique. Désormais les missionnaires catholiques respectent la culture des pays qui accueillent la Bonne Nouvelle. Cette attitude qui est dorénavant la norme chez les catholiques n'est pas nouvelle. Plusieurs témoins de la foi du passé ont eu cette inspiration. Marie de l'Incarnation, une Ursuline française venue au Canada et qui a traduit en langues autochtones des catéchismes français, est un excellent exemple de ce type d'évangélisation qui respecte les cultures locales.

     Aujourd'hui la mission n'est pas terminée. Chaque baptisé peut devenir le guide, le bon pasteur d'une autre personne qui ignore ou qui connaît insuffisamment  le Christ.  Le Sauveur souhaite constamment que son troupeau s'agrandisse et il invite tous ses amis, personnes consacrées et laïcs, à accomplir cette mission.

 

Benoît Lambert, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2356. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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