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Célébrer la Parole

 

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6e dimanche de Pâques C - 5 mai 2013

 

Autrement présent

Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 23-29
Autres lectures : Actes 15, 1-2.22-29; Psaume 66(67); Apocalypse 21, 10-14.22-23

 

La lecture du texte évangélique d’aujourd’hui nous offre le trésor des paroles d’adieux du Seigneur Jésus à ses plus chers amis. Ces paroles, Jean les met dans la bouche de Jésus au soir de la Cène. Dans ce récit se retrouvent les principaux thèmes sur lesquels Jésus a mis l’accent au cours de sa vie : l’amour fraternel, la fidélité dans l’observance des commandements, la confiance en la victoire définitive, l’annonce de la venue de l’Esprit Saint.

Un mode de présence qui s’achève

     Alors que Jésus s’adresse à ses disciples, il prend soin de leur dire : Je vous dis cela pendant que je suis encore avec vous. (Jean 14, 25) Mais il ajoute à leur intention une parole de réconfort en leur promettant que l’Esprit Saint sera leur défenseur, leur enseignant et leur mémoire (v. 26). Nous pouvons donc conclure que Jésus sent que sa présence terrestre tire à sa fin. Rappelons que Jésus a été heureux au milieu des siens et la réciproque est vraie car une affection toute fraternelle, une solide confiance, une douce intimité tout au long du quotidien liaient maître et disciples. Tout cela leur sera ravi. Pour ces derniers, disons qu’il est temps que cela cesse. Ils ont reçu en abondance mais pour que cette présence exceptionnelle avec un Maître tout aussi exceptionnel porte des fruits, une distance s’impose. Autrement, les disciples risqueraient de demeurer d’éternels dépendants. Le temps de donner est venu.

La présence de sa Parole

     S’il est bon que Jésus s’en aille, qu’il quitte les siens, ce n’est pas dans le sens d’un abandon. Pas question d’en faire des orphelins. Aussi, Jésus prend la peine de les rassurer : Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. (v. 27) C’est que dorénavant, ils jouiront d’une présence d’un autre ordre. Une présence plus riche que ne l’était la présence physique de leur Maître, car ce dernier devait assumer les limites inhérentes à sa condition mortelle. Cette présence donc se manifestera par l’amour indéfectible du Père qui leur enverra, au nom de son Fils, l’Esprit consolateur (v. 26). Bien sûr, dès sa disparition ses proches auront l’impression que Jésus vient de leur être enlevé à jamais. Mais ils comprendront, au fur et à mesure que l’absence se fera sentir, qu’il leur reste le meilleur de leur ami : sa Parole. Parole écoutée, accueillie, conservée dans leur cœur. Cette parole fera merveille car elle rendra présent Celui qui l’a prononcée sur les chemins de Galilée : Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole (v. 23). Et cet amour des siens pour Jésus restera vivant jusque dans la mort.

La nouvelle demeure de Dieu

     Désormais la Parole du Seigneur possède une nouvelle demeure : le cœur de l‘homme et de la femme de bonne volonté. Elle est facile à rejoindre et surtout à entendre, pour peu que l’on soit capable de descendre dans la profondeur de notre être. Cette Parole a été déposée par le Père : La parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé (v. 24). Voilà que tout devient clair. De plus, ajoutons que c’est l’Esprit qui éveille cette Parole, qui la fait affleurer à notre mémoire. Ces réalités spirituelles nous dépassent et cela restera ainsi aussi longtemps que nous serons enfermés dans notre condition charnelle. Mais la foi nous apprend que ces réalités spirituelles sont cependant plus réelles que ce que nous pouvons voir ou toucher. Elles sont notre vérité la plus forte et vers laquelle, souvent, nous sommes aspirés malgré nous mais toujours en douceur.

Le voyant de l’Apocalypse

     Si ces réalités spirituelles demeurent voilées pour la plupart d’entre nous, elles éclatent cependant aux yeux du voyant  de l’Apocalypse dont il est question dans la deuxième lecture. Pour lui, le ciel s’est découvert afin de lui permettre de contempler la nouvelle Jérusalem qui descendait du ciel d’auprès de Dieu.   (Ap 21, 10). Cette cité sainte que Jean a entrevue, entraîné par l’Esprit, est celle qui deviendra dorénavant la demeure de Dieu auprès de cette humanité dont nous sommes. Dieu est donc tout en tous, tout en haut dans le ciel et tout en bas dans nos profondeurs secrètes. Jamais les Paroles du Père déposées dans la bouche de Jésus ne pourront disparaître. Il nous les a confiées comme un dépôt sacré. Cette cité sainte n’a pas besoin de nos supports terrestres : lune, soleil, étoiles. Elle est illuminée par le dedans car la source de lumière, c’est l’Agneau. (Ap 21, 23) Dans les liturgies modestes ou grandioses, dans la prière en assemblée ou murmurée dans le secret du cœur, le Père et le Fils demeurent en nous et l’Esprit prie avec nous en des gémissements ineffables. (Rm 8, 26) Quel mystère et quel bonheur!

Les ambassadeurs de la paix

     La paix que l’Esprit du Christ a déposée dans notre cœur lorsqu’il est disparu à nos yeux a inspiré plusieurs groupes chrétiens. Dans mon entourage il existe des retraités de l’enseignement qui chantent la paix, le bonheur de vivre, l’enchantement de la musique. Ils sont des ambassadeurs de l’amitié, de la fraternité universelle. Il existe aussi d’autres ambassadeurs de la paix, ceux-là donnent temps et argent pour réconforter, soulager, ramener des sourires chez les enfants malades, les personnes handicapées ou âgées souvent désoeuvrés   et quelquefois abandonnés. Où puisent-ils ces réserves de bonté, d’altruisme, de don de soi ? Là où réside le meilleur de leur être c’est-à-dire dans la cité sainte de leur moi profond. Et cela, quelles que soient leur croyance ou leur allégeance religieuse. Dieu est tout en tous, nous l’avons dit. Nous sommes les enfants du Dieu Créateur. Là où il y a la charité, Dieu est présent. Ne doutons jamais de cette ultime vérité.

La paix dépasse les frontières

     C’est la paix que je vous laisse, c’est la paix que je vous donne.  (v. 27) Le souhait de la paix est constamment évoqué dans les relations interpersonnelles et aussi dans les relations internationales. On le sait, dans certains pays l’expression habituelle pour entrer en contact se traduit par : La paix soit avec vous. Les Juifs, pour leur part, diront Shalom et les arabes Salam. Elle remplace notre bonjour. Ce même souhait sert d’introduction à notre liturgie eucharistique. Mais le Christ nous met en garde à propos de nos souhaits de paix : C’est ma paix que je vous donne; mais ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. (v. 27) Ces paroles viennent confirmer combien nos salutations peuvent n’être que des mots vides. Quand nous voyons les guerres fratricides, les conflits entre les peuples, nous avons de la difficulté à comprendre comment ces gens continuent de se saluer en souhaitant la paix.  Quand on entend dans nos célébrations liturgiques chanter haut et fort : Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix, alors que certains refusent de tendre la main, force est de constater que, non, cette salutation n’est pas toujours prononcée à la manière du Christ. Elle est une habitude langagière sans plus, à moins que l’utilisation plus consciente de ce mot en vienne à favoriser une meilleure relation et ainsi développer la paix. Soyons des chrétiens optimistes…

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2358. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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