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18e dimanche ordinaire A - 3 août 2014

 

Le partage d'abord et l'au revoir ensuite

 

Multiplication des pains : Matthieu 14, 13-21
Autres lectures : Isaïe 55, 1-3; Psaume 144(145); Romains 8, 35.37-39

 

Les versets qui précèdent le texte du 18e dimanche racontent la mort tragique de Jean le Baptiste. L’évangile est explicitement mis en lien avec ce fait qui a bouleversé Jésus. Il sent le besoin de s’isoler : L’ayant appris, Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l’écart (Mt 14, 13). Le récit de la multiplication des pains marque donc d’une pierre blanche le ministère de Jésus.

Les pains multipliés

     Cet événement est un des souvenirs évangéliques qui a retenu l’attention des premiers prédicateurs chrétiens. À force de l’utiliser, il a subi forcément des transformations. Non pas tant pour la véracité du fait que dans sa facture littéraire. La communauté chrétienne avait retenu la multiplication des pains dans le récit d’Élisée (2 R 4, 42-44). Elle n’avait pas oublié non plus le récit de l’Exode avec la manne au désert (Ex 16). Tous ces souvenirs ont servi de références très claires à l’eucharistie chrétienne. La ressemblance est éloquente ici : Il prononça la bénédiction, il rompit les pains, il les donna aux disciples et les disciples les donnèrent à la foule (v. 19). Ajoutons que si la rédaction finale de la multiplication des pains est le fruit d’une élaboration postérieure à l’événement, c’est aussi le cas pour bien d’autres actualisations des faits et gestes de Jésus. Vivante est la Parole! Chacun s’en empare, chacune en fait son miel en prenant soin de lui garder sa pureté originelle.

La mission de Jésus

     Rien ne pourra empêcher Dieu de nous aimer dit Paul : Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu (Romains 8, 39). Rien non plus ne peut empêcher Jésus d’accomplir sa mission. Il profite des situations perdues d’avance pour le prouver. C’est à ces occasions qu’il nous laisse deviner sa passion pour l’homme et la femme. Il est le Maître de l’impossible, de l’inattendu. C’est ce que veut évoquer le dialogue entre Jésus et les disciples. Lorsque ces derniers objectent qu’ils n’ont que cinq pains et deux poissons (v. 17), Jésus conclut par cette phrase teintée d’une légère impatience : Apportez-les moi ici (v. 18).

Une parole toujours actuelle

     Le risque est grand et le danger toujours présent d’entendre et de lire la Parole de Dieu comme l’écho d’un merveilleux passé ou d’un âge d’or de la Parole. Comme chrétiens et disciples du Christ nous avons à éviter cet écueil, néfaste pour notre foi. Cet évangile nous parle d’un fait qui nous concerne personnellement. Il nous révèle un Dieu Sauveur qui veut que personne ne s’éloigne sans être rassasié de pain matériel et de sollicitude divine. Il nous invite à croire à l’inimaginable. Il nous invite à admirer la compassion du Seigneur. Il nous invite enfin à vivre le partage même dans le désert de nos vies et lorsqu’il se fait tard (v. 15).

Un récit questionneur

     Un jour, un lecteur assidu m’écrit à propos de cet évangile. Il était déçu des apôtres car, dit-il, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de renvoyer la foule. N’étaient-ils pas avec le Maître qui savait tirer parti de situations encore plus difficiles? Sans trop vouloir défendre les apôtres, j’ai osé regarder mon propre comportement. N’ai-je pas le réflexe de déplacer le problème quand les choses se compliquent? Puis, interpellant mon lecteur, j’ajoute : N’est-ce pas souvent notre manière d’agir quand un fait de vie complexe se présente? Pourtant, dans cette situation qui semble inextricable, Jésus trouve une solution. Il invite à regarder à froid ce qui se vit. Il brise le réflexe de défense des disciples qui veulent renvoyer cette foule pour en finir. Jésus leur demande plutôt de prendre en main la situation : Donnez-leur vous-mêmes à manger (v. 16). Le message est clair : le partage d’abord et l’au revoir ensuite.

Les attentes de Jésus

     Jésus attend de nous que nous prolongions son action. Nos gestes de bonté, multipliés, permettront aux ventres creux de reprendre courage, aux genoux flageolants de continuer la route. C’est cela prolonger l’Eucharistie du Seigneur. C’est aussi cela vivre l’évangile au quotidien. Lever les yeux au ciel comme lui (v. 19) pour implorer le secours du Père mais surtout, comme lui toujours, les baisser sur l’entourage pour y croiser tous ces regards tendus vers nous, attendant les cinq pains et les deux poissons (v. 19) qui leur rappelleront qu’ils sont les enfants du Père. Ce Père qui les aime et qui compte sur nous pour le leur révéler et pour nourrir ainsi leur âme.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2406. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La joie de trouver