INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

Dimanche de la Résurrection A - 20 avril 2014

 

Cet indicible troisième jour...

 

Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
Autres lectures : Actes 10, 34.37-43; Psaume 117(118); Colossiens 3, 1-4


Oui, il y eut l'effroyable vendredi du Golgotha, il y eut le mystérieux sabbat, puis vint le troisième jour, ce premier jour d'une nouvelle semaine. Laissons le 4e évangéliste nous partager le regard qu'il a porté sur l'expérience de Marie de Magdala, de Pierre et de l'autre disciple, en ce troisième jour.

     Marie Madeleine est ici, la première à se rendre au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore sombre. Les trois évangiles synoptiques la présente accompagnée soit de Marie, mère de Jacques et de Salomé (Mc 16, 1); soit simplement de l'autre Marie (Mt 28, 1); soit de Jeanne, de Marie, mère de Jacques et d'autres femmes (Lc 24, 10).  En Jean, seule Marie de Magdala est nommée et, en ceci, on reconnaît la manière de cet évangéliste qui simplifie, mettant ainsi mieux en relief le contraste entre la réaction de cette femme et l'appel que le Ressuscité veut faire à sa foi.

Devant le tombeau vide

     Ce que Marie de Magdala voit, c'est un tombeau vide. À noter la présence du mot « tombeau » employé six fois dans ces quelques lignes. L'interprétation par Marie de ce constat, c'est que le corps a été enlevé. Se posent alors les questions : qui a volé le corps ? Et où l'a-t-on mis ?  Que fait-elle alors ?  Elle court informer Pierre et l'autre disciple identifié comme le disciple que Jésus aimait.  En ces neuf versets, le compagnon de Pierre sera nommé : l'autre disciple, quatre fois.  Était-ce la façon trouvée par le narrateur pour présenter son propre rôle en toute discrétion ?

     Le Pierre à qui Marie de Magdala vient partager son expérience du tombeau vide et de l'interprétation qu'elle fait de sa découverte est le Pierre du triple reniement, le Pierre qu'on n'a pas vu au Golgotha.  Avec l'autre disciple, son compagnon, il part, se rend au tombeau. On a soin de préciser qu'ils courent ensemble. Mais comment expliquer la présence de minimes détails dans un récit témoignant du plus grand événement de l'histoire du monde : l'autre disciple court plus rapidement que Pierre; il arrive le premier au tombeau; il voit les linges funéraires affaissés; et n'entre pas dans le tombeau.

     C'est Pierre qui, le premier, entre dans le tombeau. La description de la position des linges et du suaire a tout pour nous convaincre que l'interprétation de l'enlèvement du corps ne tient pas. Ce récit ne nous dit rien de plus sur la réaction de Pierre, mais de l'autre disciple, le texte nous dit : Il vit et il crut.  Jusque-là, Pierre et l'autre disciple n'avaient pas compris que l'Écriture avait annoncé que Jésus ressusciterait d'entre les morts.

L’appel à la foi

     Où en étaient Marie, Pierre et l'autre disciple dans leur cheminement de foi lorsqu'ils ont vécu cette expérience ?

     Marie de Magdala était une femme profondément dysfonctionnelle avant que Jésus ne l'ait libérée de ses 7 démons (Lc 8, 1-3). Guérie, elle s'était mise à suivre Jésus, à servir la communauté des disciples de Jésus.  Elle était aussi montée à Jérusalem avec Jésus puisque les quatre évangiles la montrent présente à la mort de Jésus, puis au tombeau. La liturgie du dimanche de Pâques la saisit au moment où elle est profondément affligée de ce qu'elle croit être un enlèvement du corps de Jésus, mais nous savons ce qui suivra : la rencontre si saisissante de Marie de Magdala avec le Ressuscité. Et Marie aura mission d'être apôtre auprès des apôtres (Jn 20, 11-18).

     Où en était Pierre dans sa relation avec Jésus lorsque Marie de Magdala en pleurs lui parle d'un enlèvement du corps ? S'est-il souvenu alors du premier appel (Mc 1, 16-20),  du « Mais sur ta parole, je jetterai les filets (Lc 5, 5), du Tu t'appelleras Céphas (Jn 1, 42), du Ordonne-moi de venir à toi sur les eaux (Mt 14, 28), du Tu es Pierre (Mt 16, 17s), du Il est heureux que nous soyons ici (Lc 9, 33), du Combien de fois dois-je pardonner ? (Mt 18, 22), du Seigneur à qui irions-nous? (Jn 6, 68), du Tu ne me laveras jamais les pieds! (Jn 13, 8), du Je donnerai ma vie pour toi (Jn 13, 37), du Je ne connais pas cet homme (Mt 26, 72) ?  En Jn 20, 1-9, nous n'avons que le silence de Pierre, mais la première lecture, Ac 10, 34. 37-43, nous présente un Pierre qui, à son arrivée à Césarée, dans la maison d'un centurion romain, affirme que le pendu au bois du supplice a été ressuscité par Dieu, le troisième jour et que Dieu lui a donné de se montrer non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts (Ac 10, 41)

     Où en était l'autre disciple dans sa relation avec Jésus lorsque Marie de Magdala partage avec Pierre et lui la détresse de son cœur, à la pensée que le tombeau est vide et que le corps a dû être volé ?  A-t-il, lui aussi, pensé à son premier appel (Mc 1, 19; Jn 1, 37-40) ?  S'est-il souvenu du dernier repas, alors qu'il se trouvait à table tout contre Jésus et qu'à la demande de Simon-Pierre, il avait posé la fameuse question: Seigneur, qui va te trahir ?  S'est-il souvenu du Golgotha, de sa présence douloureuse auprès de Marie, de la parole adressée par Jésus à Marie : Femme, voici ton fils et de celle qui lui est adressée à lui : Voici ta mère ?  Et dans le rayonnement d'une relation si intime, pouvons-nous vraiment nous surprendre que l'évangéliste ait affirmé sans hésitation que l'autre disciple vit et crut.  Et nous restons avec la question : parlait-il de lui-même ?

Ressusciter avec le Christ (Col 3, 1-4)

     La liturgie de la Fête des fêtes nous offre aussi une méditation de Paul, l’apôtre des nations, ou d'un de ses disciples sur des implications de notre foi en la Résurrection du Crucifié du Golgotha. Si nous sommes un seul Corps avec le Christ, nous sommes donc ressuscités avec Lui qui est assis à la Droite de Dieu. Par conséquent, notre vie doit se tourner vers les choses d'en-haut. Ressuscités avec Lui, oui, mais aussi morts avec Lui, et donc vivant d'une vie cachée avec le Christ en Dieu. Avec le Christ dans la Résurrection, avec Lui, dans la mort, mais aussi appelés, un jour, avec Lui, en pleine gloire (Col 3,1-4). Pensons-y…une telle confession de foi mise au compte d’un illustre persécuteur des disciples de Jésus. Et il avait évolué au point d’avoir la certitude que la mort et la résurrection de Jésus était selon les Écritures (1 Co 15,3-4).

     Et nous, à quelle étape de notre itinéraire de foi la proclamation de la Résurrection nous trouve-t-elle en 2014 ?

 

Lorraine Caza, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2400. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Aller jusqu'au bout