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16e dimanche ordinaire B - 19 juillet 2015

 

Au service du peuple

 

Vocation des premiers Apôtres par Domenico Ghirlandaio, 1481.

Vocation des premiers Apôtres par Domenico Ghirlandaio, 1481.

 

 

Retour des apôtres : Marc 6, 30-34
Autres lectures : Jérémie 23, 1-6; Psaume 22(23); Éphésiens 2, 13-18

 

Les trois lectures d’aujourd’hui nous entretiennent sur Israël le peuple choisi. D’abord, le prophète Jérémie le compare à un troupeau (Jr 23, 1-6). Même si cette image est employée fréquemment dans la bible, elle ne correspond pas à l’idée que nous en avons à notre époque. Cependant, elle est évocatrice d’une réalité biblique et culturelle. Dans la deuxième lecture, Paul insiste sur le fait que le peuple juif et les peuples de la terre, encore païens, ont été réunis dans l’unité de la mort du Christ sur la croix (Ep 2, 13-18). Enfin, dans l’évangile, (Mc 6, 30-34) on voit Jésus entouré de gens désemparés avides de l’entendre. Son intention n’est pas tant de nourrir la foule, en posant un geste spectaculaire comme nous l’apprendrons dimanche prochain, mais bien plutôt de se présenter comme un rassembleur. Un rassembleur  qui ne fait pas de distinction entre les hommes, les femmes et les enfants. Il veut faire de ces auditeurs un peuple semblable à celui d’Israël au désert.

Des gestes évocateurs

     Contrairement à Matthieu et à Jean, Marc est d’une grande sobriété concernant les discours de Jésus. Ici, il ne fait que rapporter des gestes simples, concrets, pleins de sollicitude et de tendresse : venez à l’écart, au désert et reposez-vous un peu. Ces brèves paroles sont en lien avec le retour de la première mission des apôtres. Ces derniers sont pressés de raconter au Maître les résultats de leur première aventure missionnaire (Marc 6, 30). Mais les arrivants et les partants (v. 31) venus pour entendre Jésus et se faire guérir ne facilitent pas l’échange des confidences. Les apôtres n’avaient même pas le loisir de se restaurer un peu. Aussi Jésus prend la décision d’emprunter la barque et d’y faire monter les siens pour se diriger vers un endroit désert. Il veut leur prêter une écoute attentive. Mais la foule n’a pas dit son dernier mot. Elle devance à pied  la barque pour se retrouver sur l’autre rive et attendre Jésus sur le rivage. Il n’en fallait pas plus pour que le cœur du Pasteur soit rempli de pitié. Car il voit dans cette foule, des personnes qui lui apparaissent comme des brebis sans berger. Aussi il ne peut s’empêcher de les instruire longuement (v. 34).

Un message explicite

     La foule en question, est assoiffée d’entendre une parole de vérité de l’homme Jésus. Il est facile de le constater en voyant les efforts qu’elle s’impose pour aller le rejoindre. Ces gens ne se contentent pas de regarder Jésus s’éloigner. Au contraire! Ce départ précipité va décupler leur désir de l’entendre. C’est donc à ce désir, à ce besoin impérieux que Jésus s’apprête à répondre. Ce n’est pas la première fois que l’on voit Jésus modifier son itinéraire ne serait-ce que pour rencontrer une famille éplorée, s’arrêter devant un convoi mortuaire, causer au bord d’un puits avec une femme désemparée, écouter la plainte d’un père, d’une mère endeuillés, d’un pauvre implorant une guérison. Ces circonstance nous envoient un message explicite : Jésus veut se faire proche des besoins les plus pressants. Il veut consoler, guérir, écouter. C’est le but de sa mission.

Un choix étonnant

     Dans la scène évangélique qui nous est présentée nous aurions pu nous attendre à un Jésus avide d’écouter d’abord le récit des apôtres. C’est pourtant lui qui les a mandatés pour la mission. Leurs activités apostoliques devaient l’intéresser. Mais au lieu de s’entourer de ses proches qui devaient s’attendre à recevoir un traitement de faveur, Jésus choisit de privilégier la foule anonyme. Il veut devenir pour elle ce pasteur dont elle est privée. J’aime à penser que Jésus, regardant les siens, veut leur fait comprendre que la réunion intime est différée. Il y a urgence! Les apôtres ont sûrement saisi, sans pour autant tout comprendre, que le choix de Jésus est d’aller vers les affamés de pain et de réconfort. Quel enseignement pour les apôtres qui devront eux aussi faire ce choix pour la suite des jours.

Un service inaliénable

     L’Église instituée selon la volonté de son Fondateur, doit être composée de personnes en service. Contrairement à l’image que nous renvoie souvent la société civile où le prestige compte pour beaucoup. Où la bureaucratie entrave l’efficacité. Où hélas, les petits ont du mal à se faire écouter et à obtenir justice. Le peuple de Dieu doit être servi en premier. Les réunions, les concertations, les sondages ne doivent pas prendre le pas sur l’écoute des besoins spirituels et matériels. Comme chacun le sait, pour bien entendre la Parole il faut que le corps soit rassasié des besoins primaires. Ventre affamé n’a pas d’oreilles nous dit un vieux proverbe. Les ministres consacrés, les apôtres laïcs, les intervenants sociaux sont là pour entendre les cris. Le cri transgresse les barrières de langue et de culture. Le cri n’a pas d’appartenance. Il appartient aux souffrants de toutes catégories.

Au temps de Jérémie

     Au temps du prophète, la situation sociale se détériorait à cause des autorités qui ne cherchaient qu’à s’enrichir et à dominer. Le bien-être du peuple était le cadet de leur souci. Ce siècle se définissait par la trahison de ceux qui devaient être les pasteurs des brebis et non les oppresseurs. Le système était pourri de la racine au faîte de l’arbre. Devant une telle situation Jérémie fustige les mauvais pasteurs et les menace. C’est pourquoi le Seigneur se porte lui-même garant du troupeau délaissé (Jr 23, 3). Jésus, des siècles plus tard, reprendra à son compte les paroles du prophète Jérémie.

Au temps de Paul

     Paul se trouve devant un problème de taille : les relations difficiles entre les chrétiens issus du judaïsme et ceux issus du paganisme. Il en parle surtout dans son épître aux Romains mais il y revient dans sa lettre aux Éphésiens tant cela lui tient à cœur. Il leur rappelle, qu’indépendamment de leurs origines, ils sont tous devenus chrétiens dans la mort du Christ qui a fait d’Israël et des païens un seul peuple (Ep 2, 14). Personne ne doit revendiquer une quelconque supériorité. En Jésus, la loi mosaïque est dépassée. Dorénavant il n’ya qu’un seul troupeau dirigé par un seul Berger, le Christ Jésus. Nous avons à participer à cet effort d’unité et de paix en nous laissant mener, par le bon Berger, vers les eaux tranquilles pour y refaire notre âme (Ps 22).

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2447. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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