INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

6e dimanche de Pâques B - 10 mai 2015

 

Aimer comme Lui

Dernière cène

Commémoration de la Cène par l'Eucharistie

 

 

L'image de la vigne et des branches : Jean 15, 9-17
Autres lectures : Actes 10, 25-26.34-35.44-48; Psaume 97(98); 1 Jean 4, 7-10

 

Les lectures de ce jour nous convient à l’universalisme et à l’amour fraternel et cela, sans exception ni discrimination. Le peuple d’Israël vivait en étroite solidarité avec leurs congénères. En agissant ainsi il ne faisait pas exception car les autres civilisations environnantes en faisaient autant. Mais ce repliement l’a conduit à mépriser ceux et celles qui n’étaient pas de même culture et de même religion. Les enfants d’Israël, conscients dès le jeune âge, étaient éduqués avec la certitude d’être le peuple choisi par Dieu. Et ce choix donc, les mettait à part et même au-dessus des autres peuples. Il a fallu la Bonne Nouvelle proclamée par Jésus, fils d’Israël lui-même, pour les amener à l’amour universel fondement du Christianisme.

Le discours de la dernière Cène

     Lorsque Jean nous rapporte le sens des paroles de Jésus partageant son dernier repas avec les Douze, il est évident que notre auteur est préoccupé par l’attitude des chrétiens de son époque. Il se rend compte qu’après seulement soixante ans, ces derniers sont en voie d’oublier l’essentiel du message de leur Maître : l’amour inconditionnel pour les autres. Il veut leur rappeler qu’au moment même où il donnait son corps comme un nouveau Pain de vie offert sur la grande table de la famille humaine, le Christ a voulu que ce Pain soit, pour qui voudra bien le rompre et le partager, le Signe d’une charité universelle. Demeurez dans mon amour (Jean 15, 9) est le leitmotiv qu’il a légué aux siens et qui s’est transmis d’âge en âge jusqu’à nous.

L’amour est joie

     Qui que nous soyons, nous sommes en quête de bonheur. L’être humain veut être heureux là où il vit, là où il sert. Seul l’amour, le véritable amour, peut combler cette quête bien légitime. L’évangile nous le répète de mille et une manières, et encore plus sous la plume de l’apôtre bien-aimé, qu’en Dieu tout est joie : Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie (v. 11). Le Père aime le Fils, le Fils aime le Père et l’Esprit Saint est le fil conducteur de cette joie amoureuse que le Père et le Fils éprouvent l’un pour l’autre. Impossible d’être joyeux replié sur soi. L’amour est comme une source qui coule joyeusement en nous et vers les autres pour les abreuver, les aider à fleurir. L’amour trinitaire en est le modèle achevé.

L’amour est découverte

     Le mystère de l’autre nous fascine. Notre propre mystère nous étonne. Les mystères de la nature nous laissent, pour la plupart, sans réponses satisfaisantes. Que dire du mystère de la souffrance et de la mort? Essayer de creuser ces mystères peut même nous angoisser. Ces secrets divins donc, il faut nous l’avouer, demeureront une énigme tant que nous ne serons pas dans la claire vision. Nos  limites humaines en sont la cause. Comment retrouver la paix? Seul l’amour confiant de l’enfant envers son père, peut nous donner une clé d’interprétation. Non pas une réponse claire. Non pas des mots précis pour éclairer nos ténèbres mais parce que Jésus nous a dit que : Ce qu’il a appris de son Père, il nous l’a fait connaître (v. 15). Découvrir le sens de ces paroles c’est faire taire toute désespérance. La promesse de Jésus ne peut cohabiter avec l’angoisse et la détresse.

L’amour est fécondité

     L’amour est nécessairement fécond : fécondité dans la chair, fécondité dans le service, fécondité dans la souffrance. L’amour crée. L’amour développe en nous un désir de poser des gestes qui rendront l’humanité meilleure et cela grâce à la communion des saints. Et ce qu’il ne faut pas oublier surtout, c’est que seul l’amour donne des fruits durables : C’est moi qui vous ai choisi afin que vous partiez, que vous donnez du fruit, et que votre fruit demeure (v. 16). Nous portons tous au cœur un rêve : que Dieu exauce notre désir le plus profond de porter du fruit. Ce dont il nous faut être convaincus c’est que seul l’amour est exigé de la part de Dieu pour combler ce désir. Si l’amour n’est pas au rendez-vous rien ne sert de mener le combat, même le plus altruiste, de multiplier les heures de prière dans le secret de nos chambres ou dans les églises. Si tous efforts et nos bonnes résolutions ne sont pas marqués du sceau de l’amour, rien ne changera : ni en moi, ni chez les autres. En un mot, rien ne pourra venir au jour.

La lettre d’un grand sage

     La Première lettre de Jean, l’apôtre bien-aimé du Seigneur, a été écrite entre les années 90 et 100 après la mort de Jésus. L’auteur a eu le temps de réfléchir à cette aventure inouïe qu’il lui fut donnée, de pouvoir vivre tout près de Jésus et cela durant trois riches et belles années. Il a reçu son enseignement et il l’a transmis avec fidélité. Cependant, il s’interroge de ce qu’il est advenu de la foi chrétienne concernant les convertis de l’Asie Mineure. Il constate qu’ils se sont laissé piéger par des courants qui véhiculent toutes sortes de théories plus ou moins farfelues et souvent erronées, sur le Dieu de Jésus Christ. S’égarant ainsi loin de l’enseignement du Maître, donc de la pureté de l’évangile. Il constate que les adeptes de ces nouveaux courants affirment être dans la vérité. Aussi ils vont se diviser en petits groupes et par le fait même se traiter réciproquement d’hérétiques. Il n’y a pas de pires accusateurs que ceux et celles qui sont convaincus de détenir à eux seuls la vérité. Aussi, dans sa sagesse que lui confère son grand âge, et avec la douceur qu’on lui connaît, Jean essaie fraternellement de les ramener à l’essentiel, c’est-à-dire à la genèse du message livré par Jésus, Fils de Dieu.

Trois réponses à des questions fondamentales     

     Dans un style qui lui est particulier, Jean va répondre, à ces chrétiens égarés et divisés, à l’aide de trois questions que l’on devine en filigrane dans sa lettre : Qu’est-ce que Dieu? Que veut dire être sauvé? À quoi sert la religion? À la première Jean répond avec une simplicité déconcertante : Dieu est amour puisque l’amour vient de Dieu (2 Jn 4, 7-8). Devant cette vérité première, toutes les théories théologiques tombent inéluctablement. À la deuxième question, Jean répondra que le salut c’est l’amour de Dieu manifesté aux hommes : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui (v. 9). Enfin la réponse à la troisième question vient préciser que la religion, dont le mot dérive du latin religare c’est-à-dire relier, est une manière de répondre au salut offert : Dieu a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés (v. 10). Étant donné que le salut est un geste d’amour, la religion ne peut être autre chose qu’une relation d’amour avec Dieu. Et le comment vivre concrètement cette relation consiste à s’aimer les uns les autres. Seul lien véritable entre Dieu et nous.

L’aujourd’hui de nos vies

     Rien n’est plus percutant que le commandement fondateur de toute relation : aimer Dieu et son prochain. Pourtant une brève introspection nous révèle combien nous sommes habiles à transformer le salut en marchandage. Notre religion risque alors de se réduire à des lois, des rites, des habitudes alors qu’elle devrait être d’abord témoignage. En tant que baptisés, nous avons à former une communauté de vie fraternelle. C’est à ce prix que le Royaume pourra advenir. Comme croyants, nous sommes les dispensateurs de cette bonne nouvelle. Quelle belle mission.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2446. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Demeurer dans le Christ Jésus