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20e dimanche ordinaire C - 14 août 2016
 

Responsable de mon baptême

 

 

Pourquoi Jésus est-il venu : Luc 12, 49-53
Autres lectures : Jérémie 38, 4-6.8-10; Psaume 39(40); Hébreux 12, 1-4

 

Nous sommes toujours dans la montée vers la Ville Sainte entreprise par Jésus et ses disciples. Occasion des plus favorables pour le Maître de donner un enseignement sur des réalités importantes qui seront précieuses pour ses compagnons de voyage lorsqu’il sera monté vers son Père. Jésus sait ce qui l’attend : Le temps où il devait être enlevé est tout près (Luc 9, 51) Mais il exercera, envers et contre tous, sa mission prophétique jusqu’à la croix victorieuse.

Le feu vengeur

     Le feu, dans l’Ancien Testament, est souvent évoqué pour juger ou  punir. Les villes de Sodome et de Gomorrhe, détruites par le feu, ont frappé l’imaginaire (Genèse 19, 24). Sans parler des éclairs, foudroyant Pharaon et son armée (Exode 14, 24). Ce sont là des images, bien sûr, images que Jésus empruntera à quelques reprises comme dans la parabole du jugement où il rappelle le sort réservé aux personnes qui ont négligé de secourir les misérables (Mt 25, 31-46). Jésus partageait la culture de son époque et de ses auditeurs. Il connaissait les Écritures et en empruntait les symboles comme tout bon Juif croyant et pratiquant. Mais la suite nous montrera également qu’il les interprètera avec discernement.

L’Esprit Saint et le feu

     Luc, pour parler de l’Esprit, se servira lui aussi de l’image du feu : Ils virent apparaître comme une sorte de feu (Actes 2, 3). Disons qu’au moment de la rédaction de ce livre, le feu de Pentecôte a déjà embrasé la terre. Mais le rédacteur de l’évangile nous présentera un Jésus qui attend le don de l’Esprit comme étant le sommet et le terme de sa mission terrestre. Pour ce dernier le feu n’est pas encore pris, un feu qui transformera le monde : Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé! (Luc 12, 49) Ainsi les paroles de l’évangéliste nous apparaissent plus compréhensibles.

Un homme de désir

     Jésus veut embraser le monde du feu de l’Esprit. Il est un homme de désir. Un homme conscient d’une vaste mission et d’un immense projet à accomplir. Cette mission, ce projet lui sont confiés par le Père. Il vient Renouveler la face de la terre, pour emprunter le répons du beau psaume 103 chanté à la Pentecôte. Dans ce monde qui rêve de lendemains qui chantent les déceptions en chavirent plusieurs. Cependant, comme Jésus, il faudrait nous imprégner de ce désir et nous laisser envahir par l’enthousiasme qui le porte. Éteindre l’Esprit, en nous et dans les autres, est impardonnable car c’est se plonger dans les ténèbres sans vouloir en sortir.

L’attente du baptême

     Pour bien saisir le mot baptême (v. 30), il faut se référer au sens grec qui signifie plonger (baptisma). Ainsi, lorsque Luc en parle, il fait référence à la manière dont on baptisait en ce temps-là. Nous sommes loin de notre rite timide et discret. Au temps de Jésus, il s’agissait d’une immersion complète du corps dans un immense bassin ou dans un cours d’eau. Jésus désirait cette plongée ultime : Je dois recevoir un baptême, il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli! (v. 50). Pour mieux saisir l’empressement de Jésus il faut, là aussi, avoir recours au langage symbolique. Jésus pense à l’imminence de sa Passion. Il imagine déjà ce bain de sang dans lequel il sera plongé. En son humanité, il ressent alors de l’angoisse. Mais une fois englouti dans ces eaux mystérieuses, il en ressortira éternellement vivant.

Une interrogation capitale

     Une parole de saint Jean-Paul II m’a interpellée : Chrétien, chrétienne, qu’as-tu fais de ton baptême? Si la vie chrétienne comporte des souffrances et des deuils inhérents à toute existence humaine, pourrait-elle aussi être un lieu d’épanouissement? Pourrait-elle être un passage obligé nourri par une espérance certaine, solide, ancrée dans le roc du tombeau vide? Le propre de la vie chrétienne est d’aller au bout de l’amour du Christ qui nous rend capable d’aimer jusqu’au scandale (du grec skandalôn, pierre d’achoppement). Cette option peut quelquefois devenir cause de division au sein de notre propre famille (vv. 52-53). J’ai en mémoire l’histoire d’une femme, rencontrée au hasard de la vie, qui a veillé jusqu’à son trépas, l’homme qui l’avait trompée et malmenée car disait-elle : Il est le père de mes enfants et je suis une baptisée. Sa famille la ridiculisait et la traitait de faible et d’inconséquente.

Une prière de réconciliation

     Seigneur, rends-moi responsable de mon baptême. Viens allumer le feu qui brûle toute colère, tout mépris. Plonge-moi dans ton désir de voir la face de la terre renouvelée. Pénètre le cœur de tes fidèles, embrase-le de ta flamme ardente. Amen!

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2494. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La nuit de l'attente