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32e dimanche ordinaire C - 6 novembre 2016
 

La mort n'a pas le dernier mot

Résurrection des morts, vitrail provenant de la Sainte-Chapelle de Paris,

Résurrection des morts, vitrail provenant de la Sainte-Chapelle de Paris,
vers 1200. Diamètre : 58 cm. Paris, Musée de Cluny - Musée national du Moyen-Âge.

 

 

La résurrection des morts : Luc 20, 27-38
Autres lectures : 2 Maccabées 7, 1-2.9-14; Psaume 16(17); 2 Timothée 2, 16 - 3,5

 

Les lectures bibliques de ce dimanche conduisent au questionnement  qui taraude, un jour ou l'autre, toute existence humaine : la vie après la mort. Pourquoi la vie sur cette terre? pourquoi la mort? Et après?  Il convient peut-être de relativiser les représentations de notre esprit et les projections de notre imagination,  afin de mieux saisir l'éclairage qu'apportent les trois lectures, rédigées à des époques  et  dans des  milieux différents. Le contexte de l'évangile choisi nous entraîne vers la mort de Jésus : les annonces se font de plus en plus claires (18, 31-34);  son enseignement emprunte une dimension eschatologique avec la parabole des mines (19, 11-27), son entrée à Jérusalem (19, 29-40), sa visite au Temple où il chasse les vendeurs (19, 45-48). Et ses adversaires  multiplient les polémiques (20, 1-8. 20-26) où apparaît leur intention de le faire périr.

Des Sadducéens malveillants

     Deux groupes, les Pharisiens et les Sadducéens qui sont à couteaux tirés,  tendent souvent des pièges à Jésus, multiplient leurs interventions pour le prendre en défaut. Les premiers vont l'accuser de blasphémer, or, cette faute entraîne la lapidation. Les seconds font partie de l'appareil religieux du Temple et du Sanhédrin. Ce sont les grands prêtres, les scribes et les anciens -des conservateurs religieux-, qui se divisent en 24 classes et administrent le Temple. Dans ce groupe, sont choisis les fonctionnaires qui traitent avec l'occupant romain.  Pour les Sadducéens, la Loi est sacrée et ils s'en tiennent aux premiers textes formulés dans le Pentateuque. Ils ne sont pas empressés d'accueillir le Messie, car leurs privilèges sociaux et matériels les comblent. On dit qu'ils ne sont pas portés à la discussion théologique. On en a un exemple extrême avec cette histoire, surréaliste et ridicule, d'une femme mariée à sept frères, successivement.
Les Sadducéens ne croient pas en la résurrection  des morts qui, selon  eux, serait  une innovation,  non inscrite dans le livre de la Loi.  Ils manoeuvrent afin de mettre Jésus en difficulté, car ce qui les intéresse, c'est de trouver un motif d'inculpation. Pour l'heure, ils présentent une situation à Jésus, en s'appuyant sur  la loi du «lévirat», formulée dans le Deutéronome: Si des frères habitent ensemble et que l'un d'eux meure sans avoir de fils. La femme du défunt n'appartiendra pas à un étranger, en dehors de la famille; son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme  et fera à son égard son devoir de beau-frère. Le premier fils qu'elle mettra au monde perpétuera le nom du frère qui est mort; ainsi son nom ne sera pas effacé d'Israël (25-5-6; Genèse, 38, 8).  Mais cette situation évoquée, les Sadducéens la manipulent en recourant aux autres frères.  Ils tentent ainsi de prouver l'invraisemblance de la résurrection, manifestant également quelle conception ils en ont, à savoir un retour à l'état antérieur à la mort, avec des activités humaines qui se poursuivent.

La résurrection: une vie
en plénitude avec Dieu

     Dans un premier temps, la réponse de Jésus sera de distinguer entre deux  mondes qu'il met en continuité, tout en notant la différence. Pour passer au monde à venir, il faut en être jugés digne (v. 34). En y ayant accès, la donne change : les élus ne se marient pas, donc on n'assure pas de lignée, car ils ne peuvent plus mourir, ilsressemblent aux anges (20, 36)qui ne connaissent ni le péché ni la mort. Les élus ne sont plus charnels, mais spirituels comme l'exprime l'apôtre Paul. Jésus fait l'annonce de sa résurrection, Il déclare qu'il faut la résurrection, sinon la fidélité de Dieu n'a pas de sens, sinon Dieu n'est pas le Dieu de la vie qui donne la vie : ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection (20, 35-36).

     Dansun second temps, Jésus invite ses interlocuteurs à passer de la Torah à l'histoire des origines.  Avec le récit du buisson ardent, Dieu se révèle à Moïse en se présentant comme le Dieu des Patriarches: Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre... quand il appelle le Seigneur: le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob (20, 37). Cette Parole sous-entend que la relation avec  Abraham est toujours actuelle, que les Patriarches sont vivants au-delà de la mort, dans une condition nouvelle; que Dieu, de toujours à toujours, est fidèle à son Alliance avec tous ceux et celles qui, à travers les époques, demeurent dans la foi et la fidélité. Tout se joue dans la confiance donnée à Dieu, à sa Parole : Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour Lui (v. 38).

La foi inébranlable
des sept frères martyrs

     Un peu plus d'un siècle et demi avant la venue du Christ, la Palestine vit des heures de crise. Les Juifs fervents connaissent la persécution de la part d'Antiochus IV Épiphane, alors Roi séleucide de Syrie qui gouvernait le  territoire palestinien (175-164 av. J. C.). Vers  l'an 167, rentrant d'une campagne contre l'Égypte, il impose les moeurs et les coutumes hellénistiques. Il profane le Temple de Jérusalem, propage les cultes païens et persécute les croyants juifs. Certains résistent dont Eléasar, docteur célèbre de la Loi (16, 18-31), ainsi que sept frères courageux et leur mère. Le Livre des Maccabées (7, 1-2.9-14) relate l'intimidation, la torture et tous les supplices infligés à cette famille et à d'autres membres de la communauté.  Avec courage et héroïsme, dans une  confiance et une foi inébranlable en la bonté de Dieu, ces jeunes gens, prêts à mourir, témoignent d'une totale fidélité. Ils attestent par leur vie et leur mort que le Dieu d'Israël est le Roi du monde (qui les) ressuscitera pour une vie éternelle (7, 9);  que le Dieu de l'Alliance  ne les abandonne pas, ne laisse pas dans la mort les siens qui ont sacrifié et offert généreusement leur vie dans un témoignage extrême. À ceux et celles qui attendent  la résurrection promise (7, 14),  Dieu offre  la  vie,  la résurrection dans l'au-delà de la mort. Cet extrait du Livre des Macchabées constitue la première attestation de la foi en la résurrection.

Dieu, « notre joyeuse espérance »

     Les épîtres aux Thessaloniciens, dont la Première est rédigée environ 20 après la mort du Christ, proposent un chemin libérateur, celui de la confiance. Dans la première épître, le retour imminent du Christ glorieux est attendu; dans la seconde, la parousie n'apparaît pas aussi immédiate. L'attente est bien présente et elle se vit dans le réconfort, apporté par le Seigneur Jésus qui protège les croyants du désordre et du Mal (3, 2); elle s'affermit dans la  prière qui rend fort dans les épreuves et assure une fécondité spirituelle. Rappelons que cette communauté chrétienne prend forme et se développe dans une société multiculturelle et marchande, au carrefour de voies romaines, où foisonnent  idées et  cultes religieux divers et nombreux.

     Cette communauté fervente, enracinée dans l'amour du Christ, interpelle les chrétiens et chrétiennes du XXIe siècle, appelés à vivre des défis nouveaux, dans une société de consommation où les démunis ont peu de considération et où les valeurs spirituelles et chrétiennes sont facilement ridiculisées. Dans nos communautés, la foi au Christ ressuscité est-elle suffisamment approfondie et consolidée pour éviter les dérives et l'abandon? Ce qui est au centre et au fondement de l'existence chrétienne, c'est la foi en la Résurrection du Christ que les Apôtres ont vécue en profondeur et dont ils ont témoigné jusqu'au martyre. Que cette foi connaisse des moments d'obscurité et de questionnement ne peut qu'affermir la patience et la persévérance, ainsi que le désir de se rendre digne de ce que Jésus promet: la vie de Dieu qu'Il veut nous offrir. L'amour du Seigneur est là et sa grâce procure  pour toujours réconfort et joyeuse espérance (3, 16).

 

Julienne Côté, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2506. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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L'histoire de Zachée