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1er dimanche de l'Avent A - 27 novembre 2016
 

Veiller

 

 

Exhortation à la vigilance : Matthieu 24, 37-44
Autres lectures : Isaïe 2, 1-5; Psaume 121(122); Romains 13, 11-14

 


Nous savons depuis longtemps que le terme AVENT ne doit pas être  confondu avec l'adverbe AVANT qui a à voir avec ce qui précède.  AVENT, lui, nous renvoie à l'ADVENTUS latin qui parle de venue. Le grand saint Bernard, au 12ème siècle, distinguait trois venues : la venue du Verbe dans notre chair, l'Incarnation, la venue de Dieu dans notre histoire, il y a plus de 2,000 ans;  la dernière venue que nous attendons où « toute chair verra le salut de Dieu »;  la venue intermédiaire qui est cachée, que « les seuls élus   voient au fond d'eux-mêmes ».

     Dans  l'Année liturgique de notre Église, la période qui précède et prépare la célébration de Noël, l'Avent, se divise en deux parties. Jusqu'au 16 décembre, l'attention est orientée vers la dernière venue et sur le jugement  et, à compter  du 17 décembre, l'attention se porte sur le rappel de la première venue.

La venue ultime de Dieu

     En ce premier dimanche de l'Avent, il n'est donc pas étonnant de trouver, comme texte évangélique proposé par la liturgie Mt 24,37-44. L'ensemble Mt 24-25 constitue la dernière des cinq grandes instructions sur le Royaume de cet évangile (1ère : Mt 5-7;  2ème : Mt 10;  3ème : Mt 13; 4ème : Mt 18). La cinquième instruction décrit « la manifestation du Royaume qui va se révéler à travers les événements extraordinaires d'une grande crise cosmique à la fin  du temps ». Elle se divise en deux parties : le discours apocalyptique (Mt 24, 1-36) et les paraboles parénétiques (Mt 24,37 – 25,46). La première partie est bien proche du discours apocalyptique de Mc 13, 1-32 et, comme pour ce dernier, il n'est pas facile de « distinguer ce qui vise la destruction du temple de Jérusalem, d'une part, et la fin du monde, d'autre part. Dans la seconde partie de son instruction, selon son habitude, Matthieu se distingue de Marc et de Luc en ce qu'il développe considérablement les applications parénétiques, c’est-à-dire exhortatives. Là, en effet, où  les appels à la vigilance n'occupent que quelques versets (Mc 13,33-37 et Lc 21, 34-36), Matthieu offre toute une série de paraboles qui « constituent un enseignement dont la forme est très structurée ».

     Dans les  seuls versets proposés dans la liturgie de ce 1er dimanche, pour exprimer que le retour du Seigneur est imprévisible et qu'il est donc très important, de veiller, on trouve :  un rappel des jours de Noé (vv. 37-39); une déclaration que le jugement sera immédiat (vv. 40-41); la parabole du cambrioleur pour exhorter à la vigilance (vv. 42-44).  La première partie insistait sur le fait que la venue du Fils   de l'homme est certaine et surtout, manifeste. Les versets 37-41, eux, mettent en relief le fait que la venue du Fils de l'homme « sera aussi rapide qu'inattendue » et donc, présentant un danger comme lors du déluge, au temps de Noé. À noter que, des trois évangiles synoptiques, Matthieu est le seul à utiliser le terme parousia (Mt 24, 3, 27, 37, 39) pour identifier cet événement, rejoignant le Paul de 1 Th 2, 19 et 4, 15 ; 1 Th 2, 1.8.91 Co 15,23.

Un grand bouleversement

     C'est une métaphore nouvelle que Matthieu utilise. Son auditoire  était familier d'images de l'Église comme la vigne, d'images de Dieu comme le père, le juge, le propriétaire, le maître de la maison, et d'images du jugement comme la récolte. Comparer  l'avènement du Fils de l'homme à la fin de l'histoire à un nouveau déluge, c'est souligner la soudaineté de la catastrophe. Notre texte dit qu'au temps de Noé, les gens vaquaient à leurs activités habituelles comme manger, boire, se marier, sans se douter de rien. Ils sont morts sans avoir  su, sans avoir vu. «  La catastrophe est suspendue au-dessus du monde, elle peut survenir d'un moment à l'autre ».

     Les versets 40-41 annoncent qu'il y aura jugement. Deux personnes  seront engagées dans la même besogne : travail des champs; opération de moudre du grain avec une meule. Apparemment, leur engagement semble être de même valeur;  pourtant, une personne est prise; l'autre, laissée; une est sauvée; l'autre, perdue. Sans qu'on le sache, une était dans la lumière; l'autre habitait l'obscurité.

Une exhortation à la vigilance

     Avec les trois derniers versets de notre passage, vv. 42-44, résonne très fort l'appel à la vigilance. Il sert de conclusion  à la métaphore du déluge et introduit la parabole du cambrioleur.  Pierre Géoltrain, à qui nous devons un riche commentaire de la péricope sur laquelle nous méditons et qui m'a inspirée dans ma propre réflexion (Assemblées du Seigneur, 1969, série 2, no 5, pp.17-28),  préfère rechercher l'origine de ce thème du voleur dans « une affaire récente de vol qui avait défrayé la chronique locale » plutôt que « dans de vagues allusions vétérotestamentaires » (Jr 49,4; Jb 24,14). Ce que Jésus dit, c'est : Soyez sur vos gardes afin de ne pas être surpris par l'événement, comme ce propriétaire l'a été par ce voleur apparu en pleine nuit. Bien sûr, vous ne savez ni l'heure ni la méthode  de l'avènement du Fils de l'homme, mais je vous ai averti qu'il y aura un tel événement et qu'en tout temps, vous devez donc être prêts. Avec Géoltrain, nous n'hésitons pas à affirmer que la pointe de la parabole ne porte pas sur une comparaison du Fils de l'homme avec un voleur, « elle porte sur le caractère inattendu de l'événement. Quelque chose se produit qu'on n'attend pas. Donc, il faut attendre, même si on ignore le moment. D'autre part, n'oublions pas que le jour du retour du Maître devait être un jour de joie et non une catastrophe ».  

     La vigilance à laquelle Jésus exhorte n'est pas de l'ordre d'une attente  nerveuse et fiévreuse, mais de l'ordre d'une attente délivrée des questions « quand et comment », d'une attente qui est un « vivre » comme si le jour était déjà là. C'est une attente qui « nous invite moins à tourner sans cesse nos regards vers le ciel qu'à nous préoccuper des tâches quotidiennes auxquelles nous appelle notre Maître ».

     Si on demande à Paul de la Lettre aux Romains de dire comment il interprète la consigne « VEILLEZ » de Jésus, il nous dit : Ne dormez pas, car la nuit s'achève, le jour est proche, le salut est à la porte. Préparez-vous pour le combat de la lumière, c'est-à-dire : conduisez-vous honnêtement  et revêtez le Seigneur Jésus Christ.

     Dans la première lecture de ce 1er dimanche de l'Avent, on trouve une magnifique  vision d'avenir, un tableau plein d'espérance où la maison de Yahvé est dépeinte comme située sur un sommet attirant toutes les nations, et n'apparaissant donc plus comme le sanctuaire des seules tribus d'Israël. De plus, dans ce lieu de pèlerinage des nations, on ne parle pas  d'offrandes des fidèles, mais de lieu d'où vient la  Loi, la parole de Yahvé, qui illumine et guide les pas des croyants. 

J'attends, mais avant tout, JE SUIS ATTENDU...

     En cet Avent 2016, nous attendons le retour du Fils de l'homme, c'est-à-dire qu'à la différence de la parabole des contemporains de Noé  qui ne se doutaient de rien, nous croyons de tout coeur à la Parole de Jésus nous priant de nous tenir prêts, car nous ne savons pas à quelle heure il reviendra, mais nous savons  qu'elle  existe cette heure où il reviendra.

     Nous venons tout juste, il y a une semaine de vivre la clôture  de l'année du jubilé extraordinaire de la miséricorde. Nous sommes donc tout remplis de l'image de ce père infiniment miséricordieux qui, le premier, attend son enfant, irrévocablement fidèle à sa paternité. Nous multiplierons les rappels de la consigne à nous tenir prêts, oui, bien sûr, mais nous pousserons encore plus loin notre approfondissement du comportement et des paroles du Père miséricordieux de la parabole de Lc 15 : Tandis qu'il était encore loin... mon fils que voilà  était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé. Oui, j'attendrai, mais dans la certitude que je suis attendu.                                                                                                                                                                   

 

Lorraine Caza, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2509. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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