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32e dimanche ordinaire A - 12 novembre 2017
 

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La parabole des dix vierges

La parabole des dix vierges
Phoebe Anna Traquair (1852-1936)
Église Mansfield Traquair, Édimbourg
(Stephen C. Dickson / Wikipedia)


Les dix jeunes filles : Matthieu 25, 1-13
Les lectures : Sagesse 6, 12-16 ; Psaume 62 (63) ; 1 Thessaloniciens 4, 13-18.
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Le lecteur qui n'approfondirait cet évangile n'y verrait qu'un appel à la vigilance énoncé dans le dernier verset : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure (v. 13). D'autres lecteurs comme certains Pères de l'Église voudront donner plusieurs sens à chaque détail de la parabole. L'allégorie était une manière fréquente d'interpréter l’Écriture dans les premiers siècles chrétiens. En évitant ces deux extrêmes, entreprenons une découverte de la signification des différents éléments de ce récit qui décrit plusieurs aspects de la spiritualité chrétienne.

Les symboles

En comparant plusieurs paraboles, les spécialistes du Nouveau Testament affirment que le Christ est l'Époux attendu par les dix jeunes filles, probablement des filles d’honneur qui accompagnent la future épouse. Elles évoqueraient l'humanité qui se prépare à entrer dans les noces messianiques. L'Esprit Saint représente l'huile qui alimente les lampes qui sont des illustrations de la conscience de chaque personne.

La Sagesse

Pour les premiers chrétiens et chrétiennes, la Sagesse de l'Ancien Testament n'est plus cette connaissance érudite de la Loi mosaïque que possédait les prêtres du Temple et les pharisiens. La Sagesse personnifie désormais pour ces mystiques de la première heure l'Esprit Saint. Comme la Sagesse, il constitue le bien ultime qui dépasse tous les biens terrestres. L'être humain qui axe son existence sur le Christ et sa grâce fait donc preuve d'un parfait jugement. L'être humain ne peut pas détruire l'Esprit. Comme la Sagesse, il est inaltérable. La Sagesse peut aussi être contemplée, saisie par le coeur des gens. L'Esprit n'est pas une réalité qui apporte dans la conscience des personnes le cynisme et la désillusion sur l'état de notre monde. La Sagesse a un visage souriant, elle délivre les gens de leurs soucis matériels étriqués. La Sagesse trouvera ceux qui la cherchent, qui ont un intérêt pour elle. La parabole rappelle que les lampes peuvent manquer d'huile.Une référence à la parabole du Semeur (Mt 13,3-9.18-23) indique symboliquement les trois raisons fondamentales qui peuvent causer cette pénurie.

Les raisons

Dans la parabole du semeur, la première raison énoncée par le Christ est le diable. Dans un contexte moderne, le diable serait ce qui dégrade l'âme humaine : le jeu excessif, les drogues illégales, l'alcool, les doctrines sectaires qu'un gourou a structuré et qui font miroiter un faux bonheur, la soif de pouvoir ou de gloire. Le deuxième motif qui empêche l'Esprit de demeurer dans les cœurs est l'épreuve. Aujourd'hui peu de croyantes et de croyantes de chez nous donnent leur vie au nom de la foi. Cependant, ils subissent souvent du harcèlement psychologique. Ils sont ridiculisés et même attaqués dans les médias. Des baptisés choisiront de moins se concentrer sur le Christ pour se sentir moins idiots dans une société où la science réclame l'unique droit à la vérité. Enfin le matérialisme constitue la dernière raison. Les personnes basant leur vie sur la recherche du bien-être terrestre discerneront de moins en moins l’action de l'Esprit dans leur vie puisqu'Il ne constitue plus leur principal centre d'intérêt. Un baptisé peut succomber à ces obstacles à tout moment dans sa vie. La prudence est donc ici de mise. Le disciple du Seigneur doit fréquemment replonger dans sa conscience pour veiller à ce que son attachement au Ressuscité reste solide. L'intelligence accompagne cette prudence. Il faut être rusé comme un renard pour parfois demeurer dans la voie tracée par le Christ. Cette faculté aide à ne pas s'embourber dans des circonstances qui amèneraient un baptisé à prendre une décision incompatible avec les valeurs chrétiennes. Et il faut aussi être tenace. La routine quotidienne peut parfois user la persévérance chrétienne. Il faut donc constamment entretenir la relation au Christ en lui consacrant du temps dans le tourbillon de l'existence moderne. Il faut donc rester vigilant pour être prêt lors du retour de l'Époux. Cette vigilance est composée des trois éléments cités : prudence, ruse et ténacité.

Les noces

Les noces symboliseraient le Royaume de Dieu. Ce symbole évoque l'atmosphère qui régnera dans les cieux : la joie et l'amour. Dans l'Ancien Testament, le Cantique des Cantiques envisageait déjà que l'amour prédominait dans la relation entre Dieu et les êtres humains. Jésus reprend cette donnée à de multiples reprises dans sa prédication. Il a  érigé en règle suprême pour l'Église l'amour de Dieu et du prochain. Dans la parabole, l'attente de l’Époux représente l'ère actuelle où les disciples du Seigneur espèrent son retour définitif. Et le retour de l'Époux symbolise le Jugement dernier. La deuxième lecture (1 Th 4,13-18) rappelle certains points concernant les derniers moments de notre univers matériel. Jésus, l'Époux, revient. Les élus qui ont conservé leur conscience éclairée par l'Esprit seront unis, mariés au Sauveur dans la chambre des noces, le Royaume. Cette union provient de la communion entre l'humanité et la divinité que le Ressuscité a réalisée dans sa personne. En se confiant totalement au Père qui lui avait promis de le ramener à la vie après sa mort, Jésus ressuscité a rétabli dans son intériorité le lien brisé par la méfiance humaine envers un Créateur qui aimait pourtant les habitants intelligents de l'univers qu'il avait modelé. Paul ajoute qu'il y aura encore des êtres humains lorsque l'Époux reviendra. Ceux-ci parviendront au Royaume en même temps que les morts qu'il fera renaître. Cette conviction de Paul permet d'être optimiste.

Benoît Lambert

Source : Le Feuillet biblique, no 2550. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Diocèse de Montréal.

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Quand Jésus apostrophe les pharisiens