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5e dimanche de Pâques A - 14 mai 2017
 

Suivre le Chemin,
témoigner de la Vérité, entrer dans la Vie

 

Chemin de Jésus

 

 

 

Jésus, chemin vers le Père pour ceux qui croient en lui : Jean 14, 1-12
Autres lectures : Actes 6, 1-7; Psaume 32(33); 1 Pierre 2, 4-9

 

Chaque jour j’entends dire : « Où est-il ton Dieu ? » (Ps 41,4) 1

     Disciples du Christ, nous marchons à sa suite. Mais de nos jours, cela ne va pas sans peine. Nous sommes femmes et hommes de foi. Nous croyons en Dieu et en son Fils Jésus ressuscité d’entre les morts. Nous nous laissons guider par l’Esprit Saint. Pourtant, il est parfois difficile de percevoir leur présence dans notre monde. Il y a des jours où nous hésitons à « présenter une défense devant quiconque nous demande de rendre raison de l’espérance qui est en nous » (1 P 3,15).

Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! (Ps 41,6)

     Mais le Seigneur veut nous rassurer. Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi (Jean 14,1). Jésus sait de quoi il parle. À trois reprises déjà nous l’avons vu bouleversé. Devant Marie, la sœur de Lazare, quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleurait aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé (Jn 11,33). Devant l’imminence de sa propre mort, il déclare : Maintenant mon âme est bouleversée (Jn 12,27). Pendant son dernier repas, Jésus fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : “Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera” (Jn 13,21). Chaque fois Jésus se relève en s’appuyant sur sa foi : Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! (Jn 12,27-28). Il nous invite à faire de même.

« Que cherchez-vous? » (Jn 1,38)

     Pour que ses disciples continuent de s’appuyer fermement sur Dieu et sur lui, Jésus les ramène vers les premiers pas de leur vocation de disciples. Quand deux disciples de Jean Baptiste se mirent à suivre Jésus, celui-ci leur dit : “Que cherchez-vous ?” Ils lui répondirent : “Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ?” Il leur dit : “Venez, et vous verrez” (Jn 1,38-39a). Cette recherche de la demeure du Christ, qui les a mis en marche, ne s’arrêtera pas là.

Un long chemin

     L’entrée dans la demeure compte plusieurs étapes. Il y a d’abord cet engagement à suivre le Christ qui permet d’entrer une première fois dans la demeure : Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent [demeurèrent] auprès de lui ce jour-là (Jn 1,39b). Mais pour que ce jour se prolonge, il faut que Jésus affronte son heure. Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout (Jn 13,1). Cette seconde étape, Jésus la franchira seul : Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. […] Simon-Pierre lui dit : “Seigneur, où vas-tu ?” Jésus lui répondit : “Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard” (Jn 13,33.36).

Un chemin qui conduit « à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure » (Ps 42,3)

     La troisième et dernière étape intègre « à la fois l’existence postpascale et le futur ultime de la communauté » 2. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi (Jn 14,2-3).

Suivre le chemin du Christ

     Pour atteindre cette heure exquise où nous serons ensemble auprès du Seigneur ressuscité dans la maison du Père, pour que Jésus nous amène dans une des demeures de la maison de son Père, nous avons nous aussi un passage à franchir, une Pâque à vivre. Pour aller où je vais, vous savez le chemin (Jn 14,3). « Le lecteur passe de la contemplation de la maison du Père à l’exigence de croire au Fils, et de l’annonce du résultat à celle du moyen pour l’atteindre » 3. Celui qui déclare demeurer en lui doit, lui aussi, marcher comme Jésus lui-même a marché (1 Jn 2,6). Cela n’est pas toujours évident, comme en témoigne la question de Thomas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? (14,5). La réponse de Jésus est aussi fameuse que déroutante : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6a).

Chemin, Vérité, Vie

     Comme dans l’Évangile du Bon Pasteur, l’image est difficile à saisir. Dans un premier temps, le berger, c’est-à-dire Jésus, est celui qui passe par la porte (Jn 10,2). Puis il est la porte par laquelle passent les brebis (Jn 10,7.9). De même ici, Jésus doit d’abord emprunter un chemin pour retourner dans la maison de son Père, un chemin qui passe par la croix et qui débouche sur la gloire de la résurrection. Ce faisant lui-même il devient le Chemin vers le Père : Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6b). En empruntant ce chemin, le croyant découvre la Vérité et la Vie, c’est-à-dire Dieu lui-même. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu (Jn 14,7).

Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. (Ps 41,2)

     Quand Jésus nous parle de connaître le Père, il utilise en même temps le passé, le présent et le futur : vous l’avez vu, vous le connaissez, vous le connaîtrez (voir Jn 14,7). Il y a de quoi y perdre son latin. Nous sommes tentés de dire avec Philippe : Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit (Jn 14,8). Mais il n’y a pas de raccourci pour « voir le Père ». Il s’agit d’abord d’apprendre à connaître Jésus. En marchant avec lui, en écoutant sa parole et en découvrant ses œuvres, nous entrons dans l’intimité du Père. Mais cette intimité ne sera complète qu’à la fin des temps. Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi (Jn 14,3). Quand nous serons auprès du Christ pour l’éternité, nous serons avec lui dans le sein du Père et nous verrons Dieu tel qu’il est.

Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête (Ps 41,5).

     En attendant, nous ne pouvons choisir l’oisiveté. Jésus nous invite à marcher sur le chemin de la foi et il compte sur nous pour que sa parole continue d’être entendue, pour que son œuvre soit accomplie. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père (Jn 14,12). Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ (1 Jn 1,2-3).

1 Sur le lien entre Jean 14 et les psaumes 41 et 42, voir Xavier Léon-Dufour, lecture de l'Évangile selon Jean, III, Les adieux du Seigneur (chapitres 13-17), (Parole de Dieu), Paris, Seuil, 1993, p. 89.
2 Xavier Léon-Dufour, Lecture de L'Évangile selon Jean, III, p. 94.
3 Xavier Léon-Dufour, Lecture de L'Évangile selon Jean, III, p. 95-96.

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2533. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Nul ne va au Père sans passer par moi