Notre Seigneur Jésus Christ. James Tissot, 1886-1896. Aquarelle opaque et graphite, 16,4 x 9,5 cm. Brooklyn Museum, New York.

La rencontre de Jésus et du scribe

Francis DaoustJulienne Côté | 31e dimanche du Temps ordinaire (B) – 31 octobre 2021

Le premier de tous les commandements : Marc 12, 28b-34
Les lectures : Deutéronome 6, 2-6 ; Psaume 118 (119) ; Hébreux 7, 23-28
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Alors que l’heure de la passion de Jésus approche, l’évangéliste Marc décrit l’engagement des croyants à l’égard de Dieu, l’Unique, et l’attitude à développer vis-à-vis ses frères et sœurs en humanité.

La passion de Jésus approche. Ses adversaires, les Pharisiens, cherchent un motif de condamnation. L’évangéliste Marc relate la rencontre de Jésus et d’un docteur de la Loi, un diplômé qui connaît les Écritures (12,28-34). Celui-ci pose une question au sujet du premier commandement. À l’époque, la religion juive s’inspirait de la Loi donnée à Moïse qui, au fil des siècles, avait vu un légalisme prendre de l’ampleur, au point de gérer toute la vie quotidienne. Il multipliait les lois et emprisonnait les gens. Dans ce contexte, quelle lumière le scribe attend-il? Et Jésus, rempli de compassion pour son peuple, quelle libération offrira-t-il? Sur quel précepte Jésus va-t-il mettre l’accent?

Quel est donc le premier commandement?

Jésus reprend les premières phrases de la prière tirée du Deutéronome, le Shema Israël (6,4-5 première lecture ; la version complète : Deutéronome 6,4-9 ; 11,13-21 ; Nombres 15,37-41 ; Lévitique 19,15-18). Parce que Dieu est unique et que son initiative est absolue, il suscite un élan des plus profond : celui d’aimer de tout son cœur, au sens de s’attacher à Lui, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force (v. 30). En fait, de toutes nos facultés. On ne peut vraiment aimer Dieu sans chercher à mieux le connaître et à réfléchir sur sa foi. Puis, Jésus enchaîne avec un passage, tiré du Lévitique, la Loi de sainteté, précepte de l’amour d’autrui. Ce sera le deuxième commandement : Tu aimeras ton prochain comme toi-même : je suis Yahvé (Lv 19,18). Soyez saints car je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu (Lv 19,2). Est-ce faire à autrui ce que l’on fait pour soi? Ne serait-ce pas plutôt d’aller vers autrui avec le même amour que chacun exerce pour lui-même? Et cet amour ne peut trouver sa source qu’en Dieu.

Le scribe en communion de pensée avec Jésus va réagir positivement (v. 32) et Jésus l’encourage en lui disant : Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu (v. 34), là où l’amour est roi, où l’amour de Dieu nourrit l’amour des autres.

Deutéronome 6, 2-6

Israël! Ce nom est donné à Jacob après un combat unique avec l’ange, près d’un affluent du Jourdain : On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté (Genèse 32,29). Puis, ce nom est donné au peuple juif, toujours tenté de se bagarrer, de se dresser contre Dieu, « le peuple à la nuque raide » disait Moïse. Dieu ne cesse de lui rappeler la nécessité de se soumettre en lui donnant les deux tables de la Loi. On transmet cet enseignement de générations en générations, de siècles en siècles. Pour tenir compte de problèmes nouveaux, les prescriptions vont se multiplier. On en compte 613, soit 365 interdictions – le nombre des jours d’une année – et 248 prescriptions – le nombre composant le corps humain–, selon les juifs. Le monde juif avait une grande estime de la justice, de l’éthique, du bien à faire et du mal à éviter. Le Deutéronome ou « Deuxième Loi »et d’autres écrits vont insister et montrer que la Terre promise se mérite. Avec les siècles, les enseignements des prophètes vont se multiplier. On insistera à rester fidèle à Dieu qui a délivré son peuple de la servitude d’Égypte.

Écoute, Israël :
Le Seigneur notre Dieu est l’Unique.

Israël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique,
Ce qui t’apportera bonheur et fécondité,
Dans un pays où ruissellent le lait et le miel
Comme te l’a promis le Seigneur, le Dieu de tes Pères.
Écoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
De toute ton âme et de toute ta force.
Ces commandements que je te donne aujourd’hui
Resteront dans ton cœur.

Dieu invite le peuple juif à se tourner vers le livre qui porte le témoignage, à laisser pénétrer à l’intime de son cœur la voix de Dieu. Il appelle à une confession de foi, à une écoute qui se fait obéissance toujours plus intérieure, à une réponse d’amour qui prend tout l’être. Il attend un engagement à l’Alliance dont YHWH a eu l’initiative, une fidélité constante à la Loi de l’amour, un dévouement de tous les instants. On se situe au-dessus du culte : c’est l’amour que je veux et non les sacrifices (Matthieu 12,7). À tout instant, le croyant doit rester attaché de tout son être à Celui qui a tout donné. Il ne sera lui-même qu’en aimant. L’Israël, que chacun est, doit tout offrir à L’Unique qui a donné l’existence à chacun pour que tous existent ensemble, enfants d’un même Père. Pour que son bonheur dure, il doit transmettre cet attachement à ses enfants : c’est une question de vie ou de mort. Ce commandement, en fait, est une deuxième expression des enseignements de Moïse : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force (v. 5).

La Lettre aux Hébreux (7, 23-28)

Dans cette lettre, l’auteur multiplie les antithèses pour établir la différence entre la Première Alliance et la Nouvelle Alliance, entre la parole des prophètes et la parole du Fils de Dieu. Dieu a exprimé tout son amour dans la personne et la vie de son Fils. Son Fils, par pure grâce, s’est engagé à fond dans une solidarité unique avec l’humanité. Il a été le grand prêtre saint, sans tache, sans aucune faute, qui n’a su qu’aimer, qui a enseigné l’amour, qui pouvait guérir le manque d’amour par un surcroît d’amour. Face à la puissance d’amour du Fils, le chrétien doit se laisser transfigurer.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2726. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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