Marie de Nazareth. Suzanne Longpré, 2000. Photolithographie, 43,25 x 60,5 cm (photo © SEBQ).

Marie, modèle des disciples de Jésus

Julienne CôtéJulienne Côté | Sainte Marie, mère de Dieu (C) – 1er janvier 2022

Les bergers rendent visite à Jésus : Luc 2, 16-21
Les lectures : Nombres 6, 22-27 ; Psaume 66 (67) ; Galates 4, 4-7
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Marie, Mère de Dieu, à qui l’on peut confier l’année liturgique qui commence, fut celle qui accueillit totalement le don de Dieu, en assumant le passage de la Loi et de l’esclavage au régime de la foi, grâce à la bienveillance de Dieu.

Intérioriser la Parole

Marie, cependant, retenait tous ces événements
Et les méditait dans son cœur.
Luc 2, 16-21

Luc, en 2,15-20, situe la naissance de l’Enfant Jésus, sous le règne de l’Empereur Tibère. Il note que Marie et Joseph se rendent à Bethléem, – nom qui signifie « la maison du pain » –, en Judée. Dans cetterégion se trouvaient des bergers, souvent nomades, des veilleurs souvent non recommandables qui vivaient dans les champs, en marge de la communauté pratiquante. Des pauvres que les anges du ciel visiteront en les enveloppant de lumière (v. 9) et en leur annonçant la venue du Sauveur. La nuit devient clarté et le chant exécuté par une chorale d’anges remplit l’atmosphère. Les bergers vont alors découvrir le nouveau-né couché dans une mangeoire (2,17). Ils viennent adorer cet enfant qui porte le nom de Jésus, « Dieu sauve ». Ce nom fait voir ce qui est spécifique de la personne. Jésus : « Dieu parmi nous, Dieu, l’un de nous, Dieu proche de nous, Dieu amour ». Connaître le nom, c’est entrer en relation avec cette personne, découvrir son mystère et le rôle qu’il remplira. Ce nom que reçoit l’enfant a été donné à Marie, par l’Ange qui l’avait visitée (Luc 1,21).Les bergers, éclairés par les anges, qui viennent louer et chanter la gloire de Dieu sont des pauvres, rompus à une existence exigeante ; ils viennent louer Dieu pour sa bonté et sa tendresse pour les humains. Cette naissance sous le signe de la pauvreté et de l’humilité dévoile déjà la nature de la mission du Nouveau-né et fait saisir à quel point Dieu s’abaisse pour assurer le bonheur de son peuple.

Tout comme à l’heure de l’Annonciation par l’ange Gabriel qu’elle mettra au monde le Fils de Dieu, Marie accepte de ne pas fuir l’événement, de ne pas s’en détourner, le sens de cet événement peut se dévoiler. Elle médite, ce qui implique un acte de foi. Elle présuppose la profondeur de l’événement et la réponse à offrir. Marie, mère de Jésus, vit une souffrance intérieure tout en ayant la conviction qu’il faut continuer sans cesse à saisir la volonté du Seigneur. Un jour, la lumière se produira. Marie garde tout dans son cœur. Il en sera ainsi au cours de l’enfance et de la vie publique de Jésus, et cela jusqu’à la croix. C’est avec les yeux et le cœur, habités par l’Esprit, qu’elle a contemplé et vénéré les mystères du Christ pour les comprendre en profondeur. Elle conserve tout et s’en entretient dans son cœur. C’est sa prière, une voix intérieure qui n’est pas un monologue. En s’appuyant sur Dieu aimant et fidèle, elle n’oublie pas tout ce qu’elle a reçu et nous invite à vivre, dans la foi, en accueillant les événements qui peuvent bouleverser nos vies.

Bénédiction divine

Que le Seigneur te bénisse et te garde.
Nombres, 6, 22-27

Ce livre de l’Ancien Testament contient des recensements et des énumérations de tribus, surtout des Lévites, des dispositions législatives et rituels, des récits de marches du peuple hébreu dans le désert, des formules liturgiques de bénédictions d’une communauté ou du peuple (Lévitique 9,22s), dont nous avons un extrait, en ce début d’année (vv. 22-27).

La bénédiction liturgique choisie est prononcée par des prêtres qui apposent le nom divin sur les fils d’Israël (6,24-26). En prononçant le nom, on consacre le peuple ou l’individu à Dieu, il devient sa propriété. Dieu a la charge de le protéger et le pouvoir de le combler de tout bien. Par trois fois, le nom du Seigneur est prononcé, soulignant l’efficacité de son nom. C’est par sa parole que tout a été fait, comme il est proclamé au Psaume : car il dit, et ce fut (33,9). La formule prescrite à Moïse par Dieu lui-même contient la double demande de celui qui bénit : Que Dieu veuille bien tourner son visage vers celui qui demande et lui accorde la grâce et le salut! Le regard de Dieu! Il s’agit de ce don qu’est la bienveillance de Dieu, de sa protection de générations en générations. Au cours de la première Alliance, ils sont nombreux les biens offerts à Abraham, Isaac, et Jacob, Joseph, Moïse et Aaron, aux prophètes, aux gens de bonne volonté, tous bénéficiaires de la parole de Dieu.

De l’esclavage à la liberté

L’Esprit fait de nous des filles et des fils de Dieu.
Galates, 4, 4-7

L’apôtre qui a évangélisé les Églises de Galatie au cours de sa deuxième mission, écrit à ces nouveaux chrétiens, bouleversés par les propos des Judaïsants qui imposent le rite de la circoncision aux fidèles d’origine païenne (6,12-13). Son enseignement alors insiste sur l’essentiel de la doctrine, le salut par la foi et non pas les œuvres de la Loi. La justice est pure grâce accordée à la foi, en vertu de la promesse (3,6-9), telle que vécue par Abraham (3,15-18.25-29). C’est le Christ qui a mis fin au régime de la Loi ; Il a été fait sujet de la Loi pour que les sujets de la Loi soient libérés et deviennent des fils ; Il a payé pour nous libérer – racheter – en devenant lui-même malédiction pour nous (3,13). C’est Lui qui assure le passage de l’esclavage à la liberté de fils, qui assure une confiance totale et une ouverture à son amour.

Dans des textes de l’Ancien Testament (Psaume 2,7 ; 89,27), on exprime déjà le mystère de Jésus dans sa relation avec le Père. Chez les Synoptiques, Jésus, Fils de Dieu, est envoyé par le Père à son peuple (Matthieu 10,40; Luc 9,48), comme autrefois l’étaient les prophètes (Jérémie 1,7; Isaïe 6,8). Paul évoque l’humilité du Fils en soulignant sa soumission comme toutes les créatures, partageant les mêmes servitudes : Jésus Christ : lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, par son aspect reconnu comme un homme ; Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort (Philippiens 2,7-8). Pour Paul et les premiers chrétiens, ce passage de l’esclavage à la liberté de fils s’opère grâce à l’Esprit de Jésus, envoyé par le Père.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2736. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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