Les pharisiens questionnent Jésus. James Tissot, entre 1886 et 1894.
Aquarelle et graphite, 18,7 x 28,3 cm. Brooklyn Museum, New York.

Étrangers et hôtes à la fois

René LapriseRené Laprise | 30e dimanche du Temps ordinaire (A) – 29 octobre 2023

Le premier de tous les commandements : Matthieu 22, 34-40
Les lectures : Exode 22, 20-26 ; Psaume 17 (18) ; 1 Thessaloniciens 1, 5c-10
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

« Car nous ne sommes devant toi que des étrangers et des hôtes », voilà le titre d’une lettre pastorale concernant l’immigration et la protection des réfugiés qu’a publiée la Commission épiscopale des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada en janvier 2006 à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié [1].

Devant la situation mondiale de la migration des populations par milliers et par millions en raison des guerres, des conflits armés, des catastrophes naturelles causées par les changements climatiques, ce rappel de notre condition devant Dieu comme des étrangers et des hôtes nous donne l’occasion d’ouvrir notre regard devant notre prochain. Les évêques soulignent que « cette conscience de notre précarité commune invite les croyants à porter une attention particulière à la réalité des migrants et à se solidariser avec eux. »

Les lectures de ce dimanche, le dernier du mois missionnaire, sont comme le « guide des valeurs » de celui qui est l’hôte, sans oublier qu’il a été un étranger et pourrait encore l’être. L’inaction ou la mauvaise foi peut même entraîner la colère de Dieu. Arrêtons-nous un instant sur chacun des textes pour y discerner l’essentiel des valeurs d’amour et de miséricorde auxquelles Dieu nous invite.

Dans le texte du livre de l’Exode, la compassion du Seigneur se décline en plusieurs exemples de gestes à ne pas poser et de gestes à poser en commençant par le respect de la personne immigrante.

Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte (Ex 22, 20).

Les gestes envers l’immigré, la veuve et l’orphelin ou encore le pauvre sont des images concrètes de la dignité intrinsèque de toute personne humaine, de tous les enfants du Père, de nos frères et sœurs en humanité.

La force du témoignage

Dans sa Première lettre aux Thessaloniciens, saint Paul parle avec joie du témoignage de la communauté chrétienne de Thessalonique. Son témoignage est tellement fort qu’il est est connu dans d’autres régions et bien au-delà.

Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler. (1 Th 1,8)

Il y a dans le témoignage de cette communauté naissante une dimension missionnaire rappelant que l’action de l’Esprit Saint n’a pas de frontières et qu’elle peut rejoindre toutes les nations et donc elle fait de nous des frères et des sœurs. L’étranger n’est plus alors un étranger, mais un membre de la grande famille humaine qui aspire au bonheur comme chacun et chacune, comme celui qui est l’hôte.

Le grand commandement

Encore une fois, à une question piège des pharisiens, Jésus répond par une réponse qui les laissera sans mot tellement sa réponse fait appel à la simplicité du cœur, au plus grand commandement comme mentionné dans la question du pharisien.

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Mt 22,34-40)

Il s’agit là d’une autre attitude fondamentale dans l’accueil de l’autre, de l’étranger, ce prochain parfois venu de loin, d’un autre continent. La réponse de Jésus témoigne alors de la dimension universelle de l’amour de Dieu pour son peuple, l’humanité tout entière.

Enfin, le psaume 17 (19) met en lumière que l’amour du Seigneur est libérateur et que sa loi est faite pour toutes les nations. Comme dans l’introduction de la Lettre pastorale des évêques sur l’immigration et la protection des réfugiés, ce psaume fait référence au roi David et à ses descendants. On peut lire ce psaume à la fin de la biographie du roi David, chapitre 22 du Deuxième livre de Samuel. Le psaume fait écho à l’histoire de l’ensemble du peuple d’Israël. « On peut donc concevoir ce psaume comme un genre de prière nationale, où le peuple relit son histoire en rendant grâce à Dieu [2]. »

René Laprise est diacre permanent de l’archidiocèse de Gatineau (Québec).

[1] « Car nous ne sommes devant toi que des étrangers et des hôtes», Lettre pastorale concernant l’immigration et la protection des réfugiés, CECC, 2006.
[2] Paul-André Durocher, Les psaumes, prières vivantes, Volume 1, Novalis.

Source : Le Feuillet biblique, no 2818. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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