(Patrick Schneider / Unsplah)

Jésus, la porte des disciples

Julienne CôtéJulienne Côté | 4e dimanche de Pâques (A) – 30 avril 2023

Jésus pasteur et porte des brebis : Jean 10, 1-10
Les lectures : Actes 2, 14a.36-41 ; Psaume 22 (23) ; 1 Pierre 2, 20b-25
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

La parole évangélique du Bon Pasteur (Jean 10,1-10) est reliée au récit de la guérison de l’aveugle de naissance, racontée par l’évangéliste Jean, au chapitre 9, cet aveugle qui n’est rien d’autre que l’image du croyant. Cette guérison de l’aveugle-né par Jésus est rejetée par les Pharisiens qui, avec suffisance et astuce, appliquent la loi interdisant de guérir le jour du sabbat et contestant l’action de Jésus, son identité et sa mission évoquées au chapitre 10. L’extrait de l’évangéliste Jean présente Jésus en utilisant l’expression symbolique de la porte (10,7 et 9).

En parlant aux Pharisiens qui se sont montrés intransigeants envers l’aveugle-né, il est mentionné qu’ils ne comprirent pas ce qu’il voulait dire (10,6). Jésus distingue le groupe de ceux qui entrent par la porte : le pasteur, le portier, le berger et les brebis qui écoutent (v. 3) de ceux qui escaladent les murs : le voleur agissant dans le secret, le bandit violent qui ne vient que pour égorger et détruire (v. 10). Ce dernier groupe suggère le conflit existant entre Jésus et les autorités juives de Jérusalem, les Pharisiens qui s’opposent à la foi en Jésus (9,22.34.40) de ceux qui sont au sein de la communauté johannique. Il rappelle aussi des événements vécus à l’époque d’Ézéchiel (Ez 34,11-16), où se déroulaient les abus de chefs religieux, indignes de ce nom.

Écouter le bon Berger

Celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle (5,24). Croire en la Parole, croire au Verbe, c’est l’attitude fondamentale du croyant en face du Christ. Le portier, le bon berger – le beau, le bon, le juste – est celui qui assure la survie du troupeau qu’il dirige et protège, en les conduisant à la bergerie, pour la nuit. En s’assoyant dans l’étroite ouverture, Il est la Porte qui donne accès au Père (14,60 ; Psaume 118,20). Le matin, il les conduira à l’extérieur (vv. 11-14), en appelant chacune par son nom et il marchera devant. Le berger est suivi par les brebis (v. 4). Définitivement, Jésus est le médiateur, le lieu de passage obligatoire pour quiconque aspire à la vie divine : Amen, Amen. Je vous le dis : je suis la Porte des brebis (v. 7). Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé (v. 9). La porte donne accès aux réalités célestes (Gn 28,17 ; Ps 78,23). Jésus libère son peuple qui l’écoute, qui croit en sa Parole ; chaque croyant espère le chemin vers le salut : Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance (v. 10).

Il est bon d’approfondir cette phrase, de la savourer, de la ruminer. Le pire danger pour l’être humain, c’est l’expérience d’un manque d’amour. Quiconque sait ne pas être aimé se rejette lui-même. Aussi en donnant sa vie pour ses brebis, Jésus exprime son amour inconditionnel. Il a pour mission de combler ses disciples en les faisant participer à la vie du Père. Il désire nous rejoindre, nous aimer et nous mener à la vie en abondance. Jésus ressuscité ne cesse de dire qu’il nous transmet la vie en nous faisant participer à la sienne : une vie pleine et entière, une vie qui ne s’arrête pas au seul horizon terrestre. Cette parole évangélique interpelle les disciples et tous les chrétiens. Ils perçoivent que Jésus, par ses paroles et son agir, est la porte qui leur permet d’accéder à eux-mêmes, à leur être intérieur. Comprendre cette parole de Jésus, c’est se comprendre soi-même, c’est accéder à la vérité.

Psaume 22 (23)

Pour les croyants de la première Alliance, le Psaume 22 exprimait le mystère de l’intimité avec Dieu. Le bonheur du croyant se référait à l’expérience d’un pèlerin qui se rend au Temple pour offrir un sacrifice. Il est comme le berger qui guide, nourrit, soigne, protège, le berger plein de sollicitude et de fermeté, qui protège ses brebis et que le récit évangélique évoque également. Chez les peuples du Proche-Orient, on décrivait le roi idéal comme « un bon berger plein de sollicitude et de fermeté pour protéger son troupeau ». En Israël, le seul vrai roi, c’est Dieu, le Berger attentif aux besoins véritables de son troupeau :

Le Seigneur est mon berger : Je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre;
Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom (22,1-3).

Ce psaume inspire la confiance. Dieu est le guide de son peuple, Il le protège, le soigne, le guérit, le défend, le rassemble (Michée 2,12 ; 4,6 ; Ps 94,15 ; Isaïe 49,9-10 ; Ézéchiel 34,11s). Ce psaume dévoile aussi l’intimité et la confiance entre le Père et son Fils qui n’a pas craint de traverser les ravins de la mort (v. 4). Jésus, le berger des brebis perdues, nous invitent à mettre notre confiance dans la tendresse du bon Pasteur, à contempler son image et à imiter le Père et le Fils.

Le Livre des Actes

En ce dimanche, la séquence retenue du livre des Actes (2,14a.36-41) présente l’achèvement du discours de Pierre, prononcé le jour de la Pentecôte, dans un contexte polémique, devant des juifs venus de différents pays. Il offre la conclusion des paroles de Pierre : Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ (v. 36). Face à une foule bouleversée, étonnée, stupéfaite, qui va jusqu'à se moquer des apôtres (vv. 7. 12-13. 37), les paroles de Pierre vont les remuer jusqu’au fond d’eux-mêmes (v. 37).Face à ces cœurs transpercés, Pierre est appelé à répondre à la question que devons-nous faire? (2,37). Sa réponse est un appel à la conversion. Il invite à recevoir le baptême au nom du seul Seigneur, au pardon des péchés et annonce le don du Saint-Esprit (v. 38). Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre se firent baptiser. Leur adhésion de foi fut, à la fois, le fruit du désir humain et du don de Dieu.

La première lettre de Pierre

Dans cette lettre, l’apôtre Pierre évoque les souffrances que connaissent les premiers chrétiens, en concluant que c’est une grâce aux yeux de Dieu (2,19). C’est une grâce lorsqu’il s’agit d’une souffrance endurée injustement, lorsqu’on répond au mal par le bien. Le Christ n’a-t-il pas souffert pour nous (v. 21a)? Son attitude est exemplaire et appelle les croyants à suivre ses traces, à tenir dans la souffrance comme lui. Pierre insiste sur l’innocence de Jésus, le caractère non violent de son attitude durant la passion, l’attitude de confiance entretenue avec le Père, la valeur rédemptrice de sa mort sur la croix. Ce que subissent les premiers chrétiens à cause de leur foi les unit au Christ, leur ouvre un chemin comme le berger qui veille et guide son troupeau.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.

Source : Le Feuillet biblique, no 2801. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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