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chronique du 20 septembre 2005
 

Renaissance

Amen, je vous le déclare: les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu (Matthieu 21, 31).

Barbara R. relate une phase à la fois pénible et déterminante dans sa vie: celle où elle vient d'être transférée à Lexington, la prison pour femmes réputée la plus violente dans le système pénitentiaire du Kentucky. Il lui restait seize mois de prison à « purger ». C'est avec un sentiment de peur et de trahison qu'elle traversa la double clôture de quatre mètres hérissée de barbelés. « À quoi pouvaient bien lui servir sa nouvelle confiance et ses prières, si c'était pour aboutir dans un endroit encore pire qu'avant! »

     Conduite dans une chambre où se trouvaient quatre femmes et cinq lits de fer, elle déchargea ses affaires sur le seul lit qui n'était pas fait et demanda à la détenue à ses côtés de lui indiquer le téléphone. Celle-ci l'envoya en bas près du poste de garde. Elle abandonna ses affaires et retourna à l'étage inférieur attendre une heure et demie le privilège de parler quinze minutes à son conjoint.

     Durant cette attente, une enseigne dans le couloir attira son attention. «Bienvenue à Renaissance» (Unité pour femmes âgées ou handicapées apprit-elle plus tard: elle n'était ni l'une, ni l'autre). Son unité s'appelait «Renaissance». Elle reçut cette «coïncidence» en vague chaude et apaisante sur tout son corps: un rappel simple et clair qu'elle se trouvait toujours dans les mains de Dieu. De retour vers sa chambre, elle réalisa avec angoisse qu'elle avait enfreint une règle importante en prison: elle ne s'était pas présentée à ses compagnes de cellule. Habituellement le moindre manque de respect, ne serait-il qu'apparent, coûte extrêmement cher en prison.

     En mettant le pied dans la chambre, elle nota tout de suite que quelqu'un avait fait son lit mais ses vêtements avaient disparu. On avait fait son lit, en échange de ses vêtements, supposa-t-elle! Pourtant elle trouva dans son casier ses vêtements soigneusement rangés sur des cintres. Sur la tablette: de la pâte à dents, du désodorisant, du shampoing et même de la lotion. Ses compagnes qui avaient si peu pour elles-mêmes, avaient partagé avec elle qui avait encore moins! Elle se présenta aux femmes et les remercia de leur générosité. Aucune d'entre elles ne voulut admettre qu'elle avait donné quoi que ce soit.

     Mais c'est en glissant dans son lit qu'elle se sentit confondue: l'une de ses compagnes avait mis un peu de poudre de bébé sur les draps raides et irritants de manière à les rendre aussi lisses que de la soie.

     Ce soir-là, elle s'endormit apaisée : « Mon Dieu si vous m'aimez suffisamment pour envoyer quelqu'un saupoudrer mes draps, moi aussi, je peux vous aimer » (Ray Allenbough, 77 histoires vraies, Éd. ADA, p. 233).


LIEN: Ces femmes sont disponibles à la foi, à la grâce qui agit en elles par delà leurs erreurs, leurs fautes, leurs vulnérabilités. Par sa parabole Jésus nous convie non pas à l'obéissance apparente, servile, du bout des lèvres mais plutôt au geste quotidien discret, si imparfait soit-il qui accomplit la loi d'amour de Dieu.

     L'actualisation de cette parabole couvre un large terrain. Les attitudes morales, croyances, ou pratiques ne peuvent prétendre avoir tout dit de Dieu et tout fixé de la réponse humaine. Sans cesse s'attendre à la sollicitation qui viendra déranger et susciter la réévaluation.

     Ainsi la grâce traversera les portes de nos prisons.

Chronique précédente :
« Mains d'Amour »