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chronique du 25 octobre 2005
 

L'homme aux sept masques


Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère (Psaume 130, 2).

     Il était une fois un homme qui portait sept masques différents, un pour chaque jour de la semaine. Quand il se levait le matin, il se couvrait immédiatement le visage avec un de ses masques. Ensuite, il s'habillait et sortait pour aller travailler. Il vivait ainsi sans jamais laisser voir son vrai visage.

     Or, une nuit, pendant son sommeil, un voleur lui déroba ses sept masques. À son réveil, dès qu'il se rendit compte du vol, il se mit à crier à tue-tête : « Au voleur! Au voleur! » Puis il se mit à parcourir toutes les rues de la ville à la recherche de ses masques.

     Les gens le voyaient gesticuler, jurer et menacer la terre entière des plus grands malheurs s'il n'arrivait pas à retrouver ses masques. Il passa la journée entière à chercher le voleur, mais en vain.

     Désespéré et inconsolable, il s'effondra, pleurant comme un enfant. Les gens essayaient de le réconforter, mais rien ne pouvait le consoler.

     Une femme qui passait par là s'arrêta et lui demanda :

      - Qu'avez-vous, l'ami? Pourquoi pleurez-vous ainsi?

      Il leva la tête et répondit d'une voix étouffée :

     - On m'a volé mes masques et, le visage ainsi découvert, je me sens trop vulnérable.

     - Consolez-vous, lui dit-elle, regardez-moi, j'ai toujours montré mon visage depuis que je suis née.

     Il la regarda longuement et il vit qu'elle était très belle. La femme se pencha, lui sourit et essuya ses larmes. Pour la première fois de sa vie, l'homme ressentit, sur son visage, la douceur d'une caresse (Jean Monbourquette, Apprivoiser son ombre, Éditions Novalis, 1997, p. 38-39).

LIEN: Les scribes et les pharisiens auxquels Jésus fait des reproches avaient adopté des attitudes et des comportements qui masquaient leur véritable identité. Quand on part vers Dieu, « il faut s'emporter tout entier... ». Beaucoup ne partent qu'en apparence. Ils n'emportent avec eux qu'un fantôme d'eux-mêmes, une maquette abstraite. Ils se mettent eux-mêmes en sécurité avant de se mettre en route... Ils se font une personnalité artificielle, d'emprunt, construite d'après les livres et c'est cette personnalité artificielle, ce robot, cette ombre d'eux-mêmes qu'ils envoient à la recherche de Dieu. Ils n'entrent jamais vraiment de tout leur être dans l'expérience. C'est déjà une sorte de saint qui s'embarque pour l'expédition, un personnage modelé d'après les traités de perfection. Ils envoient un double d'eux-mêmes tenter l'aventure et s'étonnent ensuite de ne retirer de tout cela que déception.

    En partant, il faut mettre sur son âne tout ce qu'on possède et partir avec tout ce qu'on est : sa carcasse, son esprit, son âme. Il faut tout prendre : les grandeurs et les faiblesses, le passé de péché, les grandes espérances, les tendances les plus basses et les plus violentes... tout, tout, car tout doit être passé par le feu. Tout doit être finalement intégré pour faire un être humain capable d'entrer corps et âme dans la connaissance de Dieu (Yves Raguin, Chemin de contemplation, p. 29).

* * * * *

Les clowns

    Pendant mes cinq mois passés à Rome, ce ne sont ni les cardinaux empourprés ni les Brigades rouges qui ont eu sur moi le plus d'impact, mais les entractes, les petites choses qui se passaient entre les grandes scènes. [...] J'ai rencontré plusieurs saints et plusieurs saintes qui donnaient leur vie pour les autres avec une générosité désarmante. Et j'en suis venu peu à peu à comprendre que dans ce grand cirque de Rome, rempli de dompteurs de fauves et de trapézistes dont les prouesses attirent l'attention, ce sont les clowns qui racontent la véritable histoire.

    Les clowns ne sont pas au centre des événements. Ils apparaissent entre les grands numéros, font assaut de maladresse, exécutent leurs cascades et nous font rire après la tension générée par les héros que nous sommes venus admirer. Les clowns ne réussissent pas ce qu'ils entreprennent, ils sont empotés, hors d'équilibre et malhabiles mais... ils sont de notre côté. Ils suscitent chez nous non pas l'admiration mais la sympathie, non pas l'étonnement mais la compréhension, non pas la tension mais le sourire. Nous disons des virtuose s: « Mais comment peuvent-ils y arriver? » Nous disons des clowns : « Ils sont comme nous ». Les clowns nous rappellent, au prix d'une larme et d'un sourire, que nous partageons les mêmes faiblesses humaines » (Henri Nouwen, Faire le clown à Rome, Éditions Bellarmin, 2001, p. 15-16).

LIEN : Les scribes et les pharisiens auxquels Jésus s'adresse veulent être admirés par les autres. Ils désirent montrer qu'ils sont de grands virtuoses de la religion. Jésus est contre cette attitude égocentrique. Il ne veut pas que ses disciples adoptent ce comportement en s'élevant au-dessus de la mêlée pour être reconnu comme les meilleurs. Il les invite plutôt à se faire serviteur pour communier profondément à la vie des autres êtres humains.

 

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Madame, Monsieur