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chronique du 29 novembre 2005
 

Mieux vaut tard que jamais

Celui qui est plus fort que moi vient après moi et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales (Mc 1, 7).

Tolstoy raconte une histoire fascinante à propos d'un homme de carrière appelé Ivan. Celui-ci travaille très fort et se retrouve, au mi-temps de la vie, juge d'un haut tribunal de son pays. Il n'est cependant pas heureux. Sa vie très occupée l'empêche de réfléchir. Il se consacre uniquement aux activités de sa carrière.

     Un jour un événement inattendu vient bousculer le monde qu'il avait construit jusqu'à présent. La crise s'est présentée d'une manière très brutale. Il s'est blessé, d'abord légèrement, en tentant d'installer des rideaux dans sa maison. Une douleur commence à se développer. Au début il ignore le problème et tente de vivre comme avant. Mais la douleur persiste et se développe. Il va rencontrer un médecin mais il n'obtient pas de réponse à son problème. La douleur persiste et continue de se développer. Finalement, il apprend que sa maladie est mortelle.

     Ivan découvre alors qu'il n'a aucune ressource à l'intérieur de lui pour l'aider à traverser cette crise. Il n'y a aucune trace de spiritualité dans sa vie. Jusqu'à ce jour, il n'avait même pas pensé une seule fois à la mort. Maintenant, il devait l'affronter. Pour empirer les choses, sa vie affective est très pauvre. Son mariage avait été pure formalité. L'amour, si faible au début, s'était depuis longtemps éteint.

     Il tombe donc de son piédestal. Au lieu d'être un support pour sa famille, il devient un obstacle. Sa vie est empoisonnée et il a l'impression qu'il empoisonne celle des autres. Le plus douloureux, c'est lorsqu'il regarde en arrière et jette un regard sur sa vie, il découvre qu'il n'a jamais réellement vécu. Les valeurs sur lesquelles il avait construit sa vie étaient fausses. Il a l'impression d'avoir gaspillé tout ce qui lui avait été donné sans avoir maintenant la possibilité de rectifier sa vie.

     Il se sent terriblement seul. Il lui semble que personne ne peut vraiment le comprendre. Il n'y a personne pour l'accompagner sur le chemin ténébreux qui s'ouvre à lui. Il doute que l'amour véritable existe vraiment au cœur de ce monde faux dans lequel il a vécu. Quand il réalise vraiment l'impossible issue de son fardeau, il commence à gémir. Il pleure et gémit durant trois jours sans arrêt. Il avait vécu une vie de vanité, dépourvue de sens, maintenant il s'apprête à mourir sans dignité.

     Cependant, le salut (ou le secours) est venu. Ce salut est venu d'une source totalement inattendue. Un jeune homme, Gerasim, qui travaillait à son bureau, vient le visiter. Gerasim est simple et optimiste devant sa vie même s'il est très pauvre. Il n'a pas peur de la mort. Il reste au côté d'Ivan et le soigne avec amour et désintéressement même dans les tâches plus exigeantes concernant le soin du malade. Il devient pour Ivan la seule source de courage. Mais progressivement, d'autres personnes se joignent à Gerasim. Son jeune fils arrive un jour furtivement dans la pièce. Soudainement, la main d'Ivan entre en contact avec la tête du garçon. Aussitôt que le garçon sent la main de son père sur sa tête il la prend et l'embrasse. Ivan ouvre les yeux et voit que sa femme est aussi dans sa chambre, des larmes coulent sur son visage. Ainsi, au cours de ses derniers instants, il découvre qu'il est vraiment aimé et tout ce qui l'avait tant oppressé commence lentement à disparaître. Il meurt peu de temps après dans la paix (Histoire racontée par Flor McCarthy dans Sunday and Holy Day Liturgies, pp. 8-9).


LIEN: Ivan ne pouvait pas s'aider lui-même. Sa situation était sans espoir. Bien plus, il n'avait absolument rien fait pour mériter l'aide qu'on lui apportait. Néanmoins, le secours est arrivé et c'est ce qui est le plus merveilleux dans l'histoire de Tolstoy. Dans l'évangile d'aujourd'hui Jean Baptiste annonce au peuple une Bonne Nouvelle longtemps attendue. Le salut est tout proche. Comme le peuple à l'époque de Jean Baptiste, ce n'est pas à cause de nos mérites personnels que le salut vient jusqu'à nous. L'amour de Dieu est gratuit. Nous savons, comme Ivan, que nous ne méritons pas cet amour par des œuvres quelconques. Tout ce qui nous est demandé, c'est de l'accueillir.

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