Bonjour,
cher voisin!
«Que veux-tu que je fasse pour toi?
- Rabbouni, que je voie.» (Marc 10, 46b-52)
Une grise matinée dans une ville du nord. Un autobus rempli
d'ouvriers et d'étudiants. Les passagers sont assis les uns
à côtés des autres, emmitouflés dans
leurs lourds habits d'hiver, somnolant dans le ronronnement monotone
du moteur et la chaleur du chauffage. Aucun ne parle. Ils se voient
tous les jours, mais préfèrent se cacher derrière
leur journal. Soudain, sans prévenir, une voix s'éleva
: « Attention! Attention! » Les journaux firent quelque
bruit et les têtes se soulevèrent. « C'est votre
chauffeur qui vous parle ». Silence. Tous regardent la nuque
du chauffeur. Sa voix reprend avec autorité : « Tous,
autant que vous êtes, mettez de côté vos journaux
». Centimètre par centimètre les journaux se
baissent. « Et maintenant, tournez-vous vers votre voisin
et regardez-le ». Curieusement ils obéissent tous.
L'un ou l'autre esquisse même un sourire.
« Et maintenant, répétez
après moi, poursuit le chauffeur » : Bonjour, mon cher
voisin!' Les voix sont encore timides. Mais petit à petit
les barrières tombent. Beaucoup se serrent la main. Les étudiants
s'embrassent. Le bus n'est plus qu'un tumulte de conversations (Bruno
Ferrero, Graines de Sagesse, Comme un parfum de rose, p.
57).
LIEN : Ce chauffeur d'autobus n'en peut plus. Il souffre de sa solitude
même avec plein de monde autour de lui. Comme l'aveugle de
l'évangile il est devenu incapable de retenir son cri : «
Attention! Attention!... mettez de côté vos journaux,
tournez-vous vers votre voisin et regardez-le ».
Sortez de votre mutisme, brisez les
barrières de l'anonymat, faites-vous proches. Voir à
la manière de Jésus au plus profond du cur et
y découvrir la beauté, la bonté, les valeurs
de l'autre. Reconnaître l'autre et le révéler
à lui-même. Seigneur, fais que je voie.
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Je t'écouterai si...
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