«
Tout est consommé » - Vendredi Saint
«Tout est consommé » (Jean 19,
30).
Voilà... tout est achevé...
Les Romains et le Sanhédrin pensaient bien en avoir fini
avec ce personnage dérangeant qu'était Jésus.
Les deux derniers jours avaient été terribles pour
tout le monde: la population était descendue dans les rues,
montée au Calvaire. Soulevée par des agitateurs, elle
avait crié, demandé du sang. Et Jésus s'est
laissé faire, son heure était arrivée.
À un moment ou l'autre de notre vie, il nous est arrivé
de laisser le récit de la Passion nous émouvoir et
nous bouleverser au point qu'il prenne plus de place dans notre
vie de croyant que la résurrection du matin pascal. Quand
Jésus sur la Croix s'écrie tout est consommé
c'est comme dire : « c'est achevé », «
j'ai terminé la mission que le Père m'a donnée
à accomplir ». C'est un cri de victoire! C'est ce que
le récit de la Passion selon Jean nous dit aujourd'hui. Il
nous dit comment Jésus est entré dans sa gloire. La
Croix que nous vénérons aujourd'hui est le dernier
pas d'accession au trône de Gloire.
Jean écrit comme le témoin
authentique qui a vécu les événements et les
rapporte avec les yeux de la foi. Il insiste sur les gestes, les
paroles qui annoncent la glorification et il omet les humiliations,
il ne parle pas de Simon de Cyrène qui doit aider à
porter la croix, ni des moqueries, ni du cri de désolation,
de la noirceur. Jean insiste davantage sur « portant lui-même
sa croix », les affirmations de sa royauté, la robe
sans couture, les paroles de Jésus à sa mère
et au disciple, et « j'ai soif ». Le rappel des prophéties
concernant « son heure », la grandeur de la mort quand
tout est accompli, le sang et l'eau: le sang de l'Eucharistie, l'Esprit
qui viendra par l'eau du Baptême, la foi en « celui
qu'ils ont transpercé ».
La croix que nous contemplons ne
répand pas une ombre sombre sur le récit évangélique
de Jean. Comme l'a dit sainte Catherine de Sienne : « C'est
l'amour qui a fixé le Christ sur la Croix et non pas les
clous », ce n'est pas d'abord la persécution qui a
fait mourir le Christ, c'est « cette glorification progressive
due à la présence en Lui de toute la plénitude
de la Miséricorde divine qui a atteint son sommet à
l'heure de Gethsémani... Jésus est mort de Gloire
et non pas victime du mal, c'est pour cela qu'Il est ressuscité
».
L'Église comme notre mère,
nous invite aujourd'hui à accompagner Jésus sur la
route douloureuse mais glorieuse du Vendredi saint, Chemin qui le
conduit à son exaltation et à l'établissement
du Royaume.
Or, à l'endroit où
Jésus avait été crucifié, il y avait
un jardin où se trouvait un tombeau neuf,... ce fut donc
là qu'ils déposèrent Jésus (Jean
19, 41-42)... Entrons au jardin pour veiller près de Jésus,
mettons-nous en présence de cet amour infini qui a consumé
le Christ.
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