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chronique du 2 octobre 2007
 

Il plantait

Si vous aviez la foi, gros comme un grain de sénevé (Luc 17, 6).

Dans le film « L'homme qui plantait des arbres », mis à l'écran par Frédéric Bach, Jean Giono nous raconte l'histoire d'une rencontre inoubliable.

     Parti en escapade dans une région aride des Alpes, il arpentait des terres d'une désolation extrême : terre desséchée, village abandonné sur lequel soufflaient avec brutalité des vents violents. Il y rencontre un berger dont la gravité tranquille et harmonieuse des gestes l'intrigue. Après le partage d'un repas, il l'observe tremper dans un seau d'eau le sac où il avait mis des glands soigneusement choisis et comptés. Puis il le voit planter la tringle de fer qui lui servait de bâton, mettre un gland dans le trou puis reboucher le trou. Il planta ainsi sur la colline les 100 glands avec un soin extrême. Inlassablement, il refit les mêmes gestes le lendemain et les jours suivants. Depuis trois ans, il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille étaient sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié du fait des rongeurs ou de tout ce qu'il y avait d'impossible à prévoir. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n'y avait rien auparavant.

     Il s'appelait Elzéard Bouffier. Après avoir réalisé sa vie, il s'était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres et n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de chose. Si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans il en aurait planté tellement d'autres que ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer.

     Cinq ans plus tard, la guerre terminée, Giono revient sur les lieux et découvre le spectacle grandiose d'une magnifique forêt de onze kilomètres composée de chênes, de hêtres et de bosquets de bouleaux. La vie avait repris, l'eau coulait à nouveau. Avec l'espoir revenu, sur le hameau, on avait rebâti des maisons crépies de frais, entourées de jardins potagers où poussaient, mélangés mais alignés, les légumes et les fleurs, les choux et les rosiers, les poireaux et les gueules-de-loup, les céleris et les anémones.

     Et Giono de conclure : « Quand je réfléchis qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que malgré tout la condition humaine est admirable. Mais quand je fais le compte de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme et d'acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu » (Tiré de L'homme qui plantait des arbres).


LIEN : Avec une grande simplicité, ce berger a fait ce qu'il devait. Ainsi, les graines de sa foi quotidienne ont fait reverdir la montagne.

 

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Débranche, mon vieux!