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chronique du 23 octobre 2007
 

La prière du pauvre

Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé (Luc 18, 14).


  L'autre jour, dans l'église, ils étaient là tous les deux et je les ai bien reconnus : le Pharisien et le Publicain. Le Pharisien était grand, fort, sûr de lui. Il a fait un large signe de croix avec l'eau bénite, s'est avancé bien droit dans le milieu de l'allée, a regardé tout autour avec son air supérieur, puis il s'est mis à prier. Ah l'hypocrite! Le Publicain, c'était une vieille dame toute courbée qui s'est glissée dans l'allée de côté et a fait son chemin de croix en marmonnant ses prières. Je n'entendais que des « s » qui glissaient entre ses dents usées. Je les ai regardés longuement l'un et l'autre, elle, la vieille éplorée, lui, le pédant. Quand ils eurent quitté l'église, j'ai décidé de partir à mon tour. C'est à ce moment-là qu'une voix a retenti derrière moi : « André, le Pharisien, c'est toi! » - « Mais non Seigneur, je viens de le voir, le Pharisien avec son complet chic, son air de businessman, son attitude dédaigneuse.» Mais la voix a repris : « Vois-tu André, ce monsieur-là, il a tout perdu dans la dernière crise économique. Il est ruiné. Dans sa prière, il a juste demandé la paix du cœur. La vieille, elle, priait pour un petit-fils en prison. Mais toi, tu n'as pas prié un seul instant. Tu jugeais les autres. Tu n'as eu d'amour pour personne, pas même pour la vieille dont tu te servais pour juger l'autre. Tu cherchais un prétexte pour blâmer quelqu'un. »

  Depuis ce jour-là, je me demande souvent si le Pharisien ce ne serait pas moi aussi.

LIEN: Le monde est facile à juger quand il y a les bons d'un côté, et les mauvais de l'autre. On se pense toujours du côté des bons. Alors qu'en vérité chacun de nous est à la fois Pharisien et Publicain et que notre seule manière de nous en sortir est de renoncer à juger autrui (André Beauchamp).

 

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