Comme
un diable dans l'eau bénite
Ce sera pour vous l'occasion de rendre témoignage (Luc
21, 13).
Il s'appelle Jean-Luc et il est âgé de 28 ans. Il demeure
à Montréal et comme tous les jeunes de sa génération
il se démène comme un diable dans l'eau bénite
pour réussir et se tailler une place dans cette société
où règnent le chômage, l'endettement, la concurrence
féroce et où l'insertion sociale se fait de plus en
plus difficilement.
Jean-Luc s'est marié il y
a à peine un an, il a terminé ses études, mais
malgré tout il s'impose des cours du soir dans d'autres disciplines
pour augmenter ses chances de trouver un autre emploi si jamais
il venait à perdre celui qu'il a présentement. Ce
travail qu'il vient d'obtenir le satisfait beaucoup car il s'inscrit
directement dans son champ d'études, ce qui est une véritable
chance compte tenu du fait que bien peu de jeunes réussissent
à se placer dans le domaine pour lequel ils se sont formés.
Il travaille en réadaptation auprès des handicapés.
Il aime son travail. Ce qu'il apprécie par-dessus tout, c'est
d'avoir la possibilité et la compétence de redonner
aux personnes handicapées un peu d'autonomie, donc de fierté
et de satisfaction personnelle. En plus de tout cela, il fait du
bénévolat auprès d'un regroupement de jeunes
dont plusieurs présentent des difficultés familiales,
de délinquance et de toxicomanie. Il n'arrête pas ...
Quant à Jésus Christ,
il le respecte et l'admire. Il reconnaît en lui l'incarnation
de valeurs humaines et spirituelles fondamentales. Il reconnaît
en lui un grand maître spirituel et en son message une source
d'inspiration. Mais il ne s'y réfère que de loin.
Les questions religieuses ne le préoccupent pas beaucoup.
Ce qui compte avant tout pour lui, c'est la réussite professionnelle,
sociale et familiale. Pas grand temps pour le reste!
LIEN : Jean-Luc réunit en lui des caractéristiques
nombreuses des jeunes de sa génération. Il est pour
ainsi dire un cas type. Parce qu'il est pris de tout bord et de
tout côté et apparemment loin de la vie de l'Église,
est-ce une raison pour dire que lui et sa génération
sont des incroyants? Il y a plusieurs façons d'être
témoin. Jean-Luc n'est-il pas à sa façon un
témoin de l'Évangile de libération? Permettre
à quelqu'un d'acquérir de l'autonomie, n'est-ce pas
là une façon d'incarner l'Évangile et d'être
témoin d'une transcendance? Jean-Luc ne transmet-il pas dans
les faits une bonne nouvelle, même si la référence
à Jésus Christ n'est pas explicite? N'est-ce pas d'abord
dans les événements quotidiens que Jésus lui-même
a fait l'annonce du Royaume de Dieu? Quiconque est épris
d'humanité trouve Dieu sur son chemin, devient témoin
de Dieu. La référence à Jésus Christ
devient claire quand l'action parle d'elle-même, qu'elle est
synonyme de libération, d'amour, de justice.
Chronique
précédente :
Les jumeaux
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