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Les Psaumes

 

David
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chronique du 5 septembre 2003
 

Prier avec l'histoire

Il ne nous vient pas souvent à l'esprit d'ouvrir un manuel d'histoire pour alimenter notre prière ou notre méditation. Pourtant, puisque « le Verbe s'est fait chair et qu'il a habité au milieu de nous » (Jn 1,14), puisqu'il a promis « d'être avec nous jusqu'à la fin du monde » (cf. Mt 28,20), c'est bien au coeur de l'histoire que Dieu se révèle et veut être reconnu. Certes, les chrétiens sont, par rapport à l'histoire, dans une situation différente de celle des croyants de l'Ancien Testament. En Jésus, le projet de Dieu atteint son accomplissement total. Désormais, il n'y a plus une série d'événements disparates, mais un aujourd'hui où s'accomplit la Parole de Dieu (cf. Lc 4,21). C'est là qu'il faut apprendre, avec patience, à discerner les signes des temps, à reconnaître ce que « l'Esprit dit aux Églises » (cf. Ap. 2,7.11.17; etc.). Dans la première Alliance, les croyantes et les croyants avaient déjà cette habitude de relire l'histoire de leur peuple à la lumière de leur foi et d'en faire une occasion de prière qui peut être action de grâce, demande de pardon, exhortation morale, instruction à la jeunesse, etc.

     Dans cet article, je vous propose d'explorer un des plus connus des psaumes historiques, celui que la liturgie juive appelle le Grand Hallel, chanté à l'occasion du repas pascal.

Psaume 136(135)

1) Repérer les grandes articulations du psaume.

2) Identifier les événements dont il est question. Y a-t-il des absences significatives?

3) Quel rôle joue le refrain dans ce psaume?

4) Quelle vision de l'histoire se dégage de ce psaume?

Observations

     Le psaume commence par un invitatoire, c'est-à-dire un appel solennel à participer à la louange de Dieu. Les trois premiers versets expriment à trois reprises cette invitation à reconnaître et à proclamer la grandeur, la puissance et la bonté de Dieu. Le motif de cette louange est énoncé de manière générale au v. 4 : « Dieu seul fait des merveilles. »

     On passe ensuite au motif de la création (vv. 5-9) en rappelant quelques-uns des éléments du récit de Gn 1.

     Les versets 10 à 22 rappellent les grandes étapes de l'histoire d'Israël, commençant avec la dernière plaie d'Egypte, la mort des fils aînés (v. 10; cf. Ex 12,28-29), jusqu'à la conquête de la Terre Promise (vv. 21-22 qui résument en deux phrases tout le contenu des livres de Josué et des Juges). C'est la partie proprement historique du psaume. Les versets 23-24 font probablement allusion à l'actualité de l'auteur, à savoir la délivrance de l'exil à Babylone et le retour en Terre Promise (538 a.c.).

     La conclusion (vv. 25-26), reprend le thème du début sur la bonté universelle de Dieu et l'invitation à la louange.

     Après le rappel de la création du monde, en des termes qui rappellent Gn 1, l'auteur s'attache surtout aux événements reliés à l'exode. Les versets 10-15 résument les chapitres 12 à 15 du livre de l'Exode, la section suivante, vv. 16-22, concerne la marche au désert (v. 16) et la conquête de la Terre Promise, avec une insistance spéciale sur les territoires situés à l'est du Jourdain (vv. 17-20; cf. Nb 21,21-35). Assez curieusement, le psaume ne fait pas mention du don de la Loi au Sinaï, ni d'autres événements de l'époque du désert comme la manne.

     Ce psaume comporte un refrain répété à chaque verset: car éternel est son amour. Il s'agit d'une formule liturgique qui apparaît aussi ailleurs dans le psautier (voir, par exemple, Psaume 118(117) 1-4; 2 Ch 20,21). Dans le contexte du psaume 136, c'est ce refrain qui donne sens à ce qui, autrement, ne serait qu'une énumération d'événements sans lien entre eux. Le refrain vient rappeler que, à chaque étape de l'histoire, Dieu est à l'oeuvre pour manifester son amour toujours fidèle.

     Ce psaume ne fait pas beaucoup de place à l'initiative humaine dans la conduite de l'histoire. Tout est rapporté à Dieu. Cette vision de l'histoire peut heurter notre sensibilité. Elle nous rappelle, par contre, que Dieu est, ultimement, la source et la fin de la création et du temps. À l'intérieur de cet espace, les humains ont la responsabilité de prendre les décisions nécessaires pour répondre à Dieu et à son projet d'amour.

Jérôme Longtin, ptre

 

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