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Les Psaumes

 

David
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chronique du 19 décembre 2003
 

Un chant de pèlerinage : le Psaume 133


Le Psaume 133 (132 dans la liurgie) est une des plus courtes prières du Psautier, ce livre des Écritures qui contient les 150 psaumes. Remarquons en le lisant qu'il n'est pas tout à fait une prière puisque ses mots ne s'adressent pas à Dieu; ils s'adressent plutôt aux autres personnes réunies pour l'assemblée de prière. Le psaume se classe parmi les Psaumes des montées, c'est-à-dire ces chants que l'on utilisait dans les pèlerinages vers Jérusalem et son temple.

     Lisons la version qu'en présente la Bible de Jérusalem (1998):

Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble! C'est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le col de ses tuniques. C'est la rosée de l'Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais.

     Le texte hébreu qui est évidemment original est connu par ceux qui affectionnent la culture populaire du peuple d'Israël. La culture folklorique, musique et danse des pionniers de l'État d'Israël, a ramené ce beau psaume sur les lèvres des jeunes d'aujourd'hui:

Hiné ma tov ou manaïm shevet ahim (frères) gam-iahad: ka shèmen hatov al-harososh (tête) iored al-hazaqan-haharon weiored al-pi midotav: ketal-hermon weired al-harrei tsion (Sion) ki wham tsioua Yahvé et-haberaka (la bénédiction) haiim al haolam.

     À toutes les époques, ce psaume a connu la faveur de ceux qui aiment vivre avec les autres. Les philosophes disaient comme Aristote, que l'être humain est un «animal social», mais chez les croyants, il y a plus que l'instinct grégaire. C'est la foi en Dieu qui réconforte et qui donne joie. Le partage d'une même confiance en Dieu, créateur et sauveur, procure paix et réconfort. Les Israélites d'autrefois avaient été dispersés par la violence des envahisseurs. Lorsqu'ils se retrouvaient en marche vers Jérusalem, qu'il faisait bon se retrouver et ne pas avoir à se méfier des compagnons de route. Le bien-être consistait dans une aisance avec des gens au même objectif.

     La beauté de ce psaume n'empêche pas de le trouver un peu étrange. Comparer une chose bonne à l'odeur d'un parfum est tout à fait inattendu! Et pourtant que c'est charmant. Lorsqu'il y avait intronisation d'un prêtre de la lignée d'Aaron, l'onction de parfum se diffusait partout. Se retrouver pour prier y est comparable.

     L'autre image très neuve et bien propre à l'Orient est la rosée de l'Hermon. C'est une poussière d'eau fraîche qui vient de la montagne aux neiges éternelles et qui a été comme soufflée sur Sion, la colline du temple de Jérusalem. La chaleur dont pourraient souffrir les pèlerins qui gravissent des pentes abruptes, est oubliée. On s'asseoit pour conclure le pèlerinage de la fête des tentes: c'est un repas de communion qu'il fait bon partager. Nos communautés religieuses vivent ce psaume d'une façon plus dense. Elles n'ont qu'un coeur et qu'une âme selon l'idéal des Actes des apôtres : « Qu'un coeur et qu'une âme, ils mettaient tout en commun. » (Actes 2,44) Le psaume 133 est un psaume d'unité. Il anticipe une parole de Jésus : « C'est à ceci que tout le monde vous reconnaîtra pour mes disciples: l'amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jean 13,35).

Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal

 

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