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Les Psaumes

 

David
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chronique du 6 octobre 2006
 

Dieu, tu nous as rejetés : le Psaume 60 (59)


Le Psaume 60 (59) est un peu déconcertant car il comporte bien des noms étrangers qui nous déroutent (Soukkôt, Galaad…). Une fois cette difficulté surmontée cependant, cette prière nous saisit par sa beauté dramatique. C’est une lamentation après une défaite, et chacun de nous se trouve un jour dans cette situation : un affaissement après l’échec, puis une prière qui amorce une remontée. Nous présentons ici la version française de la liturgie des heures.

3 Dieu, tu nous as rejetés, brisés;
tu étais en colère, reviens-nous!
4 Tu as secoué, disloqué le pays;
répare ses brèches : il s’effondre.

5 Tu mets à dure épreuve ton peuple,
tu nous fais boire un vin de vertige.
6 Tu as donné un étendard à tes fidèles,
était-ce pour qu’ils fuient devant l’arc?

7 Que tes bien-aimés soient libérés;
sauve-les par ta droite, réponds-nous!

8 Dans le sanctuaire, Dieu a parlé :
« Je triomphe! Je partage Sichem,
je divise la vallée de Soukkôt.

9« À moi Galaad, à moi Manassé!
Éphraïm est le casque de ma tête,
Juda, mon bâton de commandement.

10 « Moab est le bassin où je me lave;
sur Édom, je pose le talon.
Crieras-tu victoire sur moi, Philistie? »

11 Qui me conduira dans la Ville-forte,
qui me mènera jusqu’en Édom,
12 sinon toi, Dieu, qui nous rejettes
et ne sors plus avec nos armées?

13 Porte-nous secours dans l’épreuve :
néant, le salut qui vient des hommes!
14 Avec Dieu nous ferons des prouesses,
et lui piétinera nos oppresseurs!

     Les premiers versets font une constatation. Les ennemis qui viennent presque toujours du Nord ont triomphé. Le pays est ruiné et même l’étendard (verset 6) mènerait l’armée dans un repli vers le Sud. Le Psalmiste lance un cri vers Dieu en faveur des combattants : « Sauve-les! » (verset 7)

     Quoi de mieux quand les choses vont mal que d’évoquer de meilleurs jours! Une voix dans le temple résume les victoires du passé en assumant le rôle de Dieu : « Je triomphe! » (verset 8) Au temps de Josué, c’était succès sur succès : Sichem, Soukkôt, qui sont au centre de la Palestine, puis Galaad, Manassé au Nord-Est. Moab est un territoire vassal à l’est de la mer Morte. Moab est comparé à un esclave qui lave les pieds de son maître en signe de soumission. « Moab est le bassin où je me lave. » (verset 10) La tribu d’Éphraïm et celle de Juda ont été les chefs à réussite dans la conquête. « Éphraïm est le casque de ma tête, Juda, mon bâton de commandement. » (verset 9)

     Lorsque nous transposons ces événements dans l’ordre de la vie chrétienne, nous reconnaissons nos faiblesses dans le combat spirituel. Nous reprenons à notre compte les mots du Psalmiste : « Avec Dieu, nous ferons des prouesses! »(verset 14) Notre solidarité, nous la voulons avec celui que la Bible appelle le Lion de Juda : Jésus Christ! Il a dit : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : je suis vainqueur du monde! » (Jean 16, 33)

     Le sulpicien Jean-Julien Weber a proposé de lire le psaume selon un parcours de l’histoire de l’Église. Elle a connu des moments où elle semblait près de sa perte : le IIIe siècle, avec les persécutions sanglantes réitérées; le IVe siècle, où l’Arianisme triomphait; le Xe siècle, où le clergé fasait honte; le XVIe siècle où le paganisme renaissait et où le protestantisme éloignait des nations entières. Et cependant Dieu, par la main de ses saints a tout remis en ordre. La prière du psaume 59(60) marque la confiance puisqu’elle est une demande adressée à Dieu. « Sois sans crainte petit troupeau!  » (Luc 12, 32)

Pierre Bougie, PSS

 

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