Mes ennemis sont si nombreux : Psaume 3

¹ Ô Éternel, mes ennemis sont si nombreux !
Oui, si nombreux mes adversaires qui se sont dressés contre moi.

² Et si nombreux ceux qui prétendent
qu'il n'y a plus aucun secours pour moi auprès de Dieu. Pause

³ Pourtant, ô Éternel, tu es pour moi un bouclier qui me protège.
Ô toi ma gloire, tu me feras marcher encore la tête haute.

⁴ Je crie vers l'Éternel ; de sa montagne sainte,
mon Dieu m'exaucera. Pause

⁵ Je me couche et m'endors l'esprit serein :
 je me réveille en paix car l’Éternel est mon soutien.

⁶ Je ne craindrai donc pas ces multitudes qui sont postées autour de moi.

⁷ Debout, Éternel, lève-toi ! Au secours, mon Dieu, sauve-moi !
Tu gifles tous mes ennemis : tu casses les dents aux méchants.

⁸ De l’Éternel vient le salut.
Ô Éternel, fais reposer ta bénédiction sur les tiens.

Commentaire 

     Le contexte historique de ce psaume est clairement indiqué : David s’enfuit de Jérusalem pour éviter une confrontation avec Absalon, son fils révolté. Ce dernier, jeune homme beau et séduisant, à la chevelure abondante, est entré en conflit avec son père. Après s’être approprié les concubines de David pour marquer sa détermination de l’évincer, Absalon marche sur Jérusalem. Or David préfère s’enfuir de la ville au lieu de l’attaquer ou même de se défendre. 

     Ce psaume de lamentation reflète sa détresse. Il exprime aussi toutes nos angoisses lorsque l’avenir semble bouché. Les épreuves sont le pain quotidien de tout être humain, on l’apprend assez vite, mais il est certaines épreuves qui jettent par terre. Surtout des épreuves qui viennent des personnes qui sont plus proches de nous. Ce psaume est un SOS lancé à Dieu dans les moments noirs et lugubres où l’on a l’impression d’être submergé par des vagues en furie.

     On raconte qu’en 1588 l’Angleterre entière cita le Psaume 3 alors que Philippe II d’Espagne lançait contre elle une flotte de 130 bateaux avec 30 000 soldats (l’Invincible Armada) pour l’envahir et la ramener au catholicisme en destituant la reine Élisabeth I (1538-1603). « Ô Éternel, que mes ennemis sont nombreux! Quelle multitude se lève contre moi! » (v. 3)

     La détresse de David sert de tremplin pour s’en remettre à Dieu qu’il appelle son « bouclier » (magen, en hébreu), dans un sens métaphorique. On appelle « Magen David», (l’étoile de David), l’étoile à six pointes, que le judaïsme contemporain arbore comme signe identitaire. Historiquement, David n’a jamais fait placer cette étoile sur ses armures. (On ne voit cela que dans des films). Le motif de l’étoile accolé à celui du « bouclier protecteur » a enrichi cet emblème pour faire référence au Messie. C’est dans ce sens d’ailleurs que Matthieu 2,2 a récupéré le symbole de l’étoile pour caractériser le Messie qui naît à Bethléem. Chrétiens et Juifs utilisent le même symbole messianique : l’étoile à cinq pointes sur l’arbre de Noël; l’étoile à six pointes sur le drapeau d’Israël.