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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 29 septembre 2012

 

J’ai mon refuge auprès du Seigneur : Psaume 11 (10)

1 Du répertoire du chef de chorale et du recueil de David.
— J'ai mon refuge auprès du Seigneur.
Comment pouvez-vous me dire :
« File, comme un oiseau, dans les montagnes » ?

2 — Mais regarde bien : les méchants tendent leur arc,
ils ajustent leur flèche sur la corde
pour tirer dans l'ombre sur les hommes au cœur droit.

Les valeurs de la société sont en miettes ;
que peut faire alors le fidèle ?

4 — Le Seigneur est dans le temple qui lui est consacré ;
le Seigneur a son trône dans le ciel.
Il ne perd pas de vue les humains,
il les évalue d'un coup d'œil.

5 Il sait à quoi s'en tenir sur les fidèles,
mais il en veut aux méchants, aux amateurs de violence.

Qu'il fasse tomber sur les méchants une pluie de catastrophes :
soufre enflammé, vent de tempête fondant sur eux.
Voilà le sort qui les attend.

7 Car le Seigneur est juste, il aime tout ce qui est juste
et les hommes droits le verront face à face.

Commentaire

1a  J'ai mon refuge auprès du Seigneur

     Ce psaume exprime la reconnaissance d’un homme traqué qui a trouvé refuge auprès de Dieu, le Seigneur de toute justice. Le psaume ne fait pas allusion à un contexte historique précis, mais on peut penser que le persécuté s’est réfugié au Temple de Jérusalem et qu’il ait saisi les cornes de l’autel pour obtenir l’immunité… Selon Exode 27,2, l’autel des sacrifices était carré; aux quatre coins, il y avait une protubérance en forme de corne pour retenir les offrandes. En cas de poursuite, quiconque saisissait les cornes de l’autel obtenait l’immunité. C’est ainsi qu’un jour, Adonias, prétendant à la succession de David, s’enfuit au Temple de Jérusalem et saisit les cornes de l’autel quand il apprit que Salomon avait été sacré roi… avant lui (1 R 1,50).  Il eut tellement peur de Salomon qu’il se protégea de cette façon. La Bible mentionne même des villes refuges qui offraient l’immunité à quiconque y entrait; il y en avait trois en Cisjordanie et trois en Transjordanie (Nb 35). (C’est ainsi qu’on a toujours considéré une église ou un lieu saint comme un endroit où la police ne pouvait poursuivre un criminel). Ce psaume peut s’appliquer n’importe quel contexte où le persécuté s’en remet à la Providence.

1b « Comment pouvez-vous me dire :
‘ File, comme un oiseau, dans les montagnes’ »
?

     L’autre alternative qui s’offre au persécuté c’est la fuite. En effet, lorsqu’on souffre, la tentation de fuir est grande. Fuir à l’étranger, si on en a la possibilité; fugue en dehors de chez soi, en prenant la rue comme un clochard; fuite dans la drogue, dans l’alcool, dans le travail. Ces fuites sont autant de mécanismes de défense qui n’apportent guère de solution durable car elles ne sont que des béquilles.

« Fuir dans la montagne comme un oiseau… »

     Cette expression semble empruntée à un dicton populaire pour parler d’un pauvre type qui n’a pas d’autre alternative que de trouver refuge dans la forêt, comme un oiseau poursuivi par l’oiseleur. Il arrive que les oiseaux qui s’aventurent trop loin de la forêt, attirés par des appâts trompeurs dans des lieux fréquentés par les hommes, deviennent facilement la proie des chasseurs.

2 Les méchants tendent leur arc

     À l’époque où furent écrit les psaumes, l’arc et les flèches sont les armes habituelles d’un  ennemi. On avait sans doute mieux que la massue de l’homme de Cro-Magnon, mais pas encore la kalachnikov des terroristes. (Dt 32,23; Job 6,4; Lam 2,4). Il s’agit peut-être ici d’une simple métaphore car le contexte ne semble pas induire qu’il s’agit d’une guerre avec un peuple ennemi d’Israël.

6 Qu'il fasse tomber sur les méchants une pluie de catastrophes :
soufre enflammé, vent de tempête fondant sur eux.

     Le soufre, les braises, les charbons ardents ou le vent chaud… sont autant d’allusions au châtiment de Sodome et Gomorrhe (Gn 19,24). Pris au premier degré, ces appels à la destruction de l’ennemi nous paraissent un peu primitifs. Dans un contexte néotestamentaire, la conversion du « méchant » est supérieure à sa destruction.

Gérard Blais

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Seigneur, pourquoi te tiens-tu éloigné : Psaume 10