La Samaritaine à la fontaine. James Tissot. Brooklyn Museum, New York.

Histoire d’eau : le monde meurt de soif!

AuteurJocelyne Hudon | 19 mai 2017

J’étais en panne d’inspiration quand une petite voix intérieure me chuchote : Va voir sur le site de l’AELF. Une surprise m’attendait ! Le texte de ce jour-là était Jean 4, l’épisode avec la Samaritaine, l’un de mes récits évangéliques préféré. J’ai donc commencé à chanter doucement ce récitatif qui parle d’une source, de l’eau, de la soif, du besoin de boire et de la vie qui jaillit sans cesse renouvelée. La Samaritaine est bien connue.

L’histoire met en scène Jésus fatigué qui arrive dans une ville de Samarie. Il a besoin de s’assoir à la source. Il est midi. Le soleil est à son plus intense, le sable brûle ses pieds. Combien de temps a-t-il marché avant d’arriver à cette source ? Une femme se trouve là. Il a soif ! Si soif ! Il transgresse les coutumes et s’adresse à la femme : donne-moi à boire. J’imagine sa stupéfaction d’entendre Jésus lui parler à elle, une femme, Samaritaine et même, lui quêter de quoi boire ! Il demande à boire, comme le font actuellement ces réfugiés du Soudan du Sud où la plupart des enfants de moins de 5 ans meurent en raison des maladies liées à l’eau non potable. Une femme raconte : « Certains jours, le camion transportant de l'eau ne vient pas et nous n’avons rien à boire. Les enfants pleurent sans cesse tant ils ont soif. Parfois, nous pouvons rester deux jours sans eau. » Or, deux jours sans eau sont suffisants pour faire mourir ces enfants dénutris.

                                                                                                                            

Avant d’écrire, j’ai visionné un documentaire de Yann Arthus-Bertrand : La soif du monde! J’ai mis la référence en souhaitant que quelques-uns parmi vous prendront le temps d’écouter ce reportage superbement présenté et extrêmement documenté. Il m’a permis d’évaluer la distance inimaginable, absurde, inconcevable, insoutenable entre la soif de 783 millions de personnes qui n’ont pas encore accès à l’eau potable dans le monde et nous qui vivons dans un luxe outrageant ! Je ne suis même pas capable de mesurer l’ampleur de la souffrance de ces millions de personnes aux prises avec ces désaxés dangereux qui s’arrogent des pouvoirs indus sur de nombreux pays en guerre.

À l’approche de Pâques (au moment d'écrire ces lignes), je réentends ces mots de Jésus : « J’ai soif » ; « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » ; « Si c’est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur. » Il y a de quoi se sentir épuisé, écrasé, effondré.

Ce récit nous presse de faire preuve de lucidité en ces temps où le monde est profondément bouleversé. Quelle eau vive Jésus nous demande-t-il d’offrir à notre époque? Ce qui me vient en premier c’est l’eau vive apportée par tous les humanitaires qui sont à pied d’œuvre pour soutenir, consoler, guérir, nourrir, éduquer et j’en passe. Ils sont une immense cohorte à la grandeur de la terre. Écrivant tout ceci, je me surprends à m’interroger sur la direction que je veux me donner à ce stade-ci de ma vie. Je sais juste une chose : à chaque jour, je lis les nouvelles et à chaque jour, je m’inquiète de ce qui arrive dans le bouillonnement de notre univers. J’ai soif de ce qui peut apaiser l’Histoire que nous sommes en train d’écrire. « C’est pourquoi Seigneur dans ma prière je veux avoir encore soif de l’eau d’Amour que tu me donnes. Cette eau d’Amour, je voudrai sans cesse y puiser pour continuer de marcher là où tu me conduiras. Ainsi, modestement, je pourrai continuer de croire que le monde n’est pas complètement fou! » 

Jocelyne Hudon est membre de l’Association canadienne du récitatif biblique.

Jousse

Récitatif biblique

L'Association canadienne du récitatif biblique propose une chronique mensuelle pour comprendre la discipline spirituelle qui rassemble ses membres. Axée sur la Parole et sur son effet sur l'ensemble de la personne, le récitatif biblique est une forme de méditation où tous les sens sont sollicités.