(photo :  Greg Rakozi / Unsplash)

Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 25 février 2019

« Ne savez-vous pas que votre corps est un sanctuaire du Souffle Saint, qui est en vous, et que vous tenez de Dieu. » (1 Co 6,19a)

Dans la discipline du Récitatif biblique, nous nous mettons à l’écoute de la Parole dans notre corps, faisant ainsi l’expérience de son effet. Le corps est l’instrument essentiel à travers lequel nous nous approchons de cette Parole, comme d’une terre sacrée (voir Ex 3,3-5) puisque notre corps est sanctuaire du Souffle Saint. Il convient donc d’ouvrir non seulement le cœur et les oreilles à la Parole, mais aussi tout notre être.

Quand nous prions, nous adoptons spontanément différentes postures qui manifestent notre intériorité : assis ou debout, bras déposés ou bras levés, regard baissé ou regard levé… La discipline du récitatif développe notre conscience de l’effet de ces postures pour communier à la Parole.

Dans nos façons d’exécuter les gestes, dans l’attention fine qu’on porte à la fois aux gestes et à leur effet sur nous, il se crée une ouverture de sens, une possibilité de liens entre notre vécu et la Parole. Une variation du geste entraîne une nouvelle perception pouvant mener à une découverte de sens, à une expérience profonde d’intégration.

La posture du corps, ainsi que la conscience qu’on en a, fait atteindre un niveau plus profond de vécu avec la Parole. En travaillant à cette profondeur, la Parole s’imprime en nous, fait corps avec nous. Il est surprenant de constater que plusieurs années après l’apprentissage initial, certains extraits de récitatifs reviennent à notre mémoire, nous invitant à faire un lien avec ce que nous vivons. La discipline du récitatif table sur la capacité de mémoire étonnante de notre corps.

La Parole agissante dans le Nouveau Testament

Rappelons-nous comment la parole de Jésus agit. Nous connaissons le récit du paralytique à qui Jésus dit : « Lève-toi et marche. » (Lc 5,17-26) En Lc 13,10-17, Jésus libère la femme courbée par une parole : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité. » L’homme à la main desséchée se trouve guéri par une parole de Jésus : « Étends la main. » (Lc 6,5-11)

Pensons également à la parole du centurion en Luc : « et que soit guéri mon enfant ! » (Lc 7,1-10) Ici, Jésus ne prononce aucune parole de guérison ; il reconnaît plutôt la parole relationnelle du centurion qui remet l’enfant chéri-esclave en bonne santé. Il y a aussi la parole de Pierre qui, au nom de Jésus Christ, apporte la guérison à l’infirme de la Belle Porte (Ac 3,1-10) ou encore celle de Paul qui, portant le corps d’un jeune homme tombé de la fenêtre, le ramène vivant à la communauté.

Pour emprunter les mots de l’évangéliste Jean : « Jésus a fait encore bien d’autres choses : si on les écrivait une à une, le monde entier ne pourrait… contenir les livres qu’on écrirait. » (Jn 21,25 selon la TOB 2011)

Importance de la préparation corporelle

Le corps est constamment sollicité, que ce soit lors de la première réception de la Parole, de l’apprentissage, de la récitation ou de la proclamation. Quand nous recevons la Parole en Récitatif, il y a toujours une préparation corporelle afin de l’accueillir dans le corps. Cette préparation peut se faire simplement à partir d’une attention à notre respiration, ou à travers des exercices de prise de conscience corporelle. Ceci ouvre un espace intérieur dans lequel la Parole nous rejoint à un niveau plus profond. En exerçant régulièrement cette discipline, la Parole façonne ce que nous sommes.

Pendant l’apprentissage d’une péricope, l’intégration personnelle est favorisée par l’attention portée au ressenti intérieur en lien avec la Parole. Nous sommes invités à être attentifs à ce qui se passe dans notre corps. Ceci peut être vécu lors d’arrêts sur gestes proposés ou encore par une sensation corporelle qui survient spontanément. Ces moments imprévus sont une invitation à en prendre conscience, à accueillir et à nommer l’action de la Parole dans notre histoire personnelle. Ce faisant, nous expérimentons un vécu semblable à celui des récitants de toutes époques qui ont reconnu l’action de Dieu dans leurs vies comme individus et comme peuple.

Exercices proposés

Dans un premier temps, nous pouvons expérimenter différentes positions lorsque nous prions. En prenant le temps d’observer l’effet de ces diverses attitudes à différents moments, nous pouvons constater que notre corps tout entier participe à notre vie de prière et que nos ressentis physiques modifient notre expérience spirituelle.

Pour redécouvrir le Psaume 8, par exemple, nous pourrions aller dans la nature, en soirée, à la belle étoile. Debout, contemplant le ciel, la beauté de la neige, ressentant le froid sur notre visage… puis, fermant les yeux, écouter un enregistrement de ce psaume à partir de notre cellulaire ou de notre tablette. Comment notre corps réagit-il à cette Parole « nouvelle »? « Nouvelle » en effet, car reçue dans un contexte nouveau, dans une attitude corporelle différente. Par la suite, nous pouvons noter quelle différence cela fait de le lire assis dans notre salon?

Le récitatif biblique est une façon originale de vivre cette invitation de saint Paul : « Glorifiez donc Dieu dans votre corps. » (1 Co 6,20b)

Hélène Pinard et Hélène Boudreau sont transmetteures pour l’Association canadienne du récitatif biblique.