Saint Luc. Guido Reni, 1621. Huile sur toile, 78 x 65 cm. Bob Jones University, Greenville (WikiArt).

 Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 29 novembre 2021

L’année liturgique qui s’amorce privilégie l’Évangile de Luc. Or, il se trouve que plusieurs passages de cet évangile ont été mis en récitatifs bibliques. Il est très possible que des récitantes et récitants soient invités à proclamer des extraits de cet évangile soit dans des liturgies paroissiales, dans des groupes de rencontres bibliques ou encore d’autres petits groupes informels. Il est de loin préférable que la personne qui proclame se soit préparée à l’avance. Cette préparation comporte plusieurs aspects : la connaissance du contexte dans lequel elle sera faite, la préparation de la personne qui présente le récitatif et celle de l’assemblée qui va le recevoir. Un lien de confiance entre le ou la responsable du groupe et la personne qui proclame facilite grandement la faisabilité d’un tel événement.

Contextes de proclamation

Les contextes dans lesquels peuvent être proclamés un récitatif sont multiples. Ce peut être dans le cadre d’une liturgie dominicale lorsqu’une lecture du jour correspond à un récitatif. Ce peut être dans le contexte d’un groupe d’évangélisation (Cellules d’évangélisation, Parcours Alpha, etc..) ou encore lors d’une liturgie de premier sacrement (pardon, eucharistie, confirmation). Ce peut être à l’occasion de conférences ou de cours bibliques.

Lorsqu’on se prépare à proclamer, il faut donc bien connaître le contexte dans lequel sera proposé le récitatif. En s’assurant de bien connaître les objectifs du groupe, de savoir combien de personnes et quelle proportion du temps sera alloué au volet « récitatif » on favorise une meilleure préparation. Parfois, il vaut mieux refuser de proclamer un récitatif si on n’a pas eu le temps de s’y préparer ou si cela risque d’être simplement un « spectacle ». 

Quand la proclamation est bien faite, cela peut donner le goût aux gens de venir écouter la Parole d’une autre façon, de vivre une expérience inspirante de la Parole… et peut-être même de participer à une session de ressourcement en récitatif biblique.

Lorsqu’on le sait à l’avance, on peut annoncer qu’un récitatif biblique sera présenté et en donner une définition dans le bulletin paroissial ou tout autre plateforme de communication. 

Préparation personnelle

Pour proclamer un récitatif biblique, une préparation personnelle est toujours nécessaire. Il est essentiel de se donner le temps de « porter » le récitatif. Celui-ci nous habite, même lorsqu’on fait autre chose. Ce temps de « portage » peut varier selon les circonstances. Cependant, il est primordial de réviser le récitatif avec l’aide-mémoire vidéo, même si on a l’impression de bien le connaître. Par la suite, on peut le faire devant un miroir, en se demandant : « Est-ce que cela me fait le même effet que quand je regarde la vidéo? » Cet exercice permet de corriger les gestes ou la mélodie qu’on aurait pu modifier à notre insu, avec le temps. C’est le défi de la tradition orale.

Tout au long de ce travail de préparation, il est bon de retrouver, d’accueillir les ressentis vécus au moment de l’apprentissage, si c’est assez récent, ou de la révision : arrêts sur geste, intériorisations, sens de certains mots…

Préparation de l’assemblée

La personne qui proclame sera présentée par la présidence d’assemblée. Lorsque le groupe n’a jamais vu de récitatif, il est judicieux d’en donner une explication. Cela peut être fait par la présidence d’assemblée ou la personne qui proclame. Voici à quoi peut ressembler cette explication : 

« On est habitué à ce que l’évangile soit lu par un ministre consacré. Aujourd’hui, notre évangile sera proclamé sous forme de récitatif biblique. Un récitatif biblique c’est un texte intégral, une péricope, de la Bible sur lequel on a mis une mélodie et des gestes dans le but de le mémoriser, afin qu’il fasse partie de notre vie.

Pendant plusieurs décennies les premiers chrétiens se sont transmis oralement les principaux enseignements de Jésus et les récits d’évangile. L’expérience qu’on vous propose nous plonge dans cette tradition orale 

Aujourd’hui c’est *N*, membre de l’Association canadienne du récitatif biblique, qui va nous guider dans cette façon d’accueillir la Parole par cœur et par corps… à l’aide du récitatif biblique. »

Ensuite, on prépare l’assemblée à se déposer pour mieux recevoir le récitatif. Même lorsqu’il s’agit d’une proclamation d’Évangile pendant laquelle habituellement les gens sont debout, il est préférable d’inviter les personnes à s’asseoir afin de favoriser l’intériorité et l’écoute.

Le but de cette préparation est de faire entrer les gens en eux-mêmes, qu’ils délaissent d’autres préoccupations pour ouvrir leur terre intérieure. Pendant ce temps, la personne qui anime se pose également!

Cette « préparation de la terre » peut être courte. La personne qui proclame favorise ce climat intérieur en disant posément :

« Je t’invite à t’asseoir confortablement, à fermer les yeux. (pause)
Prends conscience de ta respiration. (pause)
Retrouve en toi cet espace sacré où tu reçois la Parole de Dieu. » (pause)

Puis elle invite les participants à ouvrir les yeux pour accueillir la Parole de Dieu en donnant la référence biblique.

Après la proclamation, les membres de l’assemblée prennent un moment de silence pour nommer et goûter ce qui a bougé en eux. Quelques échos peuvent être reçus : un mot, un geste, ce qui a touché, ce qu’on retient. 

Dans le silence immédiat, dans les moments ou les jours qui suivent, nous croyons que la Parole continue d’agir au cœur des personnes qui l’ont reçue.

Hélène Pinard, FCSCJ, est bibliste et transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique. Hélène Boudreau est aussi transmetteure de l’Association.