« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux : car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et les injustes.  »
Matthieu 5, 44-45

Juillet 1996 : le « déluge » du Saguenay a semé le chaos et la destruction dans bien des quartiers. Un bon paroissien commente le fait qu’une bénévole ait été épargnée : « Mais oui, c’est normal, tu en fais tellement pour le bon Dieu! » Le fait que la voisine de ladite bénévole ait eu son sous-sol submergé lui semblait tout aussi normal : elle appartenait à une autre confession religieuse. Sans le savoir, il venait d’exprimer la vieille mentalité biblique de la rétribution : Dieu récompense les justes et punit les méchants. Mais voilà, Jésus proteste! Dieu ne fonctionne pas comme cela. Ses dons sont destinés à tous. Voilà son argument pour justifier l’enseignement nouveau qu’il formule avec autorité : « Aimez vos ennemis... »  L’image traditionnelle de la justice divine est rangée au placard des vieilleries démodées. Et chacun se trouve plongé dans la radicalité sans compromis de l’Évangile. On ne peut consentir à la révolution totale que cette parole engage sans accepter d’en être d’abord soi-même ébranlé. Pas facile, mais ô combien essentiel!