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Archéologie
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LES PHILISTINS (6/7)

 

La grande déesse philistine

Notre dernière chronique présentait les deux grands dieux des Philistins; elle se terminait par une question: qu'en est-il des déesses? Dans le contexte du polythéisme, qui peut éviter une telle interrogation? Il est normal en effet d'y rencontrer des « couples » divins!

La femme au pendentif

Ashdoda

Figure 1 : Ashdoda

     Sur le sol d'un bâtiment du XIIe siècle av. J.-C. (lieu de culte?) à Ashdod, une des principales villes de Philistie, on découvre une figurine de grande importance, intacte (fig. 1). Bien qu'elle ne mesure que 17 cm de hauteur, les détails en sont bien nets. Cette figurine représente, assise sur une chaise, une femme que le fouilleur baptisa du nom d'Ashdoda! Elle combine deux techniques: modelage de certaines parties et peinture des autres. La tête et le long cou sont modelés; on fait ressortir les oreilles, les yeux et les seins par simple application de « pastilles » de glaise. Le nez, un peu pincé, en forme de bec d'oiseau, ne manque pas d'étonner! Des lignes parallèles et des triangles suggèrent le corps, en peinture, à même la chaise. On reconnaît bien un collier retenant un pendentif entre les seins. Tous ces motifs sont en rouge et noir sur fond blanc.

Déesse-mère

 déesse philistine

Figure 2

déesse philistine 

Figure 3

     Les archéologues n'ont pu éviter de comparer cette figurine aux nombreuses statuettes rencontrées partout à l'époque mycénienne (XIVe-XIIIe siècles av. J.-C.), en Grèce et à Chypre qui semblent bien les lieux d'origine des Philistins, comme nous l'avons montré à plusieurs reprises. Ici, la chaise et la femme peuvent être en pièces détachées (fig. 2) ou, comme à Ashdod, partie modelées, partie peintes (fig. 3). Il y a certainement une grande parenté de techniques. Cette parenté est encore plus évidente si on compare les lignes parallèles, le cou allongé, le nez en bec d'oiseau, les yeux et les seins suggérés par l'application de pastilles de glaise. Or, cette femme, dans le monde mycénien, n'est nulle autre que la déesse-mère, grande maîtresse de la fertilité, car elle est souvent représentée tenant un enfant, ou pourvue de seins abondants. Mais nous ignorons toujours son nom...!

Qui est-ce?

     La figurine d'Ashdod représente donc, assise sur son trône divin, une déesse garante de la fertilité. Les Philistins l'honorèrent durant toute leur histoire en Palestine, puisque notre figurine date du XIIe siècle, et que nous avons de nombreux fragments de figurines semblables jusqu'au VIIIe siècle. L'historien biblique nous informe que les Philistins victorieux de Saül firent porter la tête et les armes du roi dans leur temple d'Astarté (1 S 31,8-10). Or, cette Astarté, c'est la déesse-mère des Cananéens, l'épouse du dieu Baal, que les Philistins avaient adoptée. Si les Philistins ont emprunté les dieux mâles (Baal et Dagôn) aux habitants du pays, ils ont par contre inculturé leur déesse-mère, bien caractérisée, à la déesse cananéenne de la fertilité. Vu la forme de la figurine d'Ashdod, on peut supposer qu'elle servait aussi de table d'offrandes cultuelle.

Guy Couturier, CSC

Source: Parabole XVIX/1 (1996) 16.

Suite de la série :
La langue des Philistins

Article précédent :
Chorozaïne, jumelle maudite!

 

 

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