chronique
du 14 mai 2004
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L'apôtre
Paul à Césarée Sur saint Paul, l'archéologie demeure plutôt silencieuse. Voilà que le souvenir de l'Apôtre surgit des ruines de la ville de Césarée. Luc s'étend sur le dernier séjour de Paul en Palestine. Au terme de son troisième voyage (Ac 21,1-26,32), l'Apôtre est arrêté à Jérusalem par des juifs qui l'accusent d'avoir violé la sainteté du temple. Une émeute s'ensuit. Paul est emprisonné. Pour lui assurer un procès équitable, on le transfère à Césarée, siège de l'autorité romaine. Hérode le grand y a fait construire, à l'usage des procurateurs romains, une résidence appelée prétoire. C'est là que Félix le retient prisonnier pendant deux ans (Ac 23,35), soit de 58 à 60 de notre ère. Mais Paul est citoyen romain. À sa demande, le procurateur l'envoie à Rome où il sera jugé, puis décapité. Une découverte
inattendue Figure 1 : plan de la résidence Des archéologues fouillent Césarée depuis quelques années déjà. Ils y ont découvert les débris d'une salle transformée en chapelle chrétienne lesquels recouvrent le premier étage d'une vaste résidence (fig. 1) sise un peu au nord du prétoire des procurateurs romains. La chapelle proprement dite (A) mesurait 11 m x 6 m. On y accédait par une petite cour (C). Le mobilier en marbre occupait la partie arrière (B). Une table était surmontée d'un baldaquin (autel?) : on y a retrouvé les colonnettes hautes d'un peu plus de deux mètres qui le supportaient. Une couche de plâtre peint recouvrait les murs. Parmi les thèmes décoratifs figurent des croix « gemmées », c'est-à-dire ornées de pierres précieuses, une création de l'époque byzantine (fin du Ve ou début du VIe siècle). De part et d'autre des croix, on a inscrit des A (alpha) et des ý (oméga), symboles du Christ (Ap 1,8), et des IC (Jésus) et XC (Christ). Ces lettres peintes suffisent à montrer que nous sommes en présence d'un lieu réservé au culte chrétien. Bonne parole
de saint Paul Figures 2 et 3 D'autres éléments aideront à préciser ce qu'on célébrait et qui on honorait dans cette chapelle. En effet, au milieu des débris, gisait un timbre ou tampon presque complet de 10 cm de diamètre (fig. 2). Au centre du disque, on distingue deux petites croix sous une grande, elle-même surmontée d'un baldaquin sur colonettes. Entre deux lignes concentriques, gravées sur le pourtour du timbre, cette inscription grecque, au négatif : Eulogia Kuriou ephemas (kai tou agiou) Paulou, soit « Bonne parole du Seigneur sur nous et de saint Paul ». À cette époque, les chrétiens recevaient après la messe un petit pain « bénit », qu'on appelait justement une « Eulogie », distinct de l'« Eucharistie » qu'on partageait au cours de la célébration. Le culte célébré dans cette chapelle était donc la messe (Eucharistie), le repas du Seigneur. On y rappelait aussi le souvenir (Mémorial) du Seigneur lui-même et celui de son grand apôtre, saint Paul. Explication renforcée du fait que le nom de Paulos, Paul (fig. 3), se lit clairement sur un grand fragment d'assiette. L'inscription complète devait être une autre formule de bénédiction au nom de Paul. N'est-ce pas merveilleux de trouver en cette ville de Palestine où Paul fait son dernier séjour des signes non équivoques de son souvenir. Guy Couturier, CSC Source : Parabole xxvi/1 (2003). Lire aussi : Article précédent
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