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Archéologie
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chronique du 17 mars 2006
 

Hanan, fils de Hilqiyahu, le prêtre
 

Un collectionneur privé de Paris a pu acheter, en 1980, un sceau étonnant à plus d’un titre. De toute évidence ce sceau est originaire de Juda, bien que le lieu de sa découverte nous soit encore inconnu. Les noms propres qui y sont inscrits et la forme des lettres nous invitent à le dater de la fin du royaume de Juda, quelque temps avant 587 avant J.-C.

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Sceau de Hanan serti dans sa bague (à gauche) et transcription (à droite)

     Il est extrêmement rare de trouver les sceaux d’Israël et de Juda encore sertis dans leurs bagues. Celui-ci est donc une exception et, de plus, une merveille! La pierre est une très belle agate bleu foncé, veinée de bleu clair; le nom du propriétaire est inscrit sur trois lignes séparées par des doubles traits. Aucun motif décoratif n’a été ajouté.

     La bague elle-même est faite d’argent massif, passablement corrodé, sans qu’aient disparu toutefois les traits fondamentaux de sa facture. La partie centrale de la bague est faite de deux grosses torsades concentriques qui maintiennent en place la pierre du sceau. Les deux zones triangulaires, de chaque côté de la pierre, sont décorées de cinq petites pastilles, elles-mêmes encastrées dans de petites torsades. Ce bijou, neuf, devait avoir fort belle allure.

     Le nom du propriétaire ne présente aucune difficulté de lecture : « À Hanan, fils de Hilqiyahu, le prêtre. » Il faut souligner que c’est la première fois qu’un sceau de prêtre nous est révélé, avant la période exilique. Si un sceau comporte la mention d’une fonction, cette fonction fait référence, comme il le convient, au propriétaire du sceau (ici, Hanan), et non au père du propriétaire (ici, Hilqiyahu).

     Hanan est une forme abrégée de Hananyahu, nom qui signifie « Yahvé est gracieux » et qui est devenu « Jean » dans notre langue. Un prophète portant ce nom habitait le temple au temps de Jérémie (Jr 35,4), mais aucun prêtre de ce nom n’est mentionné pour cette époque. Par contre, son père Hilqiyahu (« Yahvé est ma part », nom traduisant parfaitement l’idéal sacerdotal), qui est nécessairement prêtre lui aussi, puisque les prêtres sont tous membres d’une même tribu rattachée aux Lévites, pourrait bien être connu d’après les sources bibliques. En effet, au début de son règne (vers 620 avant J.-C.), le jeune roi Josias fait éclipser du temple de Jérusalem tous les objets culturels païens que ses prédécesseurs y avaient introduits, et charge un certain Hilqiyahu, grand prêtre ou chef des prêtres, à diriger les travaux de restauration qui s’imposent. C’est au cours de ces travaux qu’on découvre le « Livre de la Loi », dans quelque salle reculée du temple, et que l’on s’empresse de lire devant le roi Josias. En fait, on venait de découvrir la loi du Deutéronome (Dt 12-25), qui devint la base de la grande réforme religieuse que Josias confia aux soins de ce même Hilqiyahu, (2 R 22,4-20). L’hypothèse que le Hilqiyahu de notre sceau soit ce Hilqiyahu de la réforme peut être formulée sans trop d’exagérations, car la date du sceau, comme nous l’avons mentionné au début de la présente chronique, correspond tout à fait à l’époque de cette réforme du roi Josias.

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Le sceau de Azaryahu et son empreinte

     Des chroniques antérieures avaient déjà présenté des empreintes de sceaux ayant appartenu à un même lot et qui dataient toutes de cette fin de l’histoire de Juda. L’intérêt commun de ces sceaux, c’est qu’ils appartenaient à d’autres personnages mêlés à cette même réforme de Josias (Baruk, Shaphan, Yerahméel). Or une autre de ces empreintes se lit : « À Azaryahu fils de Hilqiyahu »; cet Azaryahu pourrait bien être un deuxième fils du même prêtre Hilqiyahu d’après la liste des prêtres de Jérusalem en 1 Ch 5,39.

     Les découvertes de sceaux au cours des dernières années continuent donc à se multiplier et n’ont de cesse de raviver la mémoire de personnages secondaires, mais influents, dans l’histoire d’Israël et de Juda avant l’exil de 587 avant J.-C. Sans doute que d’autres personnages émergeront de l’oubli par la même voie. Nous serons encore heureux de vous les faire connaître.

Guy Couturier, CSC

Source : Parabole xiv/3 (1992).

Article précédent :
« Les grandes eaux de Gabaon »

 

 

 

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