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Archéologie
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chronique du 14 septembre 2007
 

Hérodion : tombeau d’Hérode le Grand

Hérode, grand dans la vie, a voulu l’être aussi dans la mort. Il a donc choisi avec soin le lieu et la magnificence de sa sépulture. L’historien juif Flavius Josèphe nous a laissé de bonnes descriptions du cortège funèbre qu’Archelaüs, fils d’Hérode, organisa en l’honneur de son père : le roi, paré de ses somptueux habits royaux, était couché sur une litière d’or, précédé et suivi de centaines de dignitaires, de membres de sa famille et de détachements militaires. C’est dans un tel apparat qu’il fut conduit de son palais d’hiver à Jéricho, en mars-avril de l’an 4 avant J.-C., où il venait de mourir, jusqu’à ce lieu de son dernier repos, à quelques kilomètres au sud de Bethléem, et visible de partout en Judée. Il ne voulait pas qu’on l’oublie!
 

Herodion

La colline vue du bas
(photo : BiblePlaces.com)

     Sur les lieux de sa victoire sur Antigone, dernier asmonéen, et les Parthes, en 37 avant J.-C., Hérode a fait construire une forteresse qui pouvait à la fois défendre la frontière sud de son royaume et lui servir de lieu de retraite riche en agrément. Flavius Josèphe nous dit que le site choisi était une colline que le roi fît exhausser et qui présentait la forme d’un mamelon. Il lui donna le nom d’Herodion, en souvenir de cette victoire qui lui avait conféré, de fait, le pouvoir réel sur la Palestine.
 

Ehud Netzer

Les dernières fouilles, dirigées par Ehud Netzer, ont enfin permis de localiser
le tombeau du roi Hérode. Le professeur de l'Université hébraïque de Jérusalem
l'annonçait dans une conférence de presse en mai dernier.
(photo : Doron Nissim)

     Cette construction hérodienne avait été identifiée depuis le XIXe siècle déjà, mais ce n’est qu’en 1962-67 que d’abord le Père V. Corbo en fouilla les ruines, et que E. Netzer a repris depuis 1972.

     La forteresse épouse la forme ronde du sommet de la colline, artificielle en partie. On y accédait par un escalier majestueux de 200 marches en pierre polie qui donnait sur un petit tunnel (A), à la hauteur de la base de la forteresse, conduisant à l’entrée située au coin nord de la cour intérieure. Les murs étaient décorés de plâtres peints à la mode de Pompei (rouge, noir, jaune, etc.), imitant des dalles de marbre.
 

L'intérieur de la forteresse

L'intérieur de la forteresse
(photo : BiblePlaces.com)

     Les remparts de la forteresse étaient constitués de deux murs concentriques pour un diamètre de 62 m. L’espace entre ces murs est de 3,5 m de largeur; il était aménagé en hauteur sur sept étages, dont deux étaient sous-terrains, qui servaient de magasins pour le matériel nécessaire à la défense et à la vie dans la forteresse. Des tours saillantes renforçaient la défense, bâties précisément aux quatre points cardinaux. Seule la tour de l’est (B) était complètement ronde; elle est encore conservée sur 15,7 m. de hauteur! Sa base était pleine sur plus de 20 m; le reste était aménagé en salles sur au moins cinq étages, servant sans doute à la défense. Cette tour ronde n’a pas ses murs liés à ceux du rempart, et ils sont nettement plus forts : elle semble donc être l’élément essentiel de la forteresse.

     L’espace intérieur avait été aménagé en deux hémicycles aux dimensions égales. Tout d’abord on reconnaît facilement une grande cour à ciel ouvert (C), entourée d’une colonnade sur trois côtés; on pouvait donc faire la promenade et se reposer dans la fraîcheur de l’ombre. Des jardins ornaient la cour; à ses extrémités nord et sud, des fontaines semi-circulaires (D) l’animaient.

     Le quartier résidentiel de la forteresse occupait tout l’hémicycle ouest. Il devait comporter un ou deux étages, si on en juge par les départs d’escaliers, mais les fouilles n’ont révélé que les pièces du rez-de-chaussé. Un espace cruciforme (E), servant de lieu de passage, séparait deux unités d’habitation aux fonctions précises. À gauche on a pu facilement identifier, des installations thermiques, bien réparties d’après le plan classique des thermes romaines (F) : c’est ainsi qu’on a pu identifier un vestiaire, aux murs décorés de peinture de style pompéien (1), un bassin d’eau tiède (2), communiquant avec un bassin d’eau froide (4), et une magnifique salle de bains chauds, de forme absidale sur le côté est (3). Sous le plancher, posé sur des colonnettes de briques, l’air chaud circulait librement.
 

Les ruines de la synagogue

Les ruines de la synagogue
(photo : BiblePlaces.com)

    L’espace à droite du passage cruciforme devait être occupé par les appartements personnels du roi. Seule la grande salle rectangulaire (G) a pu être identifiée : c’était le triclinium (salle à manger), aux murs richement décorés de plâtres peints et au plafond supporté par quatre colonnes. Elle fut transformée en synagogue par les Judéens de la deuxième révolte en 132 après J.-C.

     Grâce à l’archéologie, nous ne pouvons plus douter de la véracité du témoignage de Flavius Josèphe, et de la magnificence de cette construction hérodienne. Ses ruines toujours visibles en partie n’avaient jamais cessé d’être identifiées au tombeau du grand roi. Il faut reconnaître, toutefois, que les résultats des fouilles ne permettent pas de situer de façon précise le lieu de cette sépulture. On a cru qu’elle aurait pu être localisée à la base de la tour ronde, mais son examen a montré qu’elle était remplie sur plus de 20 m! Aucune autre salle de l’espace habité ne peut correspondre à une telle fonction. De plus, si nous nous rappelons que le contact avec un mort provoque une impureté rituelle, il eût été très étonnant qu’on ait enseveli le roi mort dans un bâtiment d’habitation. Il faut donc chercher ce tombeau ailleurs; il pourrait bien être parmi les constructions du bas de la colline, que Netzer est en voie de dégager. Une chronique future vous annoncera peut-être sa découverte un jour. Il reste que les fouilles au sommet de la colline nous ont révélé un petit palais-forteresse digne d’Hérode le Grand vivant!

NDLR : Au moment d'écrire cet article, le tombeau d'Hérode n'avait pas encore été localisé.

Guy Couturier, CSC

Source : Parabole xi/2 (1988).

 

Lire aussi :

Hérodium : forteresse, palais... et tombeau (Chrystian Boyer)

Article précédent :
Pieds, mains, têtes, oreilles...

 

 

 

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