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Archéologie
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chronique du 10 octobre 2008
 

Une amulette étonnante

amulette

Les quatre côtés de l’amulette (avant son déroulement)

En 1979, des archéologues découvrirent à Jérusalem, dans une tombe israélite des VIIe ou VIe siècle avant J.-C., un très curieux petit rouleau d’argent [1], qui ne faisait à peine que 3 cm de hauteur! Comme on peut se l’imaginer, la corrosion avait rendu l’objet très friable; on avait bien des raisons de croire que le rouleau avait dû servir un but tout-à-fait particulier, mais lequel? Pour répondre à cette question, encore fallait-il pouvoir dérouler ce petit « tuyau », sans le briser! Et comment?

amulette

La deuxième amulette de Ketef Hinnom (à gauche),
sa transcription et sa reconstitution (à droite).
Le texte ressemble à la Bénédiction sacerdotale de Nombres 6.

     Des techniciens du Musée d’Israël à Jérusalem finirent par y réussir, mais au terme de trois années de travail minutieux. Un bain de sel mêlé d’acide formique a permis de retirer toute la corrosion de la surface du métal, encore enroulé. Ce premier procédé ne présentait aucune difficulté ni risque. La suite était plus délicate. On procéda à recouvrir la partie visible du rouleau d’une mince couche d’acrylique qui, une fois séchée, reste transparente tout en gardant une bonne élasticité. Avec grande précaution, on déroula donc cette première section du rouleau; puis on répéta le même stratagème pour toutes les surfaces subséquentes. Une fois que la lamelle d’argent fut bien étendue, on la scella entre deux plaques de verre, assurant ainsi sa survie pour les siècles à venir! La longueur totale du rouleau qui a été conservé ne fait que 9,5 cm!

Le nom de Yahvé

Les quatre lettres du nom de Yahvé, gravées sur l'un des rouleaux

     À quoi servait donc ce petit rouleau de métal précieux? On peut affirmer sans trop de chance d’erreur qu’il s’agit-là d’une sorte d’amulette pour les deux raisons suivantes. Tout d’abord, il est important de noter que le petit rouleau fut découvert parmi un nombre impressionnant de bijoux qui avaient déjà orné les personnes ensevelies dans cette tombe commune; il avait donc pu être porté par un des occupants, suspendu au cou par une ficelle ou une chaînette. Sur la surface très mince de la lamelle, on peut facilement voir que des lettres hébraïques ont été « grafignées » avec un instrument pointu; s’il est très difficile de lire tous les caractères, et il faut ajouter aussi que certains d’entre eux sont disparus totalement, quelle n’a pas été la surprise des archéologues de constater que le nom de Yahvé, nom propre du Dieu d’Israël, est parfaitement conservé et ne présente aucune difficulté de lecture. Il devait donc faire partie d’une formule brève demandant à Dieu protection contre tout danger; c’est pourquoi on pense aussitôt que ce petit objet a pu servir d’amulette, dont la fonction est justement d’attirer sur son porteur des bénédictions spéciales. Nous sommes donc en présence du plus vieux témoin connu jusqu’à maintenant de l’usage d’une sorte de « médaille » dont l’inscription révèle la foi en la valeur protectrice du nom divin. On sait que la tradition postérieure rendra le nom si sacré, qu’on n’osera même plus le prononcer! Cette valeur sacrale commence donc à se manifester déjà avant l’exil.

[1] N.D.L.R. Les rapports de recherche publiés dans le Bulletin of American Schools of Oriental Research parlent de deux rouleaux et chacun porte le nom gravé de Yahvé.

Guy Couturier, CSC

Source : Parabole viii/3 (1985).

Article précédent :
Massada, témoin de guerre

 

 

 

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