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Archéologie
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chronique du 11 janvier 2013
 

Une strate archéologique

Qu’est-ce qu’une strate du point de vue archéologique? Disons d'abord que chaque strate est unique et possède des particularités qui lui sont propres. Elle peut être plus ou moins épaisse, posséder plus ou moins de caractéristiques, s'étendre sur une portion plus ou moins grande d'un site, ou être confinée à une section précise du site, etc. Pour comprendre de quoi l'on parle, voyons d'abord un exemple simple.

strate

Un exemple simple de stratigraphie

     Sur ce dessin, vous avez la représentation de la coupe verticale d'une strate unique. Malgré sa simplicité, nous y trouvons toutes les caractéristiques d'une strate « normale ». Bien qu'au cours d'une fouille on « descende » dans les strates, je vais présenter les diverses composantes en commençant par le bas et en remontant, question de comprendre comment elles se forment au fil du temps. 

     Au plus profond d'un site se trouve le sol vierge. Bien entendu, ce sol vierge ne fait pas partie de la strate proprement dite. Il est cependant important de l'atteindre, car la strate qui repose juste au-dessus fournira le premier moment d'occupation du site en question. Ainsi, si juste au-dessus du sol vierge je trouve des objets de l'Ancien Bronze I (AB1), je pourrai en déduire que le site a commencé à être occupé entre 3300 et 3000 AJC. Si les habitants de l'AB1 n'ont occupé qu'une portion du site, je trouverai d'autres datations d'occupation à d'autres endroits du site sur la couche du sol vierge, mais l'AB1 représentera la plus ancienne occupation humaine du site. Tout le reste lui sera postérieur. On peut donc dire qu'il n'y a qu'un seul sol vierge sur un site, mais que ce qui se trouve au-dessus peut appartenir à diverses périodes.

     Les humains ont horreur de vivre sur des surfaces accidentées ou en pente. Il ne viendrait à l'idée de personne de passer sa vie dans une maison où le plancher aurait une dénivellation de 5 degrés! C'est pourquoi les humains, avant de construire leur maison, commencent par niveler le sol. Pour ce faire, ils utilisent de la terre, de la pierre, du gravas, etc. qu'ils trouvent facilement à proximité. Sur notre dessin comme il s'agit d'un nivellement sur le sol vierge, il y a de fortes chances pour que les matériaux utilisés par notre habitant de l'AB1 soient d'origine naturelle. Si, par contre, c'est un habitant de l'époque du Fer 1 (vers 1200) qui, 2000 ans plus tard, et quatre strates plus haut, décide de construire sa maison, il s'emploiera, lui aussi, à niveler le sol auparavant. Toutefois, il aura à sa disposition non seulement des matériaux naturels, mais également les matériaux accumulés dans les strates précédentes, matériaux qui pourraient se trouver mélangés dans son remblai. Ce remblai pourrait donc contenir des objets s'étendant de 3200 à 1300 AJC. Fait à signaler : l'épaisseur du remblayage variera selon les accidents du terrain où l'habitant construira sa maison. Il sera donc important que le fouilleur soit attentif à bien identifier ce locus particulier, associé au nivellement, s'il veut éviter de faire fausse route dans son interprétation des découvertes.

     Juste au dessus du nivellement, on trouve une très mince couche de sol battu, parfois recouverte de plâtre : le plancher. C'est sur ce plancher que reposent quelques objets qui ont été utilisés durant l'occupation de la maison. Du point de vue stratigraphique, l'épaisseur des planchers est souvent minimale. Ils sont cependant bien identifiables, car la texture du sol est souvent très compacte et se retrouve au même niveau sur toute l'étendue de la maison.

     Au-dessus du mince plancher, on trouve les débris d'occupation. Ils reposent habituellement sur le plancher lui-même. Ce sont les artéfacts de la vie quotidienne retrouvés in situ : vaisselle, jarres de toutes sortes, four, lampes à l'huile, ustensiles, restes de denrées, etc. Ce niveau des débris d'occupation est le plus important pour les fouilleurs. Il renferme les objets qui permettront de tracer un portrait de la vie dans la cité, et qui offriront les indices servant à dater le moment d'occupation de la maison. En comparant les objets trouvés dans diverses maisons un peu partout sur le site, les archéologues pourront formuler leurs lectures des événements et brosser un tableau du style de vie et des habitudes des habitants de la ville à cette période précise de l'histoire.

     Comme nous avons affaire à des sites archéologiques qui ont souvent une longue histoire mouvementée, nous trouvons toujours, au-dessus du niveau d'occupation, un niveau de destruction plus ou moins important. Celle-ci a pu être occasionnée par un cataclysme naturel (tremblement de terre, inondation, tempête, etc.), une invasion militaire, un conflit armé, un incendie, etc.  Les débris s'y retrouvent pêle-mêle, mais appartiennent généralement à la même période que celle du niveau d'occupation. 

     Si le site a été abandonné pendant une longue période, la nature a pu y reprendre ses droits. Le vent a pu apporter du sable et de la poussière qui se sont accumulés sur les débris. La végétation a pu se réinstaller, poussant ses racines dans les niveaux antérieurs. C'est la couche d'humus que l'on trouve parfois au-dessus du niveau de destruction. Si le site est rapidement réoccupé après la phase de destruction, cette couche d'humus n'a pas le temps de se former. On recommencera cependant le cycle que l'on vient de décrire : nivellement, plancher, occupation, destruction, et ce, tant et aussi longtemps que des populations occuperont le site.

Robert David

Lire aussi :
Un tell, le site typique des fouilles archéologiques en Israël

Article précédent :
Une bulle fiscale mentionnant le nom de Bethléem

 

 

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