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Archéologie
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chronique du 13 décembre 2013
 

Qumrân : un système ingénieux de canalisation

canalisation de Qumrân

(photos : Sébastien Doane)

Pour survivre dans cette région désertique, il a fallu développer un système qui permettait de récupérer le maximum d’eau de pluie dans des citernes. Comme le site se trouve sur un plateau, et qu’un important wadi [1] coule au sud de celui-ci durant la saison des pluies, on a mis au point un système de canalisation qui déviait l’eau dévalant des montagnes du désert de Juda vers la mer Morte par le wadi Qumrân. En érigeant une petite digue au milieu de la descente, on pouvait ainsi faire bifurquer l’eau vers les bassins de décantation situés à l’entrée du site de Qumrân. Ce sont ces bassins (3 sur le plan) qui occupent la partie Nord-Ouest du site. Cette décantation était importante pour que les dépôts sablonneux et les scories restent au fond avant que l’eau ne s’achemine ensuite vers les diverses citernes.

plan du site de Qumrân

Illustration de G. Le Nohazic
Near Eastern Archaeology 63/3 (2000)

     Un système de canalisation avait aussi été aménagé à l’intérieur du site lui-même. Ainsi, une fois la première citerne remplie, l’eau débordait dans un petit canal relié à la prochaine citerne. La citerne ronde, la plus ancienne, une fois remplie, déversait son surplus qui allait ensuite remplir l’autre citerne, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la grande citerne du sud-est soit pleine. On profitait aussi de ces canalisations pour remplir les deux mikveh [2] du site, sans qu’il soit besoin de transporter l’eau dans des cruches. On respectait ainsi les prescriptions rituelles qui voulaient que l’eau des mikvoth ne soit pas transportée par des hommes, mais qu’elle vienne directement d’une canalisation.

     Comme il ne pleut pas souvent dans cette région, il était important, voire vital, de conserver le plus d’eau possible pour toute la période de la saison sèche. Il devait certainement y avoir un système de contrôle de la consommation pour éviter une pénurie qui aurait mis en péril la survie de la communauté entière. Il faut dire cependant que, dans la région immédiate de Qumrân, se trouve le site de Ein Feshka où l’on pouvait s’approvisionner temporairement à une source.

La citerne ronde

     Cette citerne aura connu toute l’histoire de Qumrân puisqu’elle était déjà en opération dans la forteresse israélite du VIIIe siècle avant notre ère, et qu’elle le restera jusqu’à ce que les Romains chassent les combattants de Bar Kochba en 135.

citerne ronde

La citerne craquée

     Le site de Qumrân comptait au moins six citernes. Ces citernes étaient habituellement creusées en partie dans la roche marneuse, et l’on pouvait terminer la partie du haut en montant une paroi de pierres. Le tout était recouvert de plâtre imperméabilisant.

     On pouvait descendre dans quelques citernes grâce à des marches sculptées à même la roche, elles aussi recouvertes de plâtre, bien sûr! J’attire votre attention ici sur deux choses. La première est très évidente : la citerne est craquée donc, inutilisable. Un tremblement de terre en l’an - 31 a causé cette faille. Cette citerne offre donc un témoignage visuel de cette catastrophe qui décima la communauté pendant quelques années.

citerne craquée

     Deuxième observation est plus technique. Dans la partie supérieure des marches, deux lignes de plâtre descendent presque parallèles dans les cinq premières marches. Regardez attentivement dans le coin droit supérieur. Il y a une petite rigole qui communique avec le haut de la citerne à la hauteur de la première marche. Cette rigole apportait l’eau depuis une autre citerne, située en amont, qui venait déverser ici son trop-plein. Pour éviter que l’eau, qui arrive parfois avec puissance, ne vienne perturber les dépôts qui reposaient dans le fond de la citerne, on construisait une sorte de brise-lame pour freiner l’ardeur de cette eau nouvellement arrivée. Si le flot était vraiment très puissant et passait par-dessus le premier brise-lame, le second terminait le travail. Ingénieux quand même ces anciens...

[1] Le wadi (mot d’origine arabe) ou le oued est un un cours d'eau des régions semi-désertiques à régime hydrologique très irrégulier.

[2] Le mikveh (pluriel mikvoth) est un bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté.

Robert David

 

Article précédent :
Les manuscrits de la mer Morte

 

 

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