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Archéologie
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chronique du 13 juin 2014
 

Le sanctuaire de Timna

grottes du Carmel

Sanctuaire dédié à la déesse Hathor. (photos : wikimedia)

Au cœur du désert du Néguev, dans une région connue pour son extraction du cuivre, se trouvent les ruines d’un temple dédié à la déesse égyptienne Hathor, temple qui devait être fréquenté par les mineurs égyptiens. Il est évident que la région n’a jamais été exploitée par les Israélites. Au mieux des tribus madianites, proches des Israélites (Moïse aurait eu des contacts avec ceux-ci selon la tradition biblique), auraient pu travailler à Timna quand les Égyptiens ont cessé d’exploiter les mines au début du XIIe siècle avant notre ère.

     Le temple, tel qu’il se présente aujourd’hui, consiste en une grande salle carrée de 9 m par 9 m dont l’ouverture se trouve au sud, juste en face de la niche (à gauche sur la photo). Une banquette a été aménagée sur le mur sud, à gauche de l’entrée. Du côté ouest du temple, on peut encore voir quelques petits piliers, dont un sur lequel on distingue les traits de la déesse Hathor. Devant le naos (partie sacrée) et la niche, l’une des restaurations du temple a fait en sorte que l’on ajoute un pronaos (vestibule, entrée) fait de pierres plates. Ce pronaos devait sans doute délimiter la portion réservée au prêtre. On ajouta aussi une pièce dans le coin nord-est, elle aussi sans doute destinée aux prêtres.

Vue en plongée sur le sanctuaire

Vue en plongée sur le sanctuaire

     Ce sanctuaire a son importance, car il s’agit du seul temple égyptien retrouvé jusqu’à maintenant à Timna. Peut-être y en avait-il d’autres qui pouvaient aussi répondre aux besoins d’une communauté minière sans doute très importante à l’époque, mais, s’ils existent, ils n’ont pas été trouvés.

     Vu de l’extérieur, le temple ressemble un peu à une petite forteresse. Ses murs épais, presque disproportionnés pour la grosseur de l’ensemble, concourent à donner cette impression. Le temple est construit juste à côté des parois rocheuses, à l’abri des vents de l’Est qui transportent très souvent des quantités importantes de sable et de poussière. Bien entendu, ce site à ciel ouvert (il ne pleut à peu près jamais ici) devait être entretenu régulièrement, mais, en l’encastrant ici, on le protégeait un peu.

     Nous pouvons aussi apercevoir les niches dans la paroi rocheuse. Rien n’a été trouvé dans celles-ci. Étaient-elles laissées vides? Y avait-on mis des statuettes de divinités égyptiennes? La chose n’est pas impossible, mais nous ne le saurons sans doute jamais.

L’entrée du sanctuaire de Timna

     Les officiants des services hathoriques pénétraient dans ce sanctuaire, faisant face directement à la grande niche centrale. Accès direct donc à la divinité, contrairement aux temples cananéens et israélites qui possédaient plusieurs salles avant d’accéder au lieu le plus sacré. C’est une différence majeure entre les systèmes cultuels. Et si l’architecture est témoin des systèmes religieux et théologiques, il faut reconnaître que les Égyptiens avaient une conception qui s’apparentait au contact direct et immédiat avec le divin, tandis que les Israélites en avaient une plus médiatisée, du moins au niveau cultuel et rituel.

Les stèles du sanctuaire de Timna

     Ces cinq stèles étaient toutes dressées sur le même côté du sanctuaire. La grande stèle de Hathor se trouve à gauche. À droite de celle-ci on distingue un bassin qui devait contenir l’eau des ablutions rituelles. On a également découvert ici de petits autels à encens. La plupart de ces stèles avaient été utilisées dans les sanctuaires antérieurs à celui-ci. En effet, le temple que nous voyons a été réaménagé suite à la destruction de celui de l’époque de Ramsès II par un tremblement de terre.

Stèle de Hathor à Timna

Stèle de Hathor     Cette stèle fut retrouvée ici avec quelques autres qui portaient des signes hiéroglyphiques partiellement effacés. Même si le visage de Hathor n’est plus tellement visible, on arrive tout de même à en dégager les traits caractéristiques grâce à la chevelure longue qui descend le long du visage assez oblong. Hathor possède habituellement une coiffe à cornes enserrant un disque solaire. Pourquoi est-ce à Hathor que l’on a dédié ce temple? Je crois que vous comprendrez en lisant la description qui suit.

     La déesse Hathor symbolise le creuset de la création ou matrice universelle. C’est dans son corps que s’élabore l’alchimie de la vie. Depuis les temps les plus reculés, elle représente les forces qui supportent la création du monde. Son rôle est lié à la vie et à la mort de tous les êtres et de toutes les choses. Elle est incarnée par une vache ou par une créature féminine pourvue d’oreilles de vache et coiffée d’une couronne formée de cornes bovines.

     Hathor signifie intégralement : demeure de Hor (c’est la maison du soleil). Son nom est composé de hat qui veut dire demeure et de Hor. Ce dernier est l’agent et la personnification du feu solaire. De ce fait, Hor est la maison du feu, de la chaleur et du four. En Égypte, Hor est aussi le fourneau, le four et le haut fourneau... C’est l’Hathanor des alchimistes. En Grèce, l’athanor est un fourneau dans lequel on entretient un feu doux. Ce mot vient de thanatos (mort). Son ventre est le récipient du feu dans lequel tout brûle et tout se transforme. Parmi les signes qui servent à écrire son nom, Ouadjet (forme de cobra) est souvent présente. Quoi de plus normal puisque cette déesse est la flamme du feu.

     C’est peut-être à cause de son rôle de protectrice de ce qui se passe dans les entrailles de la terre qu’elle est devenue la patronne des grottes et Dame du Sinaï, maîtresse des pierres précieuses et de tous les minéraux extraits de la terre, veillant sur les expéditions de carriers qui s’y rendaient pour extraire la turquoise. Quoi de plus normal alors que cette grande déesse ait eu son temple ici, où les fourneaux chauffaient à pleine capacité pour permettre l’extraction du cuivre?

Robert David

Article précédent :
Les grottes préhistoriques du Carmel

 

 

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