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Archéologie
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chronique du 26 juin 2015

 

Jérusalem à travers l’histoire (1/3)

Jérusalem

Jérusalem, vue du mont des Oliviers
Edward Lear, 1859
Huile sur toile, 40 × 60,3 cm
(photo : Wikimedia)

Jérusalem a connu une évolution au cours des siècles selon ses besoins démographiques. Retraçons, sommairement, les déplacements qui se sont produits dans l’aménagement de la ville depuis l’époque cananéenne jusqu’à aujourd’hui. En regardant les limites de la ville se déplacer d’une colline à l’autre, on sera en mesure d’avancer dans l’histoire et de découvrir une Jérusalem qui grandit ou rapetisse selon les époques et les situations politiques, économiques et militaires, que ce soit dû à la situation interne du pays ou aux influences externes de l’arrivée des superpuissances.

carte

Jérusalem, de David et Salomon

     La première ville, l’ancienne Jébous cananéenne, se trouvait à l’extrémité sud de l’Ophel. C’est la petite partie rouge qui fait le tour de la colline au Sud et qui s’arrête à la petite ligne transversale rouge qui traverse le sommet central de l’Ophel. Rappelez-vous, pour l’échelle, que le côté de chaque mur de la ville actuelle fait 1 kilomètre. L’ancienne Jébous ne faisait donc pas 500 m de longueur et comptait à peine une centaine de mètres de largeur. C’est cette ville que prendra David vers l’an 1000 et c’est là qu’il établira sa capitale nationale après avoir régné 7½ ans à Hébron. Modeste n’est-ce pas? Il est possible qu’il ait construit son palais au nord de la petite transversale rouge, entre la portion Sud de l’Ophel et le début de la colline du temple.

     C’est Salomon qui construira le temple de Jérusalem. Cette aire sacrée occupera presque autant d’espace que toute la ville fortifiée davidique. Cette capitale judéenne et israélite des premiers siècles de la royauté unifiée et de la royauté divisée se situait donc entre le Cédron et le Tyropéon, sur cette mince langue de terre qu’est l’Ophel. Il faut oublier nos idées de grande capitale avec monuments imposants et extension sur des kilomètres. La réalité était vraiment tout autre. Jérusalem est une toute petite ville, située dans les montagnes judéennes, loin des grandes routes commerciales et militaires. Nos images de grandeur nous viennent beaucoup des psaumes et autres textes bibliques qui vantent la grandeur et la beauté de cette ville, mais il s’agit là de textes teintés de chauvinisme.

     La ligne double parallèle, à l’ouest de l’Ophel, qui monte vers l’esplanade du temple salomonien pour la rejoindre dans sa portion Nord, propose une partie de l’extension de la ville dans les années qui ont suivi le règne de Salomon, entre le 10e siècle et le milieu du 8e siècle. Il s’agit ici d’une proposition, car on n’a pas encore retrouvé les murs de cette enceinte. On sait cependant que la ville avait dû s’étendre un peu vers la colline Sud-Ouest, les besoins de l’administration centrale rendant cette extension nécessaire. Pourquoi vers la colline Sud-Ouest? Parce que c’est la seule direction possible à l’époque puisque l’esplanade du temple occupe la portion Nord et qu’il n’est pas question de passer au Sud ou à l’est de l’Ophel, les escarpements rendant ces secteurs inaccessibles. Cette proposition concernant le secteur sud-ouest se verra confirmée par l’extension de la ville au cours du 8e siècle.

carte

Jérusalem à l’époque d’Ézéchias

     L’extension de la ville est clairement identifiable vers la fin du 8e siècle alors que le roi Ézéchias doit affronter les troupes assyriennes venues prendre possession de la Judée. Des fouilles menées entre 1977 et 1988 (des fouilles à la fin du 19e siècle y avaient aussi été menées) dans le secteur sud-ouest de l’actuelle muraille (mont Sion) ont révélé la présence de plusieurs murs superposés dont le plus ancien remonterait à l’époque israélite (période du Fer II). Des poteries retrouvées dans les fouilles permettent de confirmer cette datation. Il faut donc en conclure qu’un mur de ville se trouvait dans ce secteur avant la période néo-testamentaire. De plus, d’autres fouilles entreprises dans le quartier juif, également dans ces années, ont révélé la présence d’un mur très épais et d’une porte de ville à proximité de la rue de David, dans l’axe ouest-est donc, dans la portion septentrionale de la colline Sud-Ouest. Il s’agit très certainement du mur construit par Ézéchias pour protéger la ville contre l’assaut éventuel des troupes assyriennes qui viennent l’assiéger en 701. Ces données permettent donc de proposer un tracé qui englobe l’Ophel, traverse le Tyropéon au sud de l’Ophel, monte la colline Sud-Ouest jusqu’à la Géhenne, suit cette vallée jusqu’à la vallée transversale (rue de David) pour alors bifurquer vers l’Est et suivre la rue de David jusqu’à l’esplanade du temple. C’est la ligne orangée du plan, qu’il faudrait raccorder à l’esplanade au bout oriental de la rue de David. Remarquez la courbe du mur quand il tourne depuis l’Ouest vers la rue de David. Nous aurons l’occasion de revoir ce mur courbé quand nous parlerons de la citadelle. La porte de l’époque d’Ézéchias est également représentée par une ouverture dans le mur nord de la rue de David. On peut donc dire que Jérusalem, de l’époque d’Ézéchias à la prise de la ville par les Babyloniens en 587, couvre tout l’Ophel, la colline du temple et la colline Sud-Ouest.

La destruction

     La prise de Jérusalem par Nabuchodonosor et ses armées laisse la ville en ruines. Le temple est détruit, les murailles aussi, et une portion importante de la population est déportée en Exil vers la Babylonie. La ville reprendra, pour quelques décennies, les proportions qu’elle avait à l’époque de Salomon. Il n’est plus question d’occuper la colline Sud-Ouest. On se regroupe autour des anciens centres administratifs et religieux de l’Ophel, en espérant des jours meilleurs.

La reconstruction

     Lorsque Cyrus, roi des Perses, permet aux Israélites de retourner chez eux en 537, on reconstruit un temple modeste et, sous Néhémie, on refait les murailles. Il faudra cependant attendre la période hasmonéenne (durant la période hellénistique) pour que la colline Sud-Ouest soit à nouveau fortifiée et occupée par une population grandissante. Au 2e siècle avant l’ère commune, durant la révolte des Maccabées, Jérusalem a à peu près les mêmes proportions que la Jérusalem d’Ézéchias.

Robert David

Suite de la série :
Jérusalem à l’époque de Jésus

Article précédent :
L’Ascension : quand l’archéologie laisse la place à l’exégèse

 

 

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