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Archéologie
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chronique du 10 février 2017

 

Le Dôme du Rocher

Dôme du Rocher

Le Dôme du Rocher, aussi appelé injustement mosquée d’Omar (photo : Sébastien Doane)

L’édifice que l’on voit ci-dessus, et qui représente si bien Jérusalem, c’est le Dôme du Rocher. Ce n’est pas une mosquée à proprement parler, mais plutôt un lieu de mémorial. Mais qu’est-ce donc que ce fameux rocher dont on parle tant. Qu’a-t-il de si spécial pour qu’on le convoite autant, tant chez les Juifs que chez les Musulmans? Rien, si ce n’est qu’il attire à lui un tas de traditions religieuses qui se sont développées au cours des siècles. 

Certains considèrent que c’est sur ce rocher qu’Abraham aurait été sur le point de sacrifier Isaac. Le texte de Gn 22 dit qu’Abraham s’est rendu sur le mont Moriah. On ne sait pas où se trouve ce mont Moriah, mais la tradition l’a localisé ici, où devait être construit le temple de Jérusalem (2 Ch 3,1).

D’autres considèrent que c’est sous ce rocher qu’Arauna conservait ses récoltes et que c’est cette aire que David aurait achetée pour y faire construire le temple de Jérusalem (2 S 24,16-24). Le rocher sera donc longtemps associé au temple, même si on ne sait pas exactement où il se trouvait sur l’esplanade. Il n’est pas impossible que ce rocher ait servi d’autel des sacrifices à l’époque du second temple. Quant à sa présence dans le temple de Salomon, là, c’est une autre histoire. Des thèses diverses s’affrontent à propos de son emplacement précis. On ne saura sans doute jamais la réponse exacte à cette question, Hadrien ayant fait raser la place en 135 de notre ère. Même ce rocher, on le voit bien quand on l’observe de haut, comme sur la photo, a servi de carrière pour la construction de divers édifices dans la ville.

Dôme du Rocher

Vue en plongée du rocher (photo : Internet)

Pour les Musulmans, le rocher est associé à Abraham, certes, mais surtout à Mahomet. C’est de ce rocher qu’il serait monté au ciel. Comme dans l’église de la Nativité à Bethléem pour le rocher de la grotte de la naissance de Jésus, ou dans le Saint Sépulcre pour le rocher du Calvaire, on invite les pèlerins à toucher le rocher sur lequel on serait censé reconnaître la forme du sabot de Bouraq, la jument du Prophète (ou la main de l’ange Gabriel retenant le rocher qui tente de partir avec Mahomet !). Un petit édicule conserve aussi une relique du Prophète : un poil de sa barbe.

Ce rocher est percé sur le dessus. Ce trou donne sur une cavité, sous le rocher. Pour ceux qui pensent que le rocher était l’autel des sacrifices du temple de Jérusalem, cette cavité aurait servi à recevoir le sang des victimes. Pour les Musulmans, il représente le puits des âmes. C’est ici qu’elles seraient en attente du jugement dernier. (Petite parenthèse : la puissante odeur de pieds qui se dégage des tapis de cette minuscule cavité, où l’on peut descendre, enlèverait à toute âme le goût d’y passer plus de deux minutes !)

Dôme du rocher ou mosquée d’Omar ?

Le Dôme du Rocher (ou de la Roche) est habituellement appelé « mosquée d’Omar ». Or, cette construction n’est pas une mosquée, et elle ne remonte pas au calife Omar. Sur l’esplanade, la mosquée c’est el-Aqsa. C’est vers elle que les Musulmans viennent pour prier le vendredi. Le Dôme du Rocher est plutôt une sorte de chapelle, un monument commémoratif, qui protège le rocher vénéré qui se trouve en son centre. Ce qui n’exclut pas que des Musulmans puissent aussi venir y prier devant le mihrab orienté vers la Mecque. Mais ce n’est pas sa vocation première.

Le Dôme du Rocher a été construit par le calife Abd el-Malik. Commencée en 687, la construction s’est terminée en 691, ce qui en fait le plus vieil édifice religieux de tout l’Islam. Aujourd’hui encore, l’essentiel de sa décoration intérieure est originale, ce qui offre aux historiens de l’art des exemples clairs de l’art omeyyade tel qu’il se pratiquait au 7e siècle.

Dôme du Rocher

Vue en plongée montrant la forme octogonale de la construction (photo : Bible.ca)

Une structure parfaite

Ce qui frappe avec le dôme du Rocher c’est le sentiment de perfection qui se dégage de ses dimensions. Tout a été calculé pour s’agencer au rocher central. Un coup d’œil sur les plans vous permettra d’en apprécier la perfection mathématique. 

L’octogone obtenu par les murs extérieurs, que l’on voit bien de cet angle sur la photo plus haut (notez aussi que l’esplanade elle-même dessine un heptagone autour de l’édifice), est repris à l’intérieur par une série de huit piliers et seize colonnes qui forment un premier déambulatoire. Le tambour du dôme, quant à lui, repose sur quatre grands piliers qui forment un carré central parfait entre lesquels s’intercalent trois colonnes, pour un total de douze. On obtient ainsi un deuxième déambulatoire entre le premier, externe, et le rocher représenté par le cercle au centre. Les quatre portes de l’édifice sont orientées vers les quatre points cardinaux et s’ouvrent, à l’intérieur, directement sur la colonne au centre de chacun des côtés du carré central. Chaque mur extérieur a la même longueur (20,5 m) que le diamètre du tambour central, et le tout entre dans un cercle extérieur parfait dont le centre est le milieu du rocher.

Dôme du Rocher

Le plan (celui de gauche) montre la convergence des hauteurs et des angles vers le centre d’un cercle fictif. Ce dernier tient dans un carré central formé par la hauteur du plancher jusqu’au début de la coupole, et par la distance entre les colonnes qui supportent le tambour. Ce cercle offre la même proportion en hauteur que celle qui était représentée par le cercle central sur le plan de droite.

Même quelqu’un qui n’est pas très familier avec les dessins d’architectes comprendra, en voyant ceci, que nous avons affaire à une construction extrêmement bien conçue, par laquelle on a cherché un équilibre parfait. C’est sans doute pourquoi on ressent, sans le savoir, cette harmonie au contact de cette construction.  Et, pour ajouter à ce sentiment, la décoration vient combler le regard qui, où qu’il se porte, se trouve envahi par l’équilibre, la finesse et le bon goût. Vraiment, une expérience étonnante, mystique. 

Dôme du Rocher

Vue extérieure (photo : Sébastien Doane)

L’extérieur du Dôme du Rocher

Il ne reste rien de la décoration extérieure originale du dôme du Rocher. Des textes anciens signalent que la partie du bas était recouverte de marbre et, la partie du haut, de mosaïques aux motifs végétaux. Malheureusement, les intempéries ont eu raison de ces mosaïques. C’est pourquoi Soliman le Magnifique les fit remplacer en 1545 par des tuiles, plus susceptibles de braver la température de Jérusalem où il pleut, fait froid et neige parfois. Ces tuiles, qui devaient être permanentes, seront elles-mêmes remplacées par les autorités jordaniennes entre 1956 et 1962 pour y apposer les tuiles que nous voyons aujourd’hui. Heureusement, les motifs de cette dernière restauration respectent ceux de l’époque ottomane.

Trois éléments ressortent de la décoration extérieure. D’abord les plaques de marbre de la section inférieure. L’agencement des nervures dans le marbre et du découpage de ce dernier, forme des figures géométriques diversifiées qui se répondent comme en miroir sur une même façade.

Dôme du Rocher

Vue extérieure (photo : Sébastien Doane)

La partie médiane, ainsi que le tambour sous la coupole, sont fait de tuiles en faïence perse.  Les seules couleurs autorisées, bleu vert et jaune, s’agencent les unes par rapport aux autres dans des motifs géométriques qui privilégient les losanges et les carrés. Les arabesques, qui font tout le tour supérieur de la partie du bas, reprennent le récit de la sourate XVII du Coran intitulée « Le voyage nocturne  de Mahomet ». Au moins quatre lignes de texte se chevauchent, formant un entrelacement qui donne l’impression de dentelles.

La coupole, originellement en or pur, est maintenant faite d’aluminium anodisé.  Ses dimensions sont d’environ 20 m de diamètre par 10 m de hauteur.

Robert David

Article précédent :
Le Temple de Jérusalem

 

 

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